Suivi

Evolution always wins!


Posté par Pierre , Jul 05,2002,17:19 Index  Forum


Evolution always wins!

Julien a-t-il déserté le Forum ? Il me semble qu'on le voit moins. Il
est quand même intervenu furtivement il y a quelques jours pour
nous donner un lien vers un texte de son nouveau gourou, Jonathan
Wells. Je l'ai lu et ça ne m'a pas impressionné. Quoique je n'aie pas
deux ou trois doctorats comme M. Wells, je comprends très bien de
quoi il parle et je peux voir exactement là où il est dans les patates.
Pour moi c'est facile parce que je comprends le mécanisme de la
sélection naturelle alors que, selon moi, les créationnistes, en
général, en ont une mauvaise compréhension. Julien y compris, je
suis navré de le dire.

J. Wells dit :

>Although this work shed considerable light on
>the role of genes in development (and led to
>some well-deserved Nobel Prizes), it also
>showed that mutations affecting axis
>formation and segmentation are invariably
>harmful, and indeed often fatal. [17] Such
>mutations cannot provide raw materials for
>evolution.

En lisant ce paragraphe, j'ai sursauté. Je n'en reviens pas.
J'aimerais renvoyer Julien et Wells à un texte que j'ai écrit en 1987.
J'y répondais justement à cet argument. Les créationnistes disent
que la grande majorité des mutations sont néfastes et souvent
même fatales à l'organisme qui les subit. Oui ! Je suis
parfaitement d'accord. Mais « grande majorité » ne signifie pas
« totalité ». Voilà où Wells et les créationnistes font une grave erreur.
S'il y a « grande majorité », cela implique qu'il y a « petite minorité ».
Et le matériel brut de l'évolution se trouve juste là.

Wells le dit lui-même : « ...often fatal », sans se rendre compte
que, s'il veut invalider la théorie de l'évolution, il lui faudrait dire
« ...always fatal », avec preuves à l'appui, naturellement. « Often
fatal », c'est peut-être suffisant devant le groupe biblique mais devant
la science, cela prend plus que ça.

Le coeur de la théorie

Si Julien voulait faire un léger effort de raisonnement, il
constaterait l'importance de ce que je dis ici. C'est le coeur et la
base de la théorie de Darwin, l'idée lumineuse que lui inspira la
lecture de « Essai sur le principe de population » de Thomas Malthus.
Tous les textes sur l'évolution et sur Darwin mentionnent cet
épisode mais, curieusement, les créationnistes n'en parlent pas
beaucoup. Et pourtant, c'est d'une importance capitale.

La nature est prodigue

Parce qu'elle dispose d'une source d'énergie énorme et
pratiquement illimitée, la nature peut se permettre de produire à
l'excès. Elle produit par milliards, même là où il y a peu d'espace.
Donc, et c'est ici que je demande à Julien de réfléchir, si la nature
produit plus que ce qui est nécessaire, qu'est-ce qui s'en suit ? Une
sélection !! C'est inévitable. Et comme la terre est grande et que la
nature est généreuse, cette sélection s'effectue non pas sur 10 ou
100 éléments mais sur des milliards. Donc l'improbable peut se
produire. Je dirais même que l'improbable est forcé de se produire,
surtout si la nature dispose de suffisamment de temps. Demandons
à notre statisticien Denis ce qu'il en pense.

Mais Julien va me répondre : « Oui, mais cette sélection ne fera
jamais de nouvelles espèces ». Et pourquoi pas ? La transformation
nécessaire pour obtenir la mention de « nouvelle espèce » n'est pas
si dramatique ou importante que ça. Le critère premier, selon les
créationnistes, est l'impossibilité d'interfécondation. Eh bien de ça,
nous en avons de nombreux exemples aujourd'hui, là maintenant,
sous nos yeux.

Et puis, on l'a répété ici récemment, le concept d'espèce n'est
qu'une vue de l'esprit et n'a pas la même réalité si on regarde la vie
avec des yeux de biologiste. On n'y voit alors aucun mur séparant
les espèces. Par exemple, deux avions : un Boeing et un Airbus. Ce
sont deux créations distinctes, il est évident et facile de le
constater. La vie, elle, n'a qu'un seul point de départ et n'a fait
ensuite que se diversifier. Même un créationniste ne peut nier que
les félins ont des points en commun ; que les équidés ont des points
en commun ; que les mammifères ont des points en commun et ainsi
de suite. Nous tous, sur ce forum, avons des points en commun
avec les sapins. Je suis moi-même étonné de ce fait en même temps
que j'en suis ravi.

J'invite donc Julien à lire mon texte de 1987, écris avec la naïveté
du débutant mais avec aussi l'assurance de celui qui a compris et
qui déplore que tant d'autres autour de lui n'y arrivent pas. Comme
l'aîné de famille qui vient de comprendre le mythe du Père Noël et
qui ne sait trop quoi penser en voyant ses frères et soeurs, plus
jeunes, continuer à y croire. Quand j'ai écrit ce texte, c'était en
réaction à la lecture de mon premier livre créationniste (je l'explique
d'ailleurs en détails dans l'introduction). À ma grande surprise, à la
fin du livre, je constatais avec étonnement et déception que les
deux auteurs ne comprenaient pas l'évolution.

Texte complet : http://pages.infinit.net/pclou200/evol1987.htm

Pour aller directement au passage sur les mutations :

http://pages.infinit.net/pclou200/evol1987.htm#mutations

Je pense que la référence de Julien, Jonathan Wells, fait preuve, dans les
lignes que j'ai soulignées, de la faiblesse de son raisonnement. Il parle du
« raw material of evolution », c'est donc qu'il reconnaît que l'évolution peut
fonctionner si elle dispose de ce matériel. Ensuite il affirme, sans pouvoir le
prouver, que les mutations sont incapables de fournir ce matériel. Voilà son
erreur !! Pour affirmer cela, Wells devrait démontrer que toutes les mutations
sont fatales. Et cela, il en est incapable. En laissant une petite porte ouverte, il
valide du même coup la théorie de Darwin selon laquelle la diversité, dans les
conditions qu'on retrouve sur la Terre, suffit à expliquer l'évolution.

Pierre




Suivi