Rien ne pousse un organisme à évoluer pour le simple fait qu'un organisme pris isolément n'évolue pas (sinon ontogénétiquement): ou il possède des différences marquées d'avec ses géniteurs, dues au brassage génétique, et il peut être considéré comme une étape évolutive s'il arrive à se reproduire, ou il est semblable à ses géniteurs et il continue l'espèce.
Vous prenez le problème à l'inverse en supposant que l'animal est poussé, survit puis s'adapte. C'est plutôt l'inverse. Un poisson ne sera pas "poussé" hors de l'eau. Il ira si l'occasion se présente, par hasard (une trombe le pousse hors de l'eau). S'il survit à l'expérience (ce qui nécessite une certaine adaptation pré-existante; qu'il ne soit plus vraiment un "poisson") et s'il y a un intérêt pour lui à recommencer l'expérience (source de nourriture), il le refera. Au cours du temps, les "poissons aventureux" les mieux adaptés coloniseront plus facilement le nouveau milieu, et laisseront une descendance dans laquelle l'adaptation amphibie sera de mieux en mieux exprimée. Puis, l'occasion se présentera pour un membre de cette descendance d'aller plus loin du bord de l'eau. S'il est adapté à une certaine sécheresse, il survivra et pourra à son tour coloniser ce nouvel environnement.
Pas besoin de transition franche, le milieu de départ est généralement toujours disponible. Il suffit que l'animal puisse faire quelque chose de nouveau (parce qu'il est différent de ces ancêtres, qu'il a muté) et que ce quelque chose soit profitable (positivement sélectif), pour que cette capacité à faire ce quelque chose soit préservée.
Candide: "Ca vous parait crédible ça?"
Si on n'en fait pas un résumé aussi abrupte que le vôtre, et si on se rappelle qu'on ne parle pas d'un animal mais de millions (voire milliards) de générations, parfaitement. Il est évident qu'un poisson "poussé" par on ne sait quoi de conscient, qui sort de l'eau puis change ses branchies en poumons, ça n'est pas crédible. Mais, la colonisation (plus ou moins) progressive d'un nouveau milieu, suite à la sélection de ceux qui possèdent des capacités de plus en plus adaptées à la survie dans ce milieu. Ca n'a rien de trop dérangeant. On trouve des exemples de toutes ses étapes dans la nature; et la colonisation d'un nouvel écosystème répond à ce principe.
Jean-François
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