J'ai la chance, ou la malchance, d'être un sceptique "malgré lui", contrairement à la majorité des sceptiques que je connais. Je m'explique : je m'efforce d'être le plus sceptique et rationnel possible car je ne veux pas croire n'importe quoi... Mais en même temps, la perspective du néant après la mort est quelque chose qui m'angoisse énormément : d'abord par rapport à la mort de mes proches dont je me dis que je ne les reverrai plus jamais, que leur personnalité, leur conscience est à jamais anéantie ; ensuite par rapport à ma propre mort...
Epicure a dit que la mort n'était rien pour nous car tant que nous sommes vivants elle n'est pas là et lorsque elle arrive nous ne sommes plus, il n'empêche que ce genre d'argument rationnaliste ne changera rien à mon angoisse... puisqu'il me restera de toute manière le chagrin inconsolable de la perte de mes proches et puis de me dire que tout ce que je peux faire et apprendre au cours de cette vie, au bout du compte ne sert à rien car je serai annihilé, même si je n'en ai pas conscience lorsque ça arrivera ; me dire qu'au bout du compte je suis là mais que j'aurais très bien pu ne pas y être ; me dire que finalement la vie n'a aucun sens transcendant et que si je meurs maintenant ça sera pareil que si je meurs dans 50 ans ; tout ça c'est des perspectives qui me sont extrêmement pénibles même si j'essaye de ne pas y penser tout le temps...
Dans ces conditions, je comprend bien le croyant dont la raison va céder et qui va vouloir se convaincre à tout prix que les sceptiques ont tort et que l'âme est immortelle, qui va se racrocher à tout témoignage allant dans ce sens et qui va s'énerver lorsque ses positions seront mises en défaut...
Si je n'étais pas extrêmement exigeant avec moi et un brin masochiste ;-), ça ferait longtemps que j'aurais cédé à mes désirs pour les prendre pour des réalités...
Cordialement,
Mikaël
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