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D. Reilly& al. (1994) Is Evidence for Homoeopathy Reproducible?


Posted by Kraepelin (T,Kraepelin), Apr 08,2002,12:26 Index  Forum

Comme Bill ne s'exécute pas, je me permets de répondre à sa place. J'espère que personne ne m'en tiendra rigueur?

Considérons, d'abord, le fait que les rares recherches en homéopathie sont financées par les compagnies homéopathiques. Cela ne poserait pas de problème en soit si ces compagnies ne stipulaient pas dans leurs contrats que seul les résultats positifs peuvent être publiés. En effet, il est de notoriété publique (Aulas, 1993, Roussion 1995, Rouzé 1989) que la plupart des contrats des multinationales du granule stipulent de ne publier que les résultats positifs. Vous reprochiez à certaines revues d'avoir un "préjugé" contre les articles de recherche en homéopathie. Je crois que la censure sélective dénoncée par les savants et journalistes scientifiques, et jamais démentie par les compagnies homéopathiques, explique la "réserve" des revues scientifiques sérieuses.

Considérons, ensuite, le fais que les recherches homéopathiques dont les résultats sont positifs ne sont pas reproductibles. C'est à dire que lorsque d'autres équipes reprennent le mêmes recherches, elles n'obtiennent pas de résultats positifs.

Il faut savoir que les recherches sont basées sur les statistiques probabilistes. On mesure la probabilité d'obtenir une différence entre un médicament et un placebo par hasard en fonction de l'importance de cette différence. Si la probabilité d'une différence par hasard est inférieure à 5%, ont estime que le résultat est significatif puisque l'on a seulement 5% de chances que ce résultat soit obtenu par hasard. Ça veut dire, par contre, qu'à chaque 20 recherches, une recherche donne des résultats positifs par pur hasard et que l'on interprète par erreur ces résultats comme significatifs. C'est une des raisons pour laquelle les résultats doivent être reproductibles. Un résultat non reproductible est alors considéré comme une erreur statistique.

Finalement, pour la recherche de Reilly & al. (1994), elle a des prétentions exorbitantes par rapport à sa valeur réel. Je ne suis pas méthodologiste, mais je vous résume les critiques qui ont été faites de cette recherche pas des méthodologistes, principalement les critiques de François Bergmann (voir Roussion, 1995) professeur de méthodologie de recherche en thérapeutique à l'hôpital Lariboisière de Paris:

1) Le nombre de sujets est insuffisant: Une recherche comparative de ce type exigerait au moins 60 sujets par groupe, donc 120 sujets. L'étude de Reilly n'en comporte que 28 ce qui augmente le risque d'erreur statistique.

2) Les sujets ont des atteintes bénignes: Les sujets de cette étude sur le traitement de l'asthme étaient des asthmatiques mineurs ce qui augmente encore le risque de rémissions spontanées.

3) Les résultats sont significatifs statistiquement parce que le groupe contrôle a essuyé une augmentation de symptômes. Ce genre de phénomène est si rare qu'il en devient suspect.

4) Un seul des sujets du groupe expérimental a obtenu un effet apparent. Sur les autres le traitement semblait inactif. On ne mesure donc pas un résultat mathématique d'ensemble mais l'effet d'un cas particulier très douteux sur un trop petit échantillon.

5) Toute chose n'était pas égale par ailleurs: Les sujets des deux groupes pouvaient à loisir continuer leurs autres traitements médicaux non homéopathiques contre l'asthme. On ne sait donc pas si Reilly & al. ont mesuré l'effet de l'homéopathie ou l'effet d'un autre traitement.

6) Finalement, Reilly est un homéopathe qui reproduisait sa propre recherche et l'étude était financée par les entreprises homéopathiques. Elle n'est donc pas une reproduction indépendante.


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Aulas JJ (1993) Les médecines douces, Des illusion qui guérissent

Rouzé M. (1989) Mieux connaître l'homéopathie, Édition La découverte

Roussion P (1995) Homéopathie, Le retour des fausse preuves, Science & Vie, No 929- février 1995. pp60-63



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