Aucun des textes que vous apportez ne fait référence précisément à une étude. La référence à Haldane est incomplête, je n'arrive pas à retrouver l'article (je me demande vraiment comment elle a déterminé ces chiffres?). Quoi qu'il en soit, ce qui apparaissait possible - mais improbable - à Rostand avant 1958 n'est plus vrai maintenant. Je signale que les progrès de la génétique ont véritablement débuté en 1953 et qu'il faudra attendre les années 70-90 pour que certains mécanismes essentiels régissant la duplication de l'ADN soient compris.
C'est pourquoi, en 2000, Nicole Le Douarin (une des plus connues des biologistes français*, spécialisée dans le développement) peut écrire: "[le phénomène de "genetic imprinting"*] est une des raisons invoquées pour expliquer que l'ovule des mammifères ne peut pas se développer par parthénogenèse." (Le Douarin, N (2000) Des chimères, des clones et des gènes. Ed. Odile Jacob, 480 pp.) On peut aussi voir: Markert CL (1988) Imprinting of genome precludes parthenogenesis, but uniparental embryos can be rescued to reproduce. Ann N Y Acad Sci., 541:633-8.
En l'absence de tout document vérifiable, la parthénogenèse chez les mammifères n'est pas une réalité. Chez les oiseaux, je me demande si les expériences de Haldane n'ont pas été contaminée par un facteur extérieur lui échappant. La parthénogenèse n'étant démontrée chez les vertébrés que pour certains poissons et quelques amphibiens.
Evariste: "D’abord, nos ancêtres ont pu observer chez des plantes et des animaux des naissances parthénogénétiques"
L'hypothèse que le mythe de la vierge Marie puisse découler de l'observation de la parthénogenèse chez "nos ancêtres" demeure extrèmement douteuse. Ce que vous apportez pour la soutenir sont des références à des textes récents, d'un auteur en particulier qui a une vision relativement moderne des mécanismes de la fécondation et du développement. Ces mécanismes ne commenceront à être réellement appréhendés qu'à partir du milieu du 19ème siècle (voir Le Douarin). Avant ce temps, la notion de parthénogenèse ne signifiait tout simplement rien. Particulièrement entre l'antiquité et l'an mille, ère durant laquelle c'est développé le mythe.
Quand on ne connait pas les mécanisme de la fécondation et du développement, on ne peut pas observer la parthénogenèse en tant que telle, et encore moins la diférencier d'un mode de reproduction "normal". La génération spontanée explique beaucoup plus facilement les "naissances sans pères". De toute façon, la question se pose difficilement en terme d'"observation de la parthénogenèse".
Non, le mythe de la virginité de Marie n'a probablement aucun rapport avec la parthénogenèse ni avec l'observation. Sinon que ça ne doit pas dater d'hier que des femmes trouvent l'excuse d'une grossesse "suprise" comme explication d'une "inattendue"... inattendue surtout pour le mari. De plus, il existe un certain nombre de déesse virginale dans les différentes mythologies anté-chrétiennes. C'est là - dans la métaphysique - qu'il faut probablement rechercher une "explication" au mythe, plutôt que dans l'embryologie ou la réalité.
Jean-François
* Je sais que vous apprécirez cette référence à l'autorité.
** J''adapte l'explication de Le Douarin: c'est un phénomène biochimique empêchant la transcription de certain gène. Il consiste en l'ajout d'un groupement méthyle à certaines bases azotées (cytosines) qui empêche ainsi la lecture des codons par les protéines de transcription. Comme ces gènes "silencieux" peuvent être donnés par la mère ou le père, les gènes des deux parents sont nécessaires pour compenser le phénomène d'imprinting (il y aura alors au moins une paire qui ne sera pas silencieuse).
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