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Pitoyable Arlequin !


Posted by Nostradamus , Jun 06,2001,14:13 Index  Forum

https://forum-sceptique.com/archives/14229.html#14229


DE LA MAÎTRISE DE LA FORME

"Oncques Loy Vraye du Magne Ordinator,
Par male songe tans marrye le cuor,
Espouvantes & felonz doctes Sçavans,
Par Foy chassoye les faictz & le Sens.

Vaux sons sis Sceptes cy-devans,
Pastours des féaux & dictz sçavans,
Quand mons & col sons montez,
Alteram sum soles pardevans les Sceptes braziez."

[Et en plus vous maîtrisez mal cette forme! :-)] [Stephan Langlois]

Venant de la part d'un clown qui l'ignore, cette gaudriole prend ici tout son poids !

Sans doute vos démêlés avec les sceptiques ont-ils pour origine le fait que vous ne doutez de rien !

Les Centuries sont composées de quatrains constitués de vers de dix pieds avec césure après le quatrième.

Cette métrique chère à Nostradamus...OUBLIÉE ? Ou dirons-nous ..TRANSCENDÉE ?

Mesure indispensable puisque justifiée par le souci de maîtrise de la forme !

L'accumulation outrancière de formes anachroniques telles : cuor, tans, cy-devans, pardevans, sçavans, felonz, credoy, ne saurait combler la vacuité de l'esprit de l'auteur mais démonstre à coup sûr son penchant pour la préciosité.

C'est qu'il vous fallait répondre vite...Supériorité intellectuelle oblige !

Et la montagne accoucha d'une souris.

Sachez qu'en pareille matière, même votre bagout ne saurait suffire à la tâche.

Suffixer par "s", "z" ou "oy" pour faire "vieux Françoys" de 1555 y est parfaitement risible. Les termes dont vous avez truffé vos quatrains correspondent davantage aux époques de "La chanson de Roland", de Chrétien de Troyes, de "Tristan et Yseult" ou...du "Roman de Renard" qu'à celle des Centuries. Reportez-vous au texte original pour une comparaison des termes.

Il est vrai que l'usage du terme "espouvante" - apparu en 1694 - dans un pastiche d'un texte de 1555, témoigne d'une exquise et délicieuse audace ! Il parfume la langue de Charlemagne - en mal d'arôme - des nécessaires effluves du XVIIème et démontre par là même l'intemporalité de la connerie triomphant des contraintes de la forme qu'elle sacralise.

Encore avez-vous choisi d'arrêter l'ascenseur , épargnant de ce fait au lecteur la pénible remontée de ces bulles vers le siècle où la lumière vous nimbe.

J'ai choisi de détailler - références URL à l'appui - ces commentaires élogieux dans la seconde partie de ce message.

L'esprit que vous êtes contraint de vous attribuer, sous peine de perdre les illusions qui constituent votre moëlle, ne saurait vous conseiller ici de battre votre coulpe. Il vous orientera plutôt vers cette zone crépusculaire où les fictions prennent corps des bravos qu'on s'adresse à soi-même, grossissant le désordre qu'ils avaient pour mission d'abolir.

Rien de bien sérieucz doncz sauf un citoyen un peu coingcé qui ne manque guère d'aplomb.

Pas étonnant qu'à la lecture de la petite carte accompagnant les fleurs que vous vous envoyez, le sourire béat de votre gratitude en dise long sur le Narcisse qui s'ignore fleur de nave.

Bref il arrose le géranium de son être chaque jour avec ça et s'en trouve, ma foy, plutost bienct.

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Références:

Éditions de Nostradamus:

Première édition de Macé Bonhomme parue à Lyon en 1555 (Éditions d'Albi)

Édition posthume de Benoît Rigaud parue à Lyon en 1568

Variantes (suspectes de contrefaçon) de l'édition d'Antoine du Rosne de 1557.

http://www.lib.uchicago.edu/efts/ARTFL/projects/dicos/

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"Cuor"

Aucune mention du mot dans le:
Dictionarium Latinogallicum, Robert Estienne (1552)
http://www.lib.uchicago.edu/efts/ARTFL/projects/dicos/ESTIENNE/


http://duras.uchicago.edu/cgi-bin/quick_look.new.sh?word=cueur

"Cuor" brillant par son absence, remplaçons-le par "cueur" ou coeur plus usités chez Nostradamus.

"Le mouument de sens, cueur, pieds, & mains" [0011]
"Cueur si hardi ne sera qui ne tremble" [0305]
"Le pache fait du coeur pusillanime:" [0373]

Thresor de la langue française (1606)

cueur (170)

Cueur, Semble plus raisonnable d'escrire, Coeur comme Boeuf, soeur, moeurs, Cor.

Cueur et courage, Animus pectus.

Un cueur loyal, Fidelis animus, Fidum pectus.

Un cueur aisé à se courroucer et à laisser son courroux, Mollis animus ad accipiendam et deponendam offensionem.

Cueur felon et orgueilleux, et insupportable, Impotens animus.

etc.

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"Sçavans"

http://duras.uchicago.edu/cgi-bin/quick_look.new.sh?word=s%E7avant

"Sçavans" qu'il nous faut traduire par...Sçavant...totalement absent des Centuries mais excellent pour... la forme !

Thresor de la langue française (1606)

sçavant (584)

Sçavant, Literatus, Praeditus doctrina, Doctus, Eruditus, vel Eruditus literis.

Sçavant et cognoissant, Prudens.

Sçavant et expert, Gnarus, vel narus.

Sçavant et expert par experience et usage, Peritus vsu.

Sçavant de nature, Consultus natura.

Homme sçavant et cognoissant, à qui on peut demander conseil, Consultus.

etc.

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"cy-devans", "pardevans"

"cy-devans" Orthographe incorrecte pour l'époque
"pardevans" idem

"Vng peu DEVANT que le soleil s'esconse" [037] {Nostradamus}

http://duras.uchicago.edu/cgi-bin/quick_look.new.sh?word=devant

Thresor de la langue française (1606)

devant (202)

Devant, quasi Deante, que le Portugais dit Diante, et le Castillan Delante, pro Ante. Interponitur autem u, ad vitandum hiatum. Comme fait aussi l'Italien, disant, Devante et devanti.

Devant quelqu'un, Ante aliquem.

Devant moy, Ante oculos, Coram.

Devant ses yeux, Viuus vidensque. B. ex Cicer.

Devant le juge, Ad vel apud iudicem.

ET ENCORE...

http://duras.uchicago.edu/cgi-bin/quick_look.new.sh?word=cy-devant

Dictionnaire de L'Académie française (1694)

Cy-devant (AVANT)
Cy-devant. Adverbial. Avant la chose dont on parle. Comme nous avons dit cy-devant.

Devant, Est aussi substantif, & alors il signifie, La partie anterieure d'une chose, d'une personne. Il bastit sur le devant de sa maison, ou absolument, sur le devant. il est logé sur le devant. au devant de sa porte. vostre cheval est blessé sur le devant. le train de devant d'un carrosse. le devant d'un carrosse. le devant d'un pourpoint. les devants d'un manteau. le devant d'une jupe, d'une robe. un devant d'autel. mettre le devant derriere.

On dit fig. d'Un homme qui grossit, qu'Il bastit sur le devant.

On dit, Prendre le devant, pour dire, Partir avant quelqu'un. Et figur. Prendre les devants, pour dire, Prevenir. Quand il sceut que je me voulois plaindre, il prit les devants. si vous ne prenez les devants dans cette affaire.

etc.

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"espouvante"

Aucune mention du mot "espouvante" dans les dictionnaires antérieurs à 1694.

En 1606 on retrouve les mots:

espoventer, espovental, espoventable, espoventaire, espoventement, espoventablement

"espoventement" semble indiqué pour épouvante comme en fait foi cette phrase trouvée dans la définition de frayeur (1606)

"frayeur: Lequel esclat estant ouy à l'impourveu, cause peur et donne
de l'espouventement aux personnes."

Aucune mention du terme "espouvante" dans Nostradamus. Celui-ci utilise les mots "frayeur", "espouvental".


"Pres du Leman la frayeur sera grande" [0642]
"Toute Marseille de frayeur tremblera" [0288]

http://duras.uchicago.edu/cgi-bin/quick_look.new.sh?word=espouvante

Dictionnaire de L'Académie française (1694)

ESPOUVANTE (1:398)

ESPOUVANTE. s. f. (Quelques-uns escrivent Espouvente.) Grande & soudaine peur, causée par quelque chose d'impreveu.
Furieuse, terrible espouvante. causer, donner de l'espouvante. jetter l'espouvante dans le pays ennemi. l'espouvante estoit, se mit dans
le camp, dans l'armée. l'espouvante l'a pris, l'a saisi. ils ont pris l'espouvante.

Espouvanter (ESPOUVANTE)
Espouvanter. v. a. Causer de l'espouvante. La marche de cette armée a si fort espouvanté tout ce pays-là. ces menaces l'ont
espouvanté. il pensoit l'espouvanter, mais il ne s'estonne pas pour le bruit. il ne s'espouvante pas aisément.

Espouvanté, [espouvant]ée (ESPOUVANTE)
Espouvanté, [espouvant]ée. part.

Espouventable (ESPOUVANTE)
Espouventable. adj. v. de tout genre. Qui cause de l'espouvante. Un spectre, une vision espouvantable. menaces espouvantables.
tourments espouvantables. elle n'est pas seulement laide, elle est espouvantable.

etc.

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"Tans"

Tans étant évidemment absent du vocabulaire de Nostradamus qui eût sans doute appréciez ceste forme...

"Tans" que nous retraduirons par...tant...comme Nostradamus lui-même...

"Tant d'ans les guerres en Gaule dureront" [0031]

http://duras.uchicago.edu/cgi-bin/quick_look.new.sh?word=tant

Thresor de la langue française (1606)

tant (617)

Tant, et si fort, Eo, Vsque eo, Adeo, Vsque adeo.

A tant, His dictis, His peractis, Post haec illave transacta, Tantost apres, Incontinent apres, Inde mox, Et à tant feray fin à la presente lettre, c'est apres avoir tant dit ou escrit que dessus. A tant vint le bourreau qui mena la dame ardoir. En Oolim, pour tout aussi tost apres.

Tant seulement, Tantum, Tantummodo.

Je vous recommande cestuy la tant comme je puis, Eum tibi commendo in maiorem modum.

Tant de temps que, etc. Tamdiu dum forum habuit ornatum.

etc.

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"marrye"

http://duras.uchicago.edu/cgi-bin/quick_look.new.sh?word=marrir

Thresor de la langue française (1606)

marrir (397)

Se Marrir, et courroucer de quelque chose, Durius aut grauiter accipere, Indignari, Succensere, Irasci.

Estre marri et dolent de quelque chose, AEgre habere, AEgre ferre, Dolere, Dolenter ferre, Grauiter ferre, Iniquo animo ferre aut pati, Moleste aliquid ferre, Indignari.

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Le "chassoye" du maistre de la forme a également du plomb(z) dans l'aisle.

d'ailleurs...

"Chassés seront sans faire long combat" [0005] {Nostradamus }
"Quand le monarque chassera son nepueu" [0217]

http://duras.uchicago.edu/cgi-bin/quick_look.new.sh?word=chasser

Thresor de la langue française (1606)

chasser (116)

Chasser hors, ou arriere de soy, Abigere, Arcere, Excludere, Fugare, Pellere, Aspellere, Expellere, Exigere, Picardi proferunt Cacher.

Je te chasseray hors de cette maison, Exigam te ex hac domo.

Chasser hors par force et violence, Expellere atque exturbare aliquem.

Chasser de prés, Agere.

Chasser de costé et d'autre, Dispellere.

Tu le chasseras aiséement où tu voudras, Facile pellas vbi velis.

Chasser loing ou au loing, ou esloigner, Depellere, Prodigere, Protelare.

etc.

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"credoy"

http://duras.uchicago.edu/cgi-bin/quick_look.new.sh?word=croire

"credoy"...Décidément ! Vous tenez la forme !

Nostradamus l'ignore...cette forme...quand il écrit:

"...Fait proferer qui n'est à croire vain" [0001]
"...Qu'au faict bellique, chacun le viendra croire" [0561]
"...Coeur vain, leger croira temerite:" [0634]

Thresor de la langue française (1606)

croire (168)

Croire, Credere.

Croire et dire, Autumare.

Aisé à croire, Credibilis.

Croire facilement, Se credulum praebere.

etc.

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"féaux" orthographe de 1798

Retenons donc le "féaulx" de 1606...Histoire de garder la forme.

http://duras.uchicago.edu/cgi-bin/quick_look.new.sh?word=feal

Thresor de la langue française (1606)

feal (282)

Feal, Fidus, Fidelis.

Estre FEAULX et loyaulx au peuple Romain, Comiter conseruare maiestatem populi Romani.


Dictionnaire de L'Académie française (1798)

FÉAL, ALE (1:572)

FÉAL, ALE. adject. Vieux mot qui signifie Fidèle, et qui est en usage dans les Lettres Royaux. A nos amés et FÉAUX ....

On dit aussi, C'est son féal, c'est mon féal, pour dire, C'est son fidèle ami, c'est mon fidèle ami, mon intime. Il est du style familier.


Dictionnaire de L'Académie française (1835)

FÉAL, ALE (1:739)

FÉAL, ALE. adj. Vieux mot qui signifie, Fidèle, et qui était usité dans les lettres royaux. À nos amés et féaux...

Fam. et substantiv., C'est mon féal, c'est son féal, C'est mon fidèle ami, son fidèle ami, mon intime, son intime.

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