Filles de pub
Re: Re:Re:Deux éditoriaux, c'est fantastique ! -- Florence
Posté par Jean-Francois (Radio-Débiles,Jean-Francois), Jul 15,2002,03:03 |
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Tiens, un peu hors sujet, j'ai lu récemment une belle réflexion sur la publicité ( http://www.dtext.com/porte/article.php?sid=331 ) qui s'intitule "Vomir la publicité avec intelligence". J'en conseille fortement la lecture, car l'auteur développe un regard sceptique vis à vis de la pub, qu'il présente (à juste titre, je trouve) comme un facteur agravant l'irrationnalité:
"Le premier piège à éviter, c'est de penser que la publicité est laide, ou dégradante pour les femmes, ou vulgaire, ou stupide, ou quoi que ce soit de ce genre, c'est chercher à identifier le mal dans une qualité intrinsèque de la publicité telle qu'elle est immédiatement perceptible... La mauvaiseté essentielle de la publicité ne peut pas y être lue directement, et à vrai dire ses qualités et ses défauts immédiatement lisibles se trouvent tout autant ailleurs et elle n'en a pas le monopole"
"La publicité est un matraquage cérébral. Comme ce matraquage cérébral doit être accepté, par opposition, par exemple, à un matraquage crânien pratiqué dans un parking, -- non accepté dans le sens que son contenu est rationnellement accepté (ça ne serait pas, alors, un matraquage), mais dans le sens que le corps auquel appartient le cerveau matraqué demeure tourné vers la télévision pendant que le film publicitaire se déroule, et que les yeux restent ouverts, -- la publicité doit séduire, doit tromper, ne doit pas se donner comme matraquage"
"Aucun individu n'est totalement rationnel, totalement libre, et totalement immunisé contre la manipulation : il est donc facile de prétexter en toute occasion ce défaut de liberté pour accuser de violence toute personne exerçant une influence et obtenant un assentiment."Si j'en parle, c'est à cause d'une remarque que l'auteur fait:
"Le charme [des pubs], la légèreté, l'humour, la complicité, sont entièrement trompeurs : la règle est le cynisme, le dommage causé volontairement dans un but unique, imprimer la marque dans les zones protégées du cerveau ; contourner ses résistances, éviter tout dialogue, toute argumentation, séduire, émouvoir, matraquer le cerveau par des stimuli appropriés, seins, culs, lèvres gonflées entrouvertes évoquant la fellation, cambrures, enfants, bébé nus, n'importe quoi, tout est bon, frapper, séduire, matraquer, imprimer la marque, et que l'imbécile devant son poste le cul dans son canapé aille au diable dans sa vie de merde pourvu qu'il achète le putain de produit qu'on veut lui faire acheter : voilà la réalité de la publicité, voilà ce qu'il y a derrière chaque sourire, chaque clin d'oeil, chaque joliesse charmante."
J'ai retrouvé les exemples qu'il prend (bébé, femmes, etc.) sont repris avec un cynisme particulier dans une entrevue d'un producteur de pub, qui avoue que "ce qui fait vendre, ce sont les animaux, les bébés et les femmes nues".
Jean-François
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