Pour revenir à notre grand mooniste de service, il y a un autre point que je trouve très amusant dans le texte de Wells :
>>Although this work shed considerable light on
>the role of genes in development (and led to
>some well-deserved Nobel Prizes), it also
>showed that mutations affecting axis
>formation and segmentation are invariably
>harmful, and indeed often fatal. [17] Such
>mutations cannot provide raw materials for
>evolution.
Il parle de "mutations affectant la formation des axes et de la segmentation". C'est donc une question de plan général d'organisation : il affirme que les mutations qui modifient ce plan sont presque toujours fatales.
Or, que constate-t-on quand on regarde l'évolution ? Que PAS UNE SEULE FOIS depuis 500 millions d'années les grands plans d'organisation n'ont changé ! (je parle des plans généraux qui caractérisent les phyla, pas des petits détails qui font qu'on peut parler de "plan d'organisation primate" ou "bovidé") C'est à dire que les caractères qui mutent très difficilement _sont aussi ceux qui n'évoluent pas_. Quelle étonnante confirmation de l'idée selon laquelle l'évolution procède par mutations !
Il ne faut certes pas exagérer : si chaque phylum est resté dans le cadre de son plan général d'organisation, il y a eu pas mal de bricolage à l'intérieur même de ces "bauplan". Mais les caractères qui ont été bricolés sont justement ceux que les mutations peuvent modifier sans provoquer trop de problèmes (comme vous l'avez expliqué, Pierre, que la majorité d'entre elles soient létales ne constitue pas un argument : il suffit que quelques-unes ne le soient pas pour que l'évolution fonctionne).
L'évolution n'a eu le loisir de bricoler les plans d'organisation que lorsque les gènes qui les définissaient (dits "gènes Hox") venaient d'émerger : il y alors eu une série étonnante de duplications, de raccordements, de mutations qui ont conduit à l'émergence d'une multitude de plans différents (dont la plupart ont d'ailleurs péri sur place, et dont quelques-uns sont par hasard encore là). Le système n'avait pas encore été renforcé, rigidifié, par tous les perfectionnements complexes qui se sont mis en place par la suite (et qui du coup empêchent aujourd'hui les plans d'organisation de bouger ; une fois que tout le reste a été édifié par-dessus, il devient difficile de changer les fondations d'une maison).
L'"argument" de Wells est donc en fait une confirmation très nette du fait que l'évolution procède par mutations. Je me demande si ce fondamentaliste bardé de doctorats s'en est seulement rendu compte. J'ai déjà fait des découvertes amusantes sur des sites créationnistes (j'ai bien dû en lire une centaine depuis deux ans) mais rarement d'aussi étonnantes...
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