Steph. Absolument. Vous commencez à comprendre pourquoi il faut tenir compte du nombre de prédictions. John Edward, qui a un succès énorme aux ÉU, fait quelque chose comme 50 prédictions PAR MINUTE dans son émission. Il construit donc une espèce de buffet où les crédules peuvent piger à volonté. À ce rythme, on risque d'ailleurs de ne se souvenir que de ce qui a un air familier, et donc il créé par simple surchage d'information un nouveau genre de biais de confirmation. Un «vrai» voyant devrait faire UNE prédiction (ou disons, un nombre restreint) à la fois et nous laisser vérifier -- et nous les laisser vérifier TOUTES sans exception.
Gene Ok, C’est vrai que quand on parle de voyant je ne pense qu’aux « vrais ». Je comprends donc votre démarche.
Steph. Il y a donc deux raisons d'arriver à des prédictions vraies SANS toutefois être médium: a) statistiquement, on ne peut pas se tromper tout le temps -- cet effet peut être contrôlé par une attention au nombre de prédictions faites. b) avec une connaissance minimale, ou meilleure, de la société et du trajet moyen des gens en contexte, on peut prédire un bon nombre de choses seulement à l'aide de données démographiques «profanes».
Il reste quoi de vos prédictions, après tout ça? Pas grand chose. Votre fameuse différence entre réfléchi et spontané ça ne vaut rien, puisque vous ne pouvez pas vous placer dans la tête du médium pour déterminer le «taux de réflexion» utilisé. Doit-on expliquer «pas grand chose» avec une théorie à la fois super-floue et super-élaborée sur des prétendus «dons»? C'est un château de cartes sans cartes votre affaire.
Gene. Le problème du sceptique c’est qu’il sait que tout ne peut pas être blanc ou noir mais il ne l’accepte pas. Il faut absolument que tout soit hyper rationnel comme 2 et 2 font 4. D’un coup de baguette magique vous voudriez déceler qui est bon, qui est mauvais, qui calcule, qui « voit » ou qui fait les deux. Et des phénomènes aussi complexes vous voudriez qu’ils aient une explication simple. J’ai l’impression que ce n’est pas moi qui croit à la magie ici !
Tout ce que je peux faire c’est vous donner une dernière fois quelques conseils, ensuite vous en faites ce que vous voulez.
Je pense que la seule façon d’avancer est la suivante :
1) Il ne faut surtout pas attendre les prétendants à la prime du fameux défi. Tout le monde peut tenter le coup et les déchets sont forcément considérables. Vous devez comprendre qu’un « vrai » voyant est à des années lumières de la science et surtout de la mentalité d’un défi. De plus, si par hasard il devait y en avoir un « vrai », il aurait, selon le calcul des probabilités, toutes les chances de tomber dans des prédictions banales et d’être noyé dans la masse.
2) Il faut aller consulter des voyants de renoms. Leur renommée doit venir du bouche à oreille et non de publicités sur des journaux spécialisés. Il faut donc en parler à des personnes qui ont l’habitude de consulter ou aller dans un salon de la voyance. Rien ne vous empêche d’arrêter un consultant ou deux pour leur demander conseil. Ils sauront vous dire qui est bon ou mauvais.
3) Il faut consulter de préférence des voyants qui « travaillent » sans support. Ils sont beaucoup plus sensitifs.
4) Ensuite un bon voyant doit être d’abord capable de vous raconter votre vie avec des détails particuliers qui vous démontrent qu’ils ne proviennent pas d’un procédé ou d’une analyse mentale quelconque.
5) Lorsqu’il vous a déballé votre passé d’une façon suffisamment convaincante vous le laissez aller vers votre avenir de préférence sans lui poser de questions.
6) parmi toutes les prédictions faites lors de la consultation (et vous serez étonné de la quantité de détails qu’on va vous sortir), il faut évaluer quelles sont celles qui n’entrent pas dans le cas des deux exemples que vous m’avez cités. Par exemple on peut vous dire : « vous avez perdu votre père il y a dix ans, il est mort jeune et il s’appelait Mario. Votre mère s’est remariée et elle a eu deux autres enfants avec lesquels vous ne vous entendez pas du tout, vous vous êtes mis à votre compte et votre niveau de vie va tripler » (c’est à peu près ce qui m’est arrivé). Les prédictions prises séparément ont une certaine probabilité, mais prises ensembles, lorsqu’elles sont toutes justes, la probabilité devient quasi nulle. Surtout lorsque c’est la première fois que vous consultez et que c’est la première prédiction à votre encontre. Vous allez peut-être trouver mon exemple insuffisant, mais le seul moyen d’avoir le choix dans les exemples, je le répéte, c’est de consulter.
Il ne faut pas abuser de la voyance pour plusieurs raisons.
1) Un voyant ne voit pas forcément ce que vous attendez de lui. Une fois j’ai posé une question précise sur mon travail et il m’a répondu « vous avez un membre de votre famille qui est mourrant, il a le cancer ». C’était effectivement mon oncle. Ils sont donc fortement sensibles aux émotions. C’est aussi pour cette raison qu’ils ne pourront jamais au grand jamais entrer dans un jeu mécanico-scientifique. D’ailleurs le seul fait que certains acceptent le défi c’est qu’il faut vous en méfier !
2) Certaines voyances sont des fatalités, d’autres des probabilités. Il ne faut donc pas rentrer dans le piège qui consiste à provoquer la prédiction.
3) La première consultation est toujours la meilleure, c’est là que le voyant ressent le message principal.
Et oui, c’est flou ! Comment savoir qu’est-ce qui est fatal et qu’est-ce qui est probable ? Vous y verrez plus clair et vous pourrez faire le trie que si vous allez au front.
Voilà, il vous suffit maintenant de rajouter à la non-stupidité (selon votre définition : intelligence, connaissance, rationalisme) ce que vous enlevez toujours systématiquement : l’émotion.
Gene
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