Féminisation des noms de métiers

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LoutredeMer
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Féminisation des noms de métiers

#1

Message par LoutredeMer » 30 oct. 2023, 17:15

Salut :)

je suis tombée sur cette page québecoise qui me semble tout à fait juste et cohérente , la tendance générale étant de transformer le -eur en -euse. Exemple : chercheur - chercheuse. Et de privilégier les formes -euse et -trice sur -eure.

Or, chez nous, c'est le -eure qui est préconisé : chercheure, professeure, ... ce qui maintient à l'audition une forme masculinisante donc ambigüe et déformante, ce que je trouve dérangeant.

Nous sommes aussi précédés dans le temps par la Suisse et la Belgique sur le sujet.

Il est heureux que l'usage et les media (et certains gouvernements) aient shunté la façon rétrograde dont l'Académie Française voyait ces transformations en 2014 (c'était "non" et elle se plaignait entre autre de barbarismes) qui en appelait entre autre à "la fonction" en cas de mandataire public, le masculin faisant état de neutre et englobant donc le féminin. Mouais...

L'académie a donc bien dû céder en 2019 (se pliant aussi aux décisions du 1er ministre de 2017)... Ouf!

Les noms comme autrice, inspectrice, sont entrés dans l'usage. Pour les noms en -e, c'est plus facile mais il est alors indispensable de faire l'accord de l'article devant le nom de métier : "le" ou "la". Non mais. :)

A noter qu'en 1935, elle a cependant admis dans la 8e édition de son Dictionnaire (1935) artisane, postière, aviatrice, pharmacienne, avocate, bûcheronne, factrice, compositrice, éditrice et exploratrice.

Evidemment, parfois c'est un peu délicat : Mme la procureuse, une entrepreneuse, peuvent prêter à confusion. Et concernant "médecin", c'est compliqué : la médecine ne convenant pas et la médecin, conférant une sonorité bizarre ainsi qu'une masculinisation. Dans ce cas je préfère la doctoresse. Mais il paraît que le suffixe -esse est désuet... Moi je l'aime bien.

Bien sûr, en anglais c'est beaucoup plus simple. Pas d'accords de genre aux adjectifs et uniformisation fréquente : "everybody" pour tous et toutes, tout.e.s, "they" pour ils et elles etc. Et un genre neutre, comme pour l'allemand, qui uniformise aussi parfois : "alle", "sie".

Synthèse et détails sur Wikipedia
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Re: Féminisation des noms de métiers

#2

Message par Florence » 30 oct. 2023, 18:11

LoutredeMer a écrit : 30 oct. 2023, 17:15 Or, chez nous, c'est le -eure qui est préconisé : chercheure, professeure, ... ce qui maintient à l'audition une forme masculinisante donc ambigüe et déformante, ce que je trouve dérangeant.
Toujours lu ou entendu chercheuse, jamais "chercheure". Entendu plusieurs fois "professoresse", un peu lourd …

Nous sommes aussi précédés dans le temps par la Suisse et la Belgique sur le sujet.
… "la fonction" en cas de mandataire public, le masculin faisant état de neutre et englobant donc le féminin. Mouais...
un bon compromis dans bien des cas, mais souvent lourd (Mme XXX, Docteur en y, Mme WWW, médecin, …)
Les noms comme autrice,


Beurk, ça sonne vraiment mal.

Et p our médecin, il suffit d'utiliser "toubib" ;)
Mais il paraît que le suffixe -esse est désuet... Moi je l'aime bien.
Maître, maitresse … pense aux sous-entendus qui vont avec.


Et puis il y a terrassier et terrassière *










* Dans "Rue Panse-Bougre" de Jacques Faizant, un gamin, ayant entendu des adultes parler d'un couple interlope, explique à ses parents que la femme était terrassière, elle avait fait le trottoir de la rue Caumartin pendant plus de 10 ans et a dû arrêter pour cause de maladie X, les parents, d'abord un peu inquiets puis rassurés de réaliser que les gosses n'ont pas compris de quoi il s'agissait, confirment qu'il s'agit d'une maladie qui frappe régulièrement les ouvriers des TP, surtout que la rue Caumartin est très longue ;)
"As democracy is perfected, the office of President represents, more and more closely, the inner soul of the people. On some great and glorious day, the plain folks of the land will reach their heart's desire at last and the White House will be adorned by a downright moron." - H. L. Mencken

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Re: Féminisation des noms de métiers

#3

Message par Lambert85 » 30 oct. 2023, 18:45

Faut pas compter sur l'académie française, ça fait des années qu'ils ne sont plus au complet, ils meurent plus vite qu'ils ne nomment ! Il n'y a quasi aucun spécialiste en linguistique parmi eux.
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Re: Féminisation des noms de métiers

#4

Message par LoutredeMer » 30 oct. 2023, 19:42

Florence a écrit : 30 oct. 2023, 18:11 Toujours lu ou entendu chercheuse, jamais "chercheure".
Parfois si, malheureusement. J'avais un peu tiqué mais occupée par le sujet d'un fil j'avais copié collé le commentaire d'une vidéo, pris sur le site web de la très officielle chaîne TV parlementaire de l'Assemblée et du Sénat, LCP :
Pour en débattre, Jean-Pierre Graiten reçoit Michaël PRAZAN, réalisateur du documentaire et Anne-Lorraine BUJON, directrice de la rédaction de la revue Esprit, chercheure associée à l'IFRI sur les questions d'histoire politique et culturelle des Etats-Unis.
.
Et pour médecin, il suffit d'utiliser "toubib" ;)
Plutôt la toubibe :a2:

Maître, maitresse … pense aux sous-entendus qui vont avec.
Oui, mais pourtant largement utilisé par tous les enfants de France et beaucoup de parents, sans polémique. Quant aux autres... d'accord. Par contre, "institutrice" convient parfaitement.

----------

A propos des hommes qui exercent le métier de sages-femmes :
En France, le terme sage-femme est utilisé pour les deux sexes par l’Assemblée nationale à la suite d’une consultation de nombreux linguistes et professionnels de la santé, et le terme maïeuticien est recommandé par l’Académie française, aucune de ces deux entités ne recommande sage-homme mais il est dans l’usage[1][2][3]. On retrouve aussi les variantes homme sage-femme ou sage-femme homme, et le terme accoucheur pour désigner l’homme exerçant ce métier[3].
https://fr.wiktionary.org/wiki/sage-homme
-----------

Pour celles et ceux qui veulent en savoir plus :

https://www.culture.gouv.fr/content/dow ... er_def.pdf
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Re: Féminisation des noms de métiers

#5

Message par Florence » 30 oct. 2023, 20:27

LoutredeMer a écrit : 30 oct. 2023, 19:42
A propos des hommes qui exercent le métier de sages-femmes :
En France, le terme sage-femme est utilisé pour les deux sexes par l’Assemblée nationale à la suite d’une consultation de nombreux linguistes et professionnels de la santé, et le terme maïeuticien est recommandé par l’Académie française, aucune de ces deux entités ne recommande sage-homme mais il est dans l’usage[1][2][3]. On retrouve aussi les variantes homme sage-femme ou sage-femme homme, et le terme accoucheur pour désigner l’homme exerçant ce métier[3].
https://fr.wiktionary.org/wiki/sage-homme
Historiquement, sage-femme et accoucheur ne sont aucunement équivalents, la première étant une femme expérimentée mais sans formation médicale ni même infirmière, le second un médecin spécialisé, un proto-gynécologue si l'on veut, dont seules les couches aisées de la société pouvaient s'offrir les soins (qui n'étaient d'ailleurs la plupart du temps pas mieux, et souvent pires, que ceux d'une bonne sage-femme).

Je ne suis pas certaine que récupérer le terme soit une bonne idée, mais sage-homme ou sage-femme homme sont franchement calamiteux :roll:
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Re: Féminisation des noms de métiers

#6

Message par nikola » 30 oct. 2023, 20:38

C’est toujours mieux que doula.
L’homme descend du singe, or l’homme est fait à l’image de Dieu. Donc Dieu est King Kong.

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Re: Féminisation des noms de métiers

#7

Message par Florence » 30 oct. 2023, 21:07

nikola a écrit : 30 oct. 2023, 20:38 C’est toujours mieux que doula.
Douh-la-la oui !
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Re: Féminisation des noms de métiers

#8

Message par thewild » 30 oct. 2023, 22:05

Je vous laisse savourer (et pour la plupart probablement découvrir) cette pépite méconnue.
On est parfaitement dans le thème.
Quand derrière la grossièreté se cache le satyre la satire sociale, Fatal Bazooka "C'est une pute"
"Assurons nous bien du fait, avant de nous inquiéter de la cause." Bernard Le Bouyer de Fontenelle

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Re: Féminisation des noms de métiers

#9

Message par jean7 » 31 oct. 2023, 00:31

Sur un formulaire, dans la case "métier", il n'y a aucune raison d'écrire autre chose que le nom du métier. Nom qui n'a aucune raison de varier du féminin au masculin...

Il était peut-être préférable de disqualifier le raccourci "je suis plombier" pour dire "j'exerce le métier de plombier"...
Enfin bon, quelques nouveaux mots qui grattouillent les vieilles oreilles, ce n'est pas un drame non plus.
:D
Le libre arbitre est à la causalité ce que le corps est à la physique

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Re: Féminisation des noms de métiers

#10

Message par 86lw » 31 oct. 2023, 09:29

LoutredeMer a écrit : 30 oct. 2023, 19:42
Maître, maitresse … pense aux sous-entendus qui vont avec.
Oui, mais pourtant largement utilisé par tous les enfants de France et beaucoup de parents, sans polémique. Quant aux autres... d'accord. Par contre, "institutrice" convient parfaitement.
Je me trompe peut-être, mais il me semble qu'aujourd'hui "maîtresse" évoque largement plus souvent une enseignante du primaire qu'une femme engagée dans une relation en dehors des liens sacrés du mariage :lol: ( franchement, ce sens précis me semble largement suranné)

Quant aux "instits", -uteurs ou -utrices, il n'y en a plus*. Ne restent que des professeurs et des professeuses? professeures? professeuresses?

Bon, c'est compliqué. On ne peut guère compter sur l'Académie. Son dernier coup d'éclat a été d'imposer LA covid au prétexte que disease=maladie, donc féminin**. J'imagine que cette brillante idée est apparue au cours d'UNE week-end trop arrosée...

Comme le souligne parfois Monté de Linguisticae, c'est en général l'usage qui fait l'arbitre. Reste qu'il faut trouver des formes faciles à utiliser et retenir.
L'usage aidant, instituteur/institutrice ne faisaient pas problème, alors que pour maÏeuticien/maïeuticienne, ça me semble moins bien parti...

* Ils sont devenus profs, alors qu'il m'aurait semblé préférable de garder le nom et de changer pour le mieux salaires et conditions de travail...
** au moment de cette intervention des sub-claquants à épée, l'usage était déjà le masculin. Il a fallu des années avant de se décider à donner en alternance des prénoms masculins aux tempêtes et dépressions éventuellement catastrophiques, on pouvait se passer de féminiser de force l'appellation de cette maladie. D'autant plus que la distinction masculin/féminin est rare en anglais.
Les illusions que l'on perpétue sont quelque part des mensonges. Mireille.

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Re: Féminisation des noms de métiers

#11

Message par Florence » 31 oct. 2023, 11:54

86lw a écrit : 31 oct. 2023, 09:29
Je me trompe peut-être, mais il me semble qu'aujourd'hui "maîtresse" évoque largement plus souvent une enseignante du primaire qu'une femme engagée dans une relation en dehors des liens sacrés du mariage :lol: ( franchement, ce sens précis me semble largement suranné)
Oui et non. Dans le cadre strictement scolaire, la plupart des élèves du primaire et la majorité de leurs parents ignorent le sens insultant de "maitresse", mais je te garantis qu'il est largement utilisé contre les enseignantes en cas de litige, une des raisons pour lesquelles il a été supprimé (une des autres étant le lien avec les relations d'autorité/domination qu'il implique, au masculin comme au féminin).
Quant aux "instits", -uteurs ou -utrices, il n'y en a plus*. Ne restent que des professeurs et des professeuses? professeures? professeuresses?
"Professeure des écoles". A rapprocher de "technicien de surface" en remplacement de "nettoyeur", des titres ronflants pour cacher le mépris envers ces professions, l'absence de reconnaissance du service rendu à la communauté et comme tu le soulignes, l'absence de revalorisation salariale.

Bon, c'est compliqué. On ne peut guère compter sur l'Académie. Son dernier coup d'éclat a été d'imposer LA covid au prétexte que disease=maladie, donc féminin**. J'imagine que cette brillante idée est apparue au cours d'UNE week-end trop arrosée...
Comme pour "Walkman", invention et dénomination japonaises, transformé en "baladeur", sous prétexte de protéger le français de l'invasion anglo-saxonne, avec pour résultat un mot n'ayant pas davantage de signification que l'original ("Walkman" est typique de l'usage bizarre que font les japonais de mots étrangers).

L'académie française, comme beaucoup de féministes enragées, se préoccupe bien trop de détails périphériques au détriment du fond des problèmes (en ce cas un enseignement calamiteux des langues, françaises comme étrangères, qui favorise le galimatias et un niveau linguistique handicapant à l'international …)
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Re: Féminisation des noms de métiers

#12

Message par thewild » 31 oct. 2023, 12:33

Florence a écrit : 31 oct. 2023, 11:54
Bon, c'est compliqué. On ne peut guère compter sur l'Académie. Son dernier coup d'éclat a été d'imposer LA covid au prétexte que disease=maladie, donc féminin**. J'imagine que cette brillante idée est apparue au cours d'UNE week-end trop arrosée...
Comme pour "Walkman", invention et dénomination japonaises, transformé en "baladeur", sous prétexte de protéger le français de l'invasion anglo-saxonne, avec pour résultat un mot n'ayant pas davantage de signification que l'original ("Walkman" est typique de l'usage bizarre que font les japonais de mots étrangers).

L'académie française, comme beaucoup de féministes enragées, se préoccupe bien trop de détails périphériques au détriment du fond des problèmes (en ce cas un enseignement calamiteux des langues, françaises comme étrangères, qui favorise le galimatias et un niveau linguistique handicapant à l'international …)
Je pinaille un peu, mais c'est la Commission d'enrichissement de la langue française (et plus précisément les groupes d'experts dirigés par cette commission) et non pas l'académie qui propose les néologismes.
L'académie en est membre permanent et valide les néologismes proposés, mais ce n'est pas elle qui les propose.

Ceci dit, "baladeur" a plutôt bien fonctionné, tout comme "ordinateur". Parfois ils font n'importe quoi, et parfois c'est pas mal. Au final, c'est toujours l'usage qui prime évidemment.
Quant à savoir si les deniers publics pourraient être mieux dépensés ailleurs... joker !
Dernière modification par thewild le 31 oct. 2023, 13:46, modifié 1 fois.
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Re: Féminisation des noms de métiers

#13

Message par Lambert85 » 31 oct. 2023, 13:03

En France, le Sénat a voté lundi pour une interdiction très large de l'écriture inclusive après des discussions animées, encouragé par Emmanuel Macron qui a dit craindre de voir la langue française "céder aux airs du temps".

Son périmètre est grand: elle prévoit en effet de bannir cette pratique "dans tous les cas où le législateur (et éventuellement le pouvoir réglementaire) exige un document en français", comme les modes d'emploi, les contrats de travail, les règlements intérieurs d'entreprise.
Sont également visés les actes juridiques, qui seraient alors considérés comme irrecevables ou nuls si le texte venait à devenir loi, ce que rien n'assure actuellement car son inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale est loin d'être garantie. :lol:
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Re: Féminisation des noms de métiers

#14

Message par Florence » 31 oct. 2023, 13:32

thewild a écrit : 31 oct. 2023, 12:33
Florence a écrit : 31 oct. 2023, 11:54L'académie française, comme beaucoup de féministes enragées, se préoccupe bien trop de détails périphériques au détriment du fond des problèmes (en ce cas un enseignement calamiteux des langues, françaises comme étrangères, qui favorise le galimatias et un niveau linguistique handicapant à l'international …)
Je pinaille un peu, mais c'est la La Commission d'enrichissement de la langue française (et plus précisément des groupes d'experts dirigés par cette commission) et non pas l'académie qui propose les néologisme.
L'académie en est membre permanent et valide les néologismes proposés, mais ce n'est pas elle qui les propose.
Merci de la précision.
Ceci dit, "baladeur" a plutôt bien fonctionné, tout comme "ordinateur".


Je n'ai jamais entendu ni lu "baladeur" dans un usage courant (= hors documents officiels ou mode d'emploi), toujours "Walkman", dont la traduction serait "marcheur", ce qui n'est guère descriptif de l'appareil, tout comme "baladeur". Cette traduction montre combien la commission susmentionnée était totalement ignorante du processus linguistique typiquement japonais qui a conduit au terme "Walkman", à savoir un usage de mots étrangers faisant office de raccourci *, le plus souvent à côté de sa réelle signification dans la langue originale, fréquemment une fonction s'apparentant aux acronymes chez nous.

"Ordinateur", par contre, existait déjà dans la langue française en tant qu'adjectif pouvant s'appliquer à la fonction de la machine que le substantif désigne : Adj., vieilli. Qui ordonne, dispose, met en ordre. http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/ ... 98465;?b=0;


* par exemple le mot français "Avec", utilisé comme substantif, désigne un amoureux, un amant ;)
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Re: Féminisation des noms de métiers

#15

Message par LoutredeMer » 31 oct. 2023, 14:07

86lw a écrit :Je me trompe peut-être, mais il me semble qu'aujourd'hui "maîtresse" évoque largement plus souvent une enseignante du primaire qu'une femme engagée dans une relation en dehors des liens sacrés du mariage :lol:
Je le pensais aussi mais non. A mon grand étonnement, quand j'étais professeuse professeure prof enseignante, lors d'une soirée chez des amis, j'ai dû supporter un type bien lourd qui n'avait de cesse de m'appeler "la maîtresse" avec des regards entendus...

thewild a écrit : On est parfaitement dans le thème.
Quand derrière la grossièreté se cache le satyre la satire sociale, Fatal Bazooka "C'est une pute"
Oui c'est bien vu. Michaël Yun est parfois plus subtil qu'il n'en a l'air.

86lw a écrit :Il a fallu des années avant de se décider à donner en alternance des prénoms masculins aux tempêtes et dépressions éventuellement catastrophiques, on pouvait se passer de féminiser de force l'appellation de cette maladie [LE covid]
Je te laisse imaginer comme j'ai tempêté dans les deux cas... :a2:

---------

Suivant le référentiel que j'ai cité plus haut, je vous laisse apprécier :
metteure en scène, dépanneuse, cafetière, jardinière, entraîneuse, perforatrice, glacière, une censeure, une réviseure, une gouverneure, une sculpteure :D .
On se moque, mais il est clair que ce n'est pas toujours simple.

---------

Les causes de la désuétude du suffixe -esse en France :
C’est la littérature satirique du Moyen Âge jusqu’au XVIe s. qui, raillant les femmes et les couvents de femmes ou parodiant le langage juridique par des créations facétieuses en -esse et en -eresse, a porté le coup de grâce à ces deux suffixes.

Ainsi une asnesse est une « fille de mauvaise vie » (Le Caquet des bonnes Chamberieres), une diablesse une « femme perfide » (Farce des Pauvres diables). Rabelais, dans le Cinquième livre, affuble des oiseaux femelles des noms de «Clergesses, Monagesses, Prestregesses, Abbegesses, Evesgesses, Cardingesses, Papegesse » ; dans Pantagruel il crée des noms de métiers méprisables : « revenderesse d’oignons », « espouilleresse de bellistres ».
https://www.culture.gouv.fr/content/dow ... age=fre-FR
-------
Florence a écrit : Professeure des écoles". A rapprocher de "technicien de surface" en remplacement de "nettoyeur", des titres ronflants pour cacher le mépris envers ces professions, l'absence de reconnaissance du service rendu à la communauté et comme tu le soulignes, l'absence de revalorisation salariale.
Oui, alors qu'instituteur-trice c'est tellement simple et explicite.

.
Lambert85 a écrit : 31 oct. 2023, 13:03 En France, le Sénat a voté lundi pour une interdiction très large de l'écriture inclusive après des discussions animées, encouragé par Emmanuel Macron qui a dit craindre de voir la langue française "céder aux airs du temps".
Oui, il se réfère au "neutre qui l'emporte sur le féminin". Ce qui est déjà un peu mieux que "le masculin l'emporte sur le féminin". Il ne reste plus qu'à l'enseigner rapidement dans les écoles.
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Re: Féminisation des noms de métiers

#16

Message par PhD Smith » 31 oct. 2023, 16:30

LoutredeMer a écrit : 31 oct. 2023, 14:07Oui, il se réfère au "neutre qui l'emporte sur le féminin". Ce qui est déjà un peu mieux que "le masculin l'emporte sur le féminin". Il ne reste plus qu'à l'enseigner rapidement dans les écoles.
Entièrement d'accord. Techniquement ça ne change rien, mais le "neutre" est satisfaisant.
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