C'est trop facile de se rassurer en se disant que le bien existe vraiment, et que si on fait le bien on aura droit à une vie plus agréable après la mort.
Quant à me déculpabiliser, je n'en ai pas besoin, je suis amoral et j'ai toujours été totalement insensible au malheur des autres. 99% de l'humanité pourrait vivre en permanence des souffrances atroces, cela ne me dérangerait pas du tout, du moment que j'ai toujours la possibilité de boire, fumer et baiser.
Gene : "C’est peut-être ce que Hitler s’est dit (ainsi que tous les voleurs et criminels d’ailleurs)…"
Je m'en rend bien compte, et c'est justement pourquoi je vous disais que concernant la morale, à mon avis les criminels sont bien plus lucides que la plupart des gens.
Gene : "Et l’amour vous connaissez ? Allez-vous encore me dire que c’est relatif et que ça n’a pas de sens dans la réalité physique ?"
Si, je dirais même que c'est essentiellement physique (sauf pour ceux qui n'en ont pas les moyens).
Aux îles Samoa, au début du siècle (cf. "Moeurs et sexualité en océanie", de M. Mead), les indigènes avaient une conception de l'amour qui paraissait fort étrange aux visiteurs : chez eux le sexe, sous toutes ses formes, n'avait rien de tabou. Tout le monde avait plusieurs partenaires et baisait avec qui il avait envie, sans que se posent des questions de jalousie ou autre. Les enfants étaient élevés dans cette ambiance et beaucoup avaient déjà eu avant leurs 10 ans l'occasion de voir des adultes faire l'amour.
Par contre, ce qui était tabou, c'était la passion amoureuse. Celle-ci était considéré comme une forme de folie qu'il fallait proscrire.
Le résultat est que, d'après M. Mead qui les a longuement observés, les samoans étaient les êtres les plus calmes, doux et psychologiquement équilibrés qui soient au monde.
Je pense qu'ils avaient découvert le secret du bonheur. Je partage totalement l'idée que la passion est de nature pathologique, que la passion amoureuse relève de l'obsession plutôt que d'un "grand et beau" sentiment. Je trouve que l'on mène une vie beaucoup plus agréable avec des partenaires pour qui l'on a simplement du respect et de l'affection, sans pousser cela jusqu'à la névrose, en restant lucide par rapport à la nature de l'amour.
J'ai tendance à croire que le sentiment amoureux est essentiellement une construction culturelle basée sur quelques données physiques, quelques pulsions primitives très simples que toute notre éducation nous pousse à sublimer sous forme de sentiments soi-disant nobles et profonds - alors qu'il ne s'agit que d'une sorte de folie totalement irrationnelle.
Gene : "Comme d’habitude vous inversez tout. Vous pensez que c’est la culture qui amène la créativité et vous pensez qu’on acquiert une vocation. J’aurai tout vu sur ce forum !"
Exactement, et tant que vous n'aurez pas d'éléments solides à nous apporter en faveur de votre paranormale hypothèse des "dons", c'est l'hypothèse "normale", culturelle, qui sera la meilleure.
Gene : "Il y a donc des personnes qui tuent par plaisir et d’autres qui deviennent prêtres par plaisir et pour vous « ça ne vaut rien » !"
Exactement. Je ne comprend vraiment pas pourquoi cela vous semble si étrange, pour moi c'est l'évidence même. La nature de ce à quoi nous prenons plaisir est largement (uniquement sans doute) acquise. Un traumatisme pendant l'enfance peut à long terme mener à définir comme agréable l'acte de tuer, et faire d'un criminel quelqu'un qui en d'autres circonstances aurait pu être prêtre. C'est pourtant tellement évident, pourquoi refusez-vous de voir cela, sans même examiner la question ?
Personnellement, si j'avais eu la foi, j'aurais sans doute été prêtre, ou moine. C'est l'un de mes regrets. J'adore la solitude, j'adore l'ambiance des églises et des monastères, j'aime le silence, j'aime la musique religieuse, j'aime l'austérité des habits de moine, j'aime lire des textes religieux, je pratique régulièrement la méditation, je ressens une forte attirance pour tout ce qui est du domaine religieux, et je ressens de façon très intense une sorte de paix intérieure qui m'a toujours semblé être de nature spirituelle (mais comme c'est subjectif, je n'y accorde aucune valeur), etc...
Et à une époque où je m'habillais et me comportait de façon plus austère, on m'a plusieurs fois fait remarquer que ma manière d'être et de parler avaient quelque chose d'apaisant, et faisaient penser à un prêtre.
En quelque sorte j'avais la vocation. Il aurait vraiment suffit de peu de choses pour que je sois prêtre. Peut-être que si j'avais fait une retraite de quelques mois dans un monastère (j'ai souvent hésité à le faire), j'aurais trouvé l'illumination, et je serais rentré dans les ordres.
Ce n'est pas le cas, et je continue à avoir des comportements et des idées diamétralement opposées à ceux des prêtres. Et je m'en trouve très bien.
Par contre si j'avais eu une enfance un peu plus dure (il se trouve que j'ai eu une enfance dorée), j'aurais très bien pu devenir un criminel, car je ne me pose pas trop de questions morales - tenez comme exemple d'immoralité : récemment, j'ai vendu à ma mère de la drogue, et lui ait appris à rouler des joints. Fort, non ?
Tout ça pour dire que les choses ne sont pas si simples que vous voulez nous le faire croire. Les motivations qui peuvent pousser quelqu'un à devenir prêtre, ou les événements qui peuvent le pousser à la criminalité (voire les deux en même temps), sont très variables, et ne sont pas incompatibles. Elle peuvent même très bien se marier en une seule personne, et ce qui fait qu'il deviendra prêtre ou criminel (ou autre chose) peut tenir à peu de choses.
Gaël.
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