Mikaël: "Vous êtes bien d'accord que le rouge n'est ni dans la fraise, ni dans les photons, ni sur notre rétine, ni dans l'ensemble des réseaux neuronaux activés lorsque j'ai une impression consciente de rouge ?"
Contrairement à ce que vous affirmez plus loin, il s'agit bel et bien d'un système réductible: le "rouge" est dans les photons, c'est une propriété de leur longueur d'onde. La capacité de percevoir le rouge est donnée à certaines cellules de la rétine. La capacité d'analyser la perception est une propriété d'un système neuronal, le système visuel. Jusque là, pas besoin de conscience, ni phénoménale ni autre.
La capacité de savoir que l'on a perçu cette longueur d'onde puis de lui associer le terme de "rouge" est une propriété d'autres systèmes neuronaux (systèmes associatifs), qui sont en partie seulement reliés au système visuel. C'est là qu'émerge la conscience. La conscience est une propriété supplémentaire, qui procède des "analyses inférieures". Le plus gros problème avec la conscience tient en sa définition, car on commence à avoir une bonne idée du fonctionnement du cerveau en ce qui concerne certaines tâches dites supérieures (voir A. Damasio "l'erreur de Descartes" et "La conscience même de soi", par exemple). C'est ce problème de définition qui donne un caractère insoluble à ce que vous appelez l'"aspect subjectif".
Mais, pour moi, qui suis neurobiologiste, la conscience est un phénomène qui n'est pas essentiellement différent d'un phénomène plus facile à définir comme la locomotion. Et, la locomotion est une propriété émergente d'un système de neurones. Simplement, la conscience est un ensemble de propriétés différentes nécessitant un "cablage neuronal" infiniment plus complexe.
Si la science n'a pas encore de réponse, je ne vois aucun autre système de pensée (religieux ou philosophique) qui pourra apporter des réponses vérifiables à la question de la conscience. Les réponses que ces systèmes peuvent donner seront dogmatiques et pas très empiriques.
Mikaël: "Je sais bien que l'on peut simuler des fonctions élevés de la conscience grâce à des réseaux de neurones (ou qu'on y arrivera un jour) et qu'on peut décrire ça mathématiquement, mais qu'en est-il de l'aspect subjectif ?"
D'après Penrose, la conscience ne pourra jamais s'incrire complètement en terme mathématiques (voir "les ombres de l'esprit").
Jean-François
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