Il y a eu en 1996, à Tucson en Arizona, un grand congrès international dont le sujet était "Vers une base scientifique de la conscience". Je te cite le passage de Québec Science qui rapportait cette réunion:
"Ce "Woodstock de la neurologie", pour reprendre l'exclamation admirative d'un des participants, a réuni une brochette plutôt disparate de philosophes, psychologues, médecins, biologistes et physiciens. Sans oublier des spécialistes de l'interprétation des rêves et des drogues hallucinogènes! Pendant ces quelques jours de haute voltige intellectuelle, peu de choses ont fait l'unanimité. Mais les participants ont quand même dressé un bilan positif de leur expérience: grâce à l'évolution fulgurante des neurosciences, la conscience n'est plus la boîte noire qu'elle était jadis. On s'est même entendu sur certains points relatifs à son origine. Ce qui n'est pas rien. "
Un de ces consensus, c'est que c'est le cerveau, et donc la matière, qui engendre l'esprit. "L'activité des neurones, les cellules nerveuses, est à l'origine de tous les processus mentaux comme l'apprentissage, la mémoire, l'attention, la perception et le langage, dit le neurobiologiste François Richer, qui dirige le Laboratoire des sciences cognitives de L'Université du Québec à Montréal. La conscience, qui émerge de toutes les autres propriétés du cerveau, ne fait pas exception."
J'ai trouvé ça dans le Québec Science d'avril 1996. Le reste de l'article fait une synthèse intéressante des opinions des principaux chercheurs d'ici sur ce problème de la conscience et du cerveau. Malheureusement, le site www de Québec Science ne contient que les articles publiés depuis mai 1996…il te faudra donc aller à la biblio si tu ne l'as pas.
On trouve aussi dans cet article un court résumé des expériences de Benjamin Libet, expériences qui ont tant impressionné Axle/Coucou (même si manifestement, comme presque tous les sujets qu'il aborde ici, il n'y a rien compris). On mentionne également les objections apportées par de nombreux chercheurs aux conclusions de Libet (conclusions bien matérialistes, contrairement à ce qu'insinue toujours Axle/Coucou).
La recherche que tu mentionnes sur le cerveau d'Einstein a été effectuée par Marian C. Diamond (University of California à Berkeley). Celle-ci a comparé quatre échantillons prélevés sur le cerveau d'Einstein avec quatre échantillons prélevés sur des cerveaux mâles (11 en tout pour un total de 44 morceaux à peu près de la taille d'un carré de sucre). Les échantillons provenaient de zones réputées être le siège des facultés supérieures du cerveau (lobes frontaux et pariétaux). Le nombre de cellules gliales par neurone augmente régulièrement dans l'arbre évolutif et il est plus élevé chez des rats élevés en milieu enrichi qu'en milieu pauvre; d'où l'idée qu'il puisse y avoir une corrélation entre l'intelligence et le rapport cellules gliales/neurones.
Elle a effectivement constaté pour Einstein un plus grand nombre de cellules gliales dans chacune des quatre régions (mais le résultat n'était statistiquement significatif que pour l'aire pariétale inférieure). De plus, elle l'admet volontiers, il est difficile de tirer des conclusions à partir d'un seul cerveau. Il aurait fallu au moins 11 cerveaux d'Einstein :-)
Le rapport cellules gliales/neurones plus grand témoignerait d'une plus grande richesse de connexions entre les neurones. Les cellules gliales sont d'autant plus nombreuses que le nombre de connexions est élevé. Je crois que dans cette étude, elle comptabilisait toutes les cellules gliales et pas seulement les microglies. Ces dernières, si elles ont effectivement pour rôle de débarrasser le système des déchets et des cellules mortes, n'interviennent pas, à ma connaissance, dans la destruction de neurones vivants afin de " dégager des circuits " particuliers. Mais ça me dit quelque chose, si j'ai le temps, je vais essayer de trouver quelque chose là-dessus.
Gilles
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