Pas vraiment. D'une part l'article a été publié avec un avertissement préalable concernant les doutes entretenus sur la validité des résultats et la condition sine qua non des expériences sous contrôles d'un comité extérieur au labo. D'autre part, Benveniste s'est ridiculisé lui-même par sa manière d'agir et ses communications claironnantes dans les médias.
Le reproche qu'on peut faire à Nature est d'avoir cherché à faire dans le sensationnel, alors qu'au moins un des arbitres refusaient catégoriquement l'article (et, pour publier dans Nature, généralement, un avis légèrement défavorable est une cause de refus... Seulement Benveniste est un "nom" dans le domaine).
David: "Il s’est même fait mettre un peu plus tard à la porte de son labo..."
N'importe quoi. Surtout qu'il était le patron de son lab. L'Inserm l'a subventionné longtemps après (plus de deux ans). Je pense même qu'il a été subventionné jusqu'à ce qu'il déraille vraiment dans les "anti-corps électroniques".
David: "le problème, c’est qu’il n’y a pas si longtemps, une chercheure voulant en finir avec la « mémoire de l’eau » a répété l’expérience... et elle a obtenu les même résultats que Benveniste..."
Ce n'est pas vrai. Une autre chercheure a eu du succès... mais c'est la même qui a entraîné Benveniste sur cette piste lorsqu'elle travaillait dans son labo. D'autre part, The Guardian n'est pas spécialement un journal scientifique, ou particulièrement équipé pour juger d'une découverte scientifique. Il y a des erreurs dans l'article (entre autres: la méthode de Benveniste est fautive parcequ'il a utilisé un paradigme peu fiable (la dégranulation des basophiles).)
David: "Et bien le chercheur jette à la poubelle les 9 « mauvais » résultats pour publier celui qui confirme sa théorie..."
Un chercheur qui fait ça est un fraudeur. Pour être moi-même chercheur, je n'en connais pas. Des résultats d'expériences peuvent être considérés mauvais, mais il faut une raison logique pour qu'ils soient rejetés (surtout des problèmes techniques). De plus, la majorité des résultats sont donnés avec une étendue de variabilité - rien n'est parfaitement reproductible -, et c'est cette variabilité qui est importante. De plus, un chercheur ne travaille jamais seul mais il s'insère dans une "communauté" qui partage des intérêts, un domaine commun. La science s'autocorrige comme ça: par la critique et la tentative de "destruction" des résultats (surtout des autres, car les nôtres sont les seuls valables ;-) ); et ces critiques ont souvent lieu avant publication, quand on recontre d'autres chercheurs dans des congrès, par exemple. Au fins de publication, on ne peut pas choisir ce qui nous convient et ce qui ne nous convient pas car des résultats trop correspondants à notre théorie paraîtraient bizarres et ne seraient pas reproduits. Si votre Harp n'a pas fait passé son idée, c'est peut-être que celle-ci ne valait rien aux yeux de la communauté des astronomes (et ne me ressortez pas Galilée ou Bruno, ça serait ridicule).
Jean-François
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