Elle a été popularisée au début du XXe siècle par l’exploratrice Alexandra David-Néel dans son récit de voyage, « Mystiques et magiciens du Tibet » (1929)
« Par une nuit d'hiver où la lune brille, ceux qui se croient capables de subir victorieusement l'épreuve, se rendent, avec leur maître, sur le bord d'un cours d'eau non gelé (…) Les candidats au titre de Repa, complètement nus s'assoient sur le sol, les jambes croisées. Des draps sont plongés dans l'eau glacée, ils y gèlent et en ressortent raides. Chacun des disciples en enroule un autour de lui et doit le dégeler et le sécher sur son corps. Dès que le linge est sec, on le replonge dans l'eau et le candidat s'en enveloppe de nouveau. L'opération se poursuit, jusqu'au lever du jour. Alors celui qui a séché le plus grand nombre de draps est proclamé le premier du concours ».
Dans un autre récit, «Voyage d’une Parisienne à Lhassa », Alexandra David-Née insiste sur le fait que que les moines adeptes du toumo ne le pratiquent qu’au sommet de montagnes « dignes de ce nom » pour des Tibétains, donc au minium à 4000 mètres d’altitude. Elle affirme avoir elle-même employé le toumo une nuit alors qu'elle n'avait plus de feu.
A l’époque, son témoignage n’a pas été pris au sérieux, mais depuis quelques décennies les études scientifiques se multiplient, et il semble que le toumo ne soit pas une supercherie.
Le Français Maurice Daubard est connu pour enseigner le toumo. En 2007, il s’est livré à une expérience scientifique en Finlande via des capteurs : http://www.mauricedaubard.com/finlande_en_mars_2007.htm
« Au début de l’épreuve, la température de Maurice Daubard était de 37,4°. Au bout d’une heure, les scientifiques ont demandé à Maurice Daubard s’il acceptait de rester 10 minutes de plus afin de voir jusqu’où descendrait finalement sa température interne et constater ainsi avec exactitude temporelle l’apparition de l’hypothermie. Maurice Daubard a accepté de se livrer aux 10 minutes complémentaires, sa température a descendu uniquement à 36,9°. Les scientifiques furent très étonnés, d’une part d’observer une très faible descente de l’hypothermie, sans aucun changement du débit cardiaque, et d’autre part que la tension artérielle fut la même du début à la fin de l’expérience. Les scientifiques allèrent d’étonnement en étonnement car le corps de Maurice Daubard était bouillant donc très chaud, ce qui, pour eux, était incroyable. De plus, une fois rentré à l’intérieur du chalet, aucun frisson thermique n’émanait de Maurice Daubard ».
En 1982 une étude initiée par Herbert Benson et d’autres scientifiques, réalisée sur des moines bouddhistes en Inde, a montré qu'ils étaient capables d'augmenter la température de leurs doigts de mains et de pieds de 8,3 degrés. https://www.nature.com/articles/295234a0
En 2002 une expérience menée par un chercheur de Harward, Herbert Benson, aurait montré qu'un moine bouddhiste pratiquant le toumo produit suffisamment de chaleur pour sécher, dans une chambre froide, un linge froid et humide posé sur ses épaules. https://news.harvard.edu/gazette/story/ ... peratures/
En 2013, une étude par l’équipe de Maria Kozhevnikov analyse l'augmentation de la température du corps en fonction du type de pratique (respiration et visualisation)
https://journals.plos.org/plosone/artic ... ne.0058244
Ce qui est intéressant, c’est que le toumo a visiblement inspiré des occidentaux. C’est le cas de Wim Hof, surnommé « Ice Man ». Il a battu plusieurs records Guinness d'exposition au froid extrême et a développé dans les années 2000 une méthode de méditation et de maîtrise de la respiration dite « méthode Wim Hof ». Il a battu 20 records du monde grâce à cette capacité :
En 2002, il reste 6 min 20 s en apnée sous la glace polaire.
En 2004, aux Pays-Bas, il reste 1 h 08 min dans un tube rempli de glace.
En janvier 2007, il participe à un semi-marathon (21 km) sur le cercle polaire, en Finlande, pieds nus et en short.
Il a grimpé le mont Blanc en short afin de se préparer à l'ascension de l'Everest.
En mai 2007, il tente l'ascension de l’Everst en tong et short mais doit renoncer à 7 400 m du fait de ses orteils gelés.
Le 26 janvier 2008, à New York, il reste 72 minutes dans un conteneur translucide rempli de glace, battant ainsi son record de 2004 de 68 minutes.
« Wim Hof prétend avoir développé le contrôle de son corps et avoir une concentration extrêmement élevée de graisse brune, que l'être humain développe dans les environnements très froids. Selon lui, lorsque la graisse brune est activée, les mitochrondies entrent dans la circulation sanguine et modifient un peu le métabolisme de la graisse blanche pour générer de la chaleur.
Il prétend aussi pouvoir contrôler son système immunitaire.
Wim Hof s'est prêté à de multiples études scientifiques afin d'expliquer et comprendre les causes de sa résistance au froid. En 2018, une étude de neuroimagerie menée par une équipe de la Wayne State University a permis d'observer la réaction neurologique de Wim Hof à l'exposition à des températures glaciales. L'étude montre que la température de la peau de Hof est régulée volontairement, ce qui est inhabituel et explique la résistance aux gelures ; l'équipe a aussi pu observer que l'activité de son système nerveux lympathique, normalement autonome et non régulé consciemment, a augmenté lorsqu'exposé au froid et que les muscles intercostaux consommaient beaucoup plus de glucose qu'en situation normale. La consommation de glucose se traduisant par une production calorifique, l'air passant dans les poumons se réchaufferait avant d'entrer dans le sang ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wim_Hof
Je trouve que c’est un bel exemple de rencontre entre science et spiritualité, avec des allers-retours passionnants

"Notable de son village, Lobsang Tenzin est arrêté par les Chinois lors du soulèvement tibétain de 1959 et emprisonné.
Il apprit seul la pratique de toumo, dite de la chaleur interne, en méditant dans une grotte dans les hauteurs de Dharamsala, où la température est de 16 degrés.
Il eut la vision d'une lumière intense, résultat de sa pratique, et découvrit une sensation de forte chaleur interne dont il put contrôler le mouvement, et devint insensible au froid.
Il poursuivit cette pratique durant un an, aboutissant à un état de félicité durable.
Au début des années 1980, à plus de 40 ans, le 14e dalama lui conseilla de faire du toumo sa pratique principale. Il va trouver le khyentsé-lama de Manali qui l'enseigne à des disciples en utilisant la technique du drap mouillé. D'un mètre sur deux, plongé dans l'eau froide et dégoulinant, les moines s'en couvrent le corps presque nu et méditent. Une vapeur apparaît en 3 à 5 minutes, et le drap est asséché en 45 minutes. Les moines répètent l'opération trois fois par nuit, parfois à une température inférieure à 0 degrés.
Le Dr Herbert Benson de l’université Harvard a invité pour l'examiner à Boston aux USA en 1985 accompagné d'un traducteur, Karma Guéleg.
Se demandant comment un résistant tibétain avait pu développer cette capacité, Victor Chan obtint une explication de Karma Guéleg. En prison, Lobsang Tenzin eut deux prises de conscience. D'une part, il comprit que sa souffrance dans les geôles chinoises résultait d'un lien karmique du fait des atrocités qu'il leur avait infligées. D'autre part, il comprit que s'il réagissait par la haine et le désir de vengeance, il deviendrait fou. Ne pouvant contrôler les tortures, les souffrances physiques que lui infligeaient les Chinois, il adopta une attitude neutre, voire positive envers ses bourreaux, ce qui lui permit de dormir, son esprit lui offrant un refuge. Il sublima sa haine en pardonnant aux Chinois, développant même une réelle compassion à leur égard. Pour Karma Guéleg, le pardon qui l'aida à survivre en prison sans trop de dommage psychologique lui permit d'accélérer sa progression spirituelle".
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lobsang_Tenzin_(ermite)
Et vous, qu’en pensez-vous ?