J'ai dégagé quelques aspects des causes de la crise en Nouvelle-Calédonie, ponctuée actuellement par de graves émeutes et la mise en place d'un état d'urgence.
- Le déclencheur est la décision de l'Etat de dégeler les votes de 25 000 calédoniens, à savoir ceux qui vivent depuis plus de 10 ans sur l'archipel, ce qui va à l'encontre des accords de 1998 renforçant les accords de Matignon de 1988, visant à l'apaisement par la décolonisation progressive, alors que cette décision attise la colère par une recolonisation selon les autochtones et indépendantistes.
Deux positions s’opposent désormais. D’un côté, celle des habitants plus récents de l’archipel, qui rappellent qu’en République française, une personne égale une voix. Et de l’autre, celle du peuple autochtone indépendantiste kanak, qui estime que cette réforme va réduire son poids électoral et le marginaliser davantage, alors que ses membres sont les seuls à avoir été colonisés, et qu’ils représentent plus que 40 % de la population du territoire." https://reporterre.net/Nouvelle-Caledon ... s-tensions
Déclencheur qui ne fait qu'attiser les causes profondes comme :
- le 3ème référendum de 2021 sur l'indépendance, boycotté par les indépendantistes et donc favorisant le non à 96,5%, alors que les deux premiers passaient à peine, à 56% pour le 1er et 53% pour le 2ème. La cause du boycott était que l'Etat n'a pas laissé le temps au Kanaks d'enterrer leurs morts du Covid.
- Une inégalité économique et sociale ethnique flagrante entre Kanaks et Européens implantés (salaires inférieurs et taux de pauvreté plus élevé pour les Kanaks).
- La crise du nickel en très forte hausse (en faveur de l'Indonésie et malgré une proposition d'injection récente de l'état français de 200 millions d'euro -le "pacte nickel " de 2023-) à cause de l'explosion des coûts, alors que la Nouvelle-Calédonie est 3ème producteur et exportateur du monde (avec 30%) et que 25% des salariés de l'archipel en vivent, avec, en fond, la volonté de l'état français d'investir pour la voiture électrique avec les batteries au nickel. La Chine est productrice de batteries au lithium, ce qui rendrait obsolètes celles au nickel, ce qui fait penser qu'il faudrait rester axé sur la transformation vers l'acier inoxydable pour rebooster cette production de nickel calédonienne.
Le pacte a été qualifié de recolonialiste par les indépendantistes car :
Mais :Le pacte affiche clairement la couleur : la France a besoin du nickel calédonien pour produire des batteries de voitures électriques vendues en métropole, analyse pour Reporterre Christine Demmer, anthropologue au CNRS. On sort complètement du modèle consistant à ce que la rente minière profite à la Nouvelle-Calédonie, pour son propre développement. » Selon la chercheuse, le pacte est donc bien une forme de « recolonisation » du territoire.
Cependant :Il n’y a aucun retrait de souveraineté, aucun ! Il faut arrêter de dire n’importe quoi, parce qu’après les militants sur le terrain disent : “L’État veut nous voler notre nickel.” C’est lunaire », répond dans Le Monde Sonia Backès, cheffe de file des loyalistes (ceux qui ne souhaitent pas l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie) et ancienne secrétaire d’État dans le gouvernement d’Élisabeth Borne.
Autre difficulté de ce pacte :Le député calédonien non indépendantiste Nicolas Metzdorf (Renaissance) a toutefois déposé une proposition de loi organique visant à restituer provisoirement la compétence du nickel à l’État français.
le ministre de l’Économie demande explicitement à la Nouvelle-Calédonie d’autoriser davantage d’exportations des minerais bruts. Les habitants de l’archipel, eux, estiment que la transformation du nickel doit se faire sur place pour conserver la valeur ajoutée — quand bien même l’extraction des mines est aussi une activité très polluante.
Et ce rejet de la population n’étonne pas l’anthropologue Christine Demmer :Cerise sur le gâteau, même les loyalistes rejettent la contribution de 66,7 millions d’euros demandée par l’État à la Nouvelle-Calédonie, qu’ils jugent trop élevée au vu de la dette du territoire.
« La méthode du gouvernement est très inhabituelle. Depuis la signature des accords de Matignon en 1988, c’est généralement la recherche de consensus qui prime, pas une décision unilatérale de l’État, et encore moins prise depuis Paris. »
Données démographiques :
According to the 2019 census, 41.2 percent of New Caledonia’s population identifies as Kanak and 24.1 percent as European (Politico) (Recensement de 2019 : 41,2% de Kanaks contre 24,1% d'Européens).
Sources :
https://reporterre.net/Nouvelle-Caledon ... s-tensions
Histoire et économie :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle-Cal%C3%A9donie
https://www.politico.eu/article/new-cal ... un-macron/
Où va le nickel calédonien ?
Edité sur la forme.