Dans un premier temps vous reprenez à votre compte la problèmatique de l'induction et en concluez que l'on ne peut prouver un énoncé universel sur des bases empiriques. Jusqu'ici je suis d'accord.
Ensuite vous dites : "Par conséquent, la démarche utilisée en sciences ne peut rien démontrer avec certitude, puisqu'elle se base sur l'expérimentation". Premièrement, toute l'activité scientifique ne repose pas sur l'expérimentation. Les mathématiques n'y ont pas recours (mis à part l'utilisation de l'ordinateur dans certains cas). Je pourrais aussi vous faire remarquer que la science ne comporte pas que des énoncés universels, mais également des énoncés existentiels, tels que : La Terre est ronde. Vous pourriez, je sais, requalifier cet énoncé pour le transformer en énoncé universel, et nous pourrions vite arriver à un débat interminable. Pour simplifier, supposons (ou admettons) avec vous que tous les énoncés scientifiques sont universels et que votre discours ne portait pas sur les disciplines formelles telles que mathématiques, logique ou théorie de l'information, et étudions la suite de votre argumentation :
Vous avez conclu :
(1) Tout résultat scientifique est incertain (ou est une croyance si vous préférez).
Vous supposez implicitement chez votre lecteur l'acceptation de l'énoncé suivant :
(2) Les rivales de la science sont incertaines
Etant sur un forum sceptique on vous l'accordera facilement.
Puis vous concluez de (1) et (2) que la science et ses rivales se valent ("Donc, je peux affirmer que la science est une croyance au même titre que ses rivales et qu'affirmer que la science détient une quelconque vérité est absurde. Libre à chacun de choisir sa croyance ").
Sur quoi se fonde cet argument? Sur le fait que deux objets (ici la science et ses rivales) ayant une propriété commune (l'incertitude) se valent.
On peut présenter les choses sous forme de syllogisme
Tous les énoncés scientifiques sont incertains
Tout les énoncés paranormaux sont incertains
Avec la conclusion erronée :
Tous les énoncés scientifiques sont paranormaux.
Je ne pourrais qu'être indulgent vis-à-vis d'une telle erreur sur ce syllogisme, puisqu'elle est commise par environ deux tiers des gens.
On voit déjà tout de suite que ce raisonnement ne peut être vrai dans le cas général : Ce n'est pas parce que la couleur de la mer est celle du ciel que les deux se valent.
La question devient donc : Mais en est-il différemment pour l'incertitude? Plus précisément, est-ce que l'incertitude dans la science la met au même niveau que ses rivales. Supposons que le paranormal soit le principal rival auquel vous pensiez. Alors il y a une différence de taille :
Les énoncés scientifiques malgré les efforts qui ont été faits (du fait de leur incertitude) pour présenter des faits les réfutant, sont toujours à la recherche du corbeau blanc.
Les énoncés paranormaux malgré les efforts qui ont été réalisés pour présenter des faits les corroborant sont toujours à la recherche du premier signe de validation. Et même si les tenants du paranormal ne sont pas très doués pour chercher des signes de validation, des penseurs de premier plan tels que Jean Rostand ont essayé de faire le travail pour eux, en pure perte.
Lisez Popper. Vous y trouverez d'une part l'acceptation que les énoncés universels scientifiques ne meuvent être prouvés, et d'autre part la proposition d'un critère de démarcation entre science et pseudo-sciences.
Cordialement,
Cyril
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