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Re:Détruire l'idée = couper la tête.


Re: Détruire l'idée de Dieu... -- Yves Lever
Postée par decroix rené , Sep 19,1999,03:48 Index  Forum

Donc tu disais :
« Il faut détruire l’idée de Dieu dans l’esprit de l’homme. Alors chacun saura qu’il est mortel, sans aucun espoir de résurrection, et chacun se résignera à la mort avec une fierté tranquille. L’homme s’abstiendra de murmurer contre la brièveté de la vie et il aimera ses frères d’une affection désintéressée. L’amour ne procurera que des jouissances brèves, mais la conscience même de cette brièveté en renforcera l’intensité autant que jadis elle se diluait dans les espérances d’un amour éternel. »

Par toute mon expérience de vie, j'ai 57 ans, je crois en la vérité de ces phrases, ce qui me fait dire (quelques phrases d'un petit livre que j'ai publié il y a une an):

Il y en un autre, et russe de surcroît, qui y croyait au moins aussi fort que toi. Son nom était Staline.

Ce texte a beau être signé d'un géant de notre littérature, il est idiot, il est infect. Mais c'est évident rien qu'avec la musique, même sans les paroles : c'est de la pure déclamation prohétique.On peut même préciser : de la catégorie la plus enflée, la plus vaniteuse , celle dont le refrain, la litanie, cet éternel procédé gourouesque d'endormissement des esprits , peut se mettre dans un programme informatique pour une production en série avec la formule :
"L'homme sera [X)".
Ce fitur exclamatif place la chose en prophétisme révolutionnaire, celui qui, et c'est bien normal que tu titres avec cela, a toujours besoin du même préalable, injonction et commandement :
" Il faut tuer l'idée de [Y]".

D'un point de vue modestement statistique sur l'histoire, le plus court chemin pour tuer des idées fut de détruire leur emballage, en l'occurrence les humains porteurs ou récitants de ces idées. Et il est vrai que le meilleur moyen de couper une idée c'est de couper la tête qu'elle habite.

Il se trouve que ce joyau de la littérature que tu utilises correspond assez exactement aux prémices et prémisses d'une rélaisition qui s'est déployée au long de notre siècle . Autre coïncidence, cela s'est fait, au début, dans le voisinage de la Russie. C'est ce que j'essaie detravailler actuellement dans le cadre d'une thèse, sous le thème, disons pour faire vite, d'une religion de la sensation , dont l'expression me semble particulièrement offetre par le phénomène Mircea Eliade. Très précisément, ta citation emmène vers l'effervescence ici présentée comme un remède, ou plutôt une compensation, contre l'éphémère . Cet état pulsionnel délibérément cultivé est l'une des meilleures sources de l'horreur. J'espère en fournir la preuve expérimentale, avec l'histoire de la première moitié du XX° siècle, j'espère aussi en forunir une démonstration théorique, le tout dans le cadre donc de cette thèse. Si un jour je crois y être parvenu, je viendrai le dire ...

Amicalement.
r.d.


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