Mais pas du tout ! Si vous pensez que l'évolution doit prédire cela, c'est votre problème, pas celui de la théorie. Celle-ci fait des dizaines d'autres prédictions (homologies profondes, existence de mécanismes permettant la transition...) - l'existence d'intermédiaires dans le passé en est une, mais pas l'existence d'intermédiaires présents (au demeurant, il y en a, mais pas assez pour vous, je vois).
>Ignorance ? ah, arrêtez votre jeu de caricature ! Je n’y crois même pas à ces temps géologiques farfelus.
Je suis très content d'apprendre que vous n'y croyez pas, mon cher Julien. Maintenant, si vous pensez que votre croyance a quelque chose à voir avec les sciences (et avec les temps géologiques : il est savoureux de voir quelqu'un qui a dit et répété plusieurs fois pour se défendre qu'il ne "connaissait rien à la géologie" mettre en doute l'existence des temps géologiques : ça me fait le même effet qu'un gosse de maternelle qui refuserait d'admettre l'existence de l'ADN), vous vous trompez, et vous vous trompez bien.
>On admet généralement 1 milliards d’années ou plus.
Donnez-moi une référence récente qui dit qu'on admet une durée d'un milliard d'années ? Que certains l'admettent, je n'en doute pas et je le sais : mais ce que j'affirme, c'est que cette durée ne correspond pas à un consensus.
>C’est dans un article scientifique (cité) que j’ai pris l’information sur les probabilités de mutations favorables vs délétères. Pour ce qui est des mathématiciens, vous devez savoir qu’ils y en d’autres qui ont démontré l’impossibilité totale de l’origine de la vie (c’est-à-dire origine spontanée d’une protéine, d’un brin d’ADN, …) par hasard.
Bien sûr, j'ai lu leurs articles (il y en a de bien gratinés sur Answer in Genesis ou True Origins) : ça vaut son pesant de cacahuètes. Pour penser que des calculs aussi idiots (qui raisonnent sur la base du "hasard en une seule étape" et font complètement abstraction de la sélection cumulative) prouvent l'impossibilité de l'abiogenèse, il faut vraiment ne rien connaître soit aux probas, soit à la biochimie, soit aux deux à la fois.
« Les lois de la Thermodynamique montrent que l'Univers a dû avoir un début, et que lorsqu'il a émergé, il contenait sans doute autant d'énergie que maintenant. »
Et bien, ça ressemble à une création ça.
Oh oui, beaucoup ! Vous nous les ferez toutes, à ce que je vois... Un "début" ressemble à une création comme Dickinsonia ressemble à un Cnidaire : si on met sa réflexion en veilleuse et qu'on ne va pas chercher plus loin. Un début peut être une création, une émergence spontanée, une conséquence ordinaire d'un mécanisme ordinaire de causalité... Tout et n'importe quoi, quoi.
Euh, … pourriez vous préciser ? Si la matière/énergie n’émergent par un mécanisme naturel (où mécanisme « interne » à l’Univers) n’est-il pas raisonnable de penser que ce mécanisme quelconque est hors de la matière, hors de nos lois ?
Le vide quantique est capable de donner naissance spontanément à de matière/énergie par des mécanismes naturels - mais, paradoxalement, le "vide" quantique, c'est déjà quelque chose : il faut qu'un champ quantique préexiste, même si le susdit champ ne contient rien*.
Bon, ceci dit, puisque vous postulez l'existence d'un objet qui échappe à nos lois physiques et à l'Univers que nous connaissons - et il en existe peut-être, je n'en sais rien - vous empêchez toute spéculation valable d'être faite sur la nature de cet objet. Puisqu'il est inaccessible à la déduction, à la réfutation - en un mot à la méthode scientifique et plus globalement à la raison - on peut imaginer tout et n'importe quoi à son sujet. Si vous décidez de faire abstraction des lois de la physique ordinaire et notamment des principes de causalité, cet objet peut aussi bien être le néant absolu, Dieu, le vide quantique (le champ quantique étant alors considéré comme ayant été là de toute éternité), ma belle-mère, un calmar géant ou Laurence Tisdall (quelle horrible perspective !).
J'avoue que le vide quantique a ma préférence personnelle - car il fait appel à des mécanismes naturels. Comme je l'ai déjà dit, faire appel à des mécanismes surnaturels pour répondre à une question, même lorsque l'on n'a pas encore de solution naturelle**, revient à choisir la solution de facilité - et à paralayser tout esprit scientifique.
*C'est ce que j'ai lu d'après plusieurs physiciens. Evidemment, ce sont des questions qui vont au-delà de ma compétence personnelle - et il y a sûrement des controverses dont je n'ai pas entendu parler à ce sujet.
**Par exemple, il y a eu une époque où il était impossible de décrire le mécanisme de la vie par des causes purement naturelles. On aurait alors pu imaginer des mécanismes surnaturels - mais on aurait eu tort, car de longues recherches ont fini par avoir raison de ce problème. Le problème des origines de l'Univers n'est intrinsèquement pas différent de celui de la vie - et ce n'est pas parce qu'il y a un trou dans nos connaissances à cet endroit-là qu'y écrire "Dieu" (ou "mécanisme surnaturel quelconque") est plus rationnel qu'y écrire quoi que ce soit d'autre. A mon avis, le mieux est encore de poursuivre les recherches à ce sujet au lieu de choisir la solution de facilité.
« nous montre bien l'émergence de systèmes organisés où les parties interagissent. »
Oh ! J’aimerais que vous développiez là dessus !
(grand soupir...) Ecoutez, vous allez sur Google et vous faites une recherche à "chimie prébiotique" (ou "prebiotic chemistry"). Vous lisez les résultats : vous cherchez les résultats qui mentionnent les cristaux d'argile, les vésicules prébiotiques (on parle parfois de "coacervats"), les structures dissipatives, etc. Mais je n'ai pas envie de me lancer dans un débat de plus sur les origines de la vie.
Pour me prouver que c'est impossible, Julien me cite cette merveilleuse phrase :
« ... Yet, under ordinary conditions, no complex organic molecule can ever from spontaneously but will rather disintegrate, in agreement with the second law. Indeed, the more complex it is, the more unstable it is, and the more assured, sooner or later, is its disintegration. Photosynthesis and all life processes, and life itself, despite confused or deliberately confusing language, cannot yet be understood in terms of thermodynamics or any other exact science. »
Impressionnant, n'est-ce pas ? Sauf que lorsque vous lisez plus bas, vous vous apercevez avec joie que cette référence est en fait... un Pour la science* de 1977 ! Quand on sait à quelle vitesse évoluent les connaissances dans ces domaines, quand on sait que Prigogine venait juste d'avoir son prix Nobel, on peut juger de la haute valeur qui doit à bon droit être accordée à cette citation.
*Il ne s'agit pas de Pour la science stricto sensu, mais de son édition américaine (Scientific American)
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