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Analyse de certains sites orgonomistes - 1


Postée par Jean-Francois , Jun 06,2000,05:27 Index  Forum

Ody : " À moins que vous ne jugiez par avance que tout est faux, je suis convaincu que vous saurez trouver des éléments intéressants "

Je juge beaucoup moins " par avance " que vous (i .e., votre jugement sur " les " sceptiques). D'autre part, je pars du principe que les auteurs des textes proposés (ainsi que vous-mêmes) sont de bonne foi. Je ne prétends pas savoir ce qui est vrai ni ce qui est faux dans l'absolu. Je ne peux que savoir si quelque chose se tient scientifiquement parlant, et encore, plus particulièrement quand cela touche aux domaines dans lesquels je suis compétents. Ici, je suis bien placé pour parler des phénomènes biologiques et neurophysiologiques.

Ody : " Quand vous aurez lu tout cela avec calme et ouverture, alors nous passerons aux compte-rendus détaillés, ça vous va? "

Bien que je n'aime pas tellement votre ton, disons que ça me va. Seulement, j'espère que vous allez tenir parole et me fournir ces comptes-rendus, et non faire capoter la discussion sur la seule base de mes conclusions. En effet, bien qu'ayant lu attentivement ces textes et ceux proposés par " Julia " (je le prouve par mes commentaires plus bas), je vous averti en prologue que n'y vois aucune preuve de la réalité de l'orgone. Sur les liens, deux références renvoient à un texte bourré d'allusions mystiques et peu scientifiques (les articles du livre de DeMeo), dont je relèverai quelques erreurs importantes. Ceux concernant le " biological laboratory " ( http://orgone.org/IOOeng/biolabor.htm ) pourraient être intéressants; malheureusement, ils sont souvent épouvantablement mal traduit de l'allemand, au point d'en être parfois illisibles, et buttent sur un problème de base (toujours le même). L'article de Pacheco est une hypothèse parfaitement théorique accolée à une autre hypothèse théorique (plus empiriste) et choisie pour son adéquation avec la première, elle ne démontre en rien la réalité de l'orgone mais montre que l'auteur croit que l'orgone existe et peut mieux expliquer d'autres théories (ce qui est d'une grande prétention de sa part). Une autre est un article de physique sur lequel je ne porterai pas de critique (contrairement à vous, qui prétendez être capable de tout juger, je connais les limites de mes connaissances).

Pour limiter la discussion, je me suis donc concentré sur les articles de DeMeo et le site du " biological laboratory ". Ces deux références me semblent contenir toute l'argumentation de base en faveur de l'orgone, qui est déclinée de manière redondante sur d'autres sites. Il est évident que je vous laisse libre d'amener d'autres preuves si vous en trouvez. Simplement, je vous prierai de sortir de l'argumentation limitée que je dénonce plus bas et de trouver des arguments plus sérieux.

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Les articles du livre de DeMeo :

Je me suis principalement penché sur les chapitres que vous proposiez. Je n'ai pas lu en entier les autres articles du livre de DeMeo accessibles, mais y ai jeté un oeil.

Une remarque d'ordre générale : il n'y a aucune référence accolées dans le texte, surtout vis-à-vis des affirmations les plus critiquables. Ca peut être normal pour un livre de vulgarisation mais je vous ai demandé des références prouvant l'existence de l'orgone. Je considère donc que vous tenez ce livre en estime particulière et les arguments développés pour sérieux. Spécialement pour le chapitre 5 : " Objective Demonstration of the Orgone Energy ". Si j'ai tort, dites-le moi.

Je n'ai ni le temps ni l'envie de relever toutes les erreurs, déformations, omissions, ou lacunes, de nature scientifique ou logique, que j'ai remarquées dans le texte. La tâche serait trop fastidieuse, et aussi un peu vaine car beaucoup sont répétées tout au long du texte. Comme il n'y a nulle part de compte-rendus d'expérience ni d'indication de ce que pourraient être les preuves les plus plausibles en faveur de l'orgone, je pose donc certains points que je juge importants, et qui me font penser que ce texte n'est pas basé sur un raisonnement scientifique valable. J'apporte aussi des exemples ponctuels qui montre que DeMeo ne connaît pas tellement certains des sujets qu'il aborde.

Chapitre 5 ( http://www.orgonelab.org/orac_05.htm ) :

Ce chapitre aurait du être le plus détaillé car il est le chapitre essentiel quant à la preuve de l'énergie orgone. Ca aurait du être une suite logique d'observations articulées dans un texte cohérent, démontrant l'idée de l'orgone à partir du tout début. On a, au contraire, une liste d'éléments disparates, non articulés entre eux et dont on ne peut saisir ce qui les uni, sauf en prenant la théorie pour acquise. On a donc une liste de points concernant : a) des techniques (en fait, des variations d'utilisation de l' " orgone accumulator ") qui sont postérieures au développement de la théorie et complaisantes à celle-ci, b) d'observations qui sont venues s'y greffer en tant que " qu'éléments ajoutés à la preuve " qui utilisent ces techniques, et c) d'observations utilisant d'autres techniques. Les catégories a) et b) ne peuvent pas prouver la théorie car elles ne sont pas indépendantes de la théorie, et entraînent une réflexion tautologique ; elles ne supportent absolument pas l'" objectivité " prônée dans le titre du chapitre. Je ne vois que quatre points sur les 16 avancés qui sont suffisamment indépendants pour permettre une réflexion : les points A), C), D) et M).

Les points A) et M). Je ne vois absolument aucune raison de les avoir séparés. Le fait que DeMeo l'ait fait est une autre indication que ce texte est conçu comme une accumulation d'éléments disparates et non une démonstration. Ceci dit, le point A) est à la base même du système, et vaut la peine d'être recopié ici :
" Bioelectric Fields: Reich identified various bioelectrical phenomenon which he felt demonstrated a more powerful energy current at work in the body. The small millivolt currents of "bioelectricity", he argued, were only a small portion of this stronger energy current in the body, which he identified as being both emotional and sexual in nature, and which was later objectively identified as the orgone energy "

Je vois dans le passage du " felt " (sentit) au " objectively identified " (indentifia objectivement), en passant par le " argued " (soutint), toute la " profondeur " de la démonstration qui n'est que rhétorique. Aucun élément, en effet, n'est explicitement soutenu par les rares faits apportés ici et dans le point M) ; de plus, l'interprétation de ces derniers sont souvent fallacieuse. En fait, il existe quelques faits démontrables : on peut effectivement récolter des variations faibles de potentiel sur des êtres (ou des tissus) vivants et des variations de potentiels lors de phénomènes electromagnétiques plus complexes (et inertes). Mais, tout le reste est pure spéculation, que ce soit le " both emotional and sexual in nature ", le " Virtually all objects and organisms within a given environment, to include the air, water, and the Earth itself, have a charge that will increase and decrease in a cyclical or pulsatory manner, timed to cosmic and meteorological factors " (point M), ou le " ubiquitous natural phenomena which energetically linked together the Sun, Moon, Earth, weather systems, and all living creatures " (point M). Rien ne prouve que la vision de Reich est vraie et rien n'est apporté comme preuve qu'il ne s'agit pas de phénomènes différents. En fait, la parole de Reich est posée comme indiscutablement juste (écrire " objectively " n'est pas une preuve indiscutable d'objectivité ; ici, c'est même le contraire, puisque ça permet de taire tout contrôle sur l'objectivité de la preuve). Moi, j'aimerai bien qu'on me montre l'expérience qui a prouvée que l'énergie " de nature émotionnelle et sexuelle " est celle qui relie " le soleil, la lune, la terre, les systèmes météorologiques et toutes les créatures vivantes " (la sexualité de la terre ne doit pas être banale !). J'aimerai aussi qu'on me prouve que la " pulsation " des potentiels est bien dues à une " énergie en phase avec des facteurs cosmiques et météorologiques " ; car, au-delà de La poésie de cette image, je n'y vois pas plus de concret que dans le co(s)mique astrologique. Je passe beaucoup de mes journées a faire des enregistrements électrophysiologiques (avec un appareillage beaucoup plus sophistiqué que celui que devait utiliser Reich) et je n'observe pas ce genre de " pulsation ", donc je réclame une preuve formelle qui n'est même pas envisagée ici. J'observe encore moins les caractéristiques d'une énergie ubiquitaire car les valeur de différence de potentiels sont extrêmement dépendants d'où l'électrode est située. Par ailleurs, il est maintenant connu, car on a longuement testé les appareils de mesures du voltage, que les matériaux qui ne sont pas bons conducteurs d'électricité peuvent montrer des variations de potentiels, qui sont dus qu'à des causes physiques (variation d'humidité, de température, etc.). Il n'y a rien dans le texte qui permette de croire que Reich a fait la part de ces problèmes dans l'établissement de sa théorie, ce qui pourrait (à la rigueur) s'expliquer, mais DeMeo ne l'a pas fait non plus. Pourquoi ? Je crois que c'est parce qu'il refuse de confronter ce qu'il affirme avec la réalité de la recherche d'aujourd'hui car c'est ce qui revient le plus souvent dans son texte : la hantise de ce qui contredit Reich. En se réfugiant dans une théorie fourre-tout, Reich et DeMeo dédaignent beaucoup d'explications avérées pour des phénomènes divers (entre autres, celles concernant la nature biochimique de l'" énergie " nerveuse, par exemple, discuté plus loin), au profit d'une seule unification qui perd tout son sens car ils ne peuvent pas la prouver. Ce n'est pas du tout une attitude scientifique.

Les points C) et D) pêchent par les mêmes imprécisions, d'une part, et refus d'envisager d'autres explications, d'autre part. Ils ont un défaut supplémentaire, qui est de faire intervenir en partie une machinerie orgo-énergétique avant que la preuve de l'orgone ne soit établie. Ils font penser, en plus, aux manifestations ectoplasmiques, dont ils possèdent la même évanescence. Le point C) parle de " scintillating fog-like forms ", " luminescent pin-point of lights " qui sont présenté comme des manifestations de l'orgone, point final. Aucune mention n'est faite à de possible illusion (phénomène de persistance rétinienne, par exemple, qui explique très bien ces points lumineux). D'autre part, malgré qu'il n'en dit pas long, DeMeo trouve le moyen d'être un peu léger dans sa démarche : il commence par dire que ces phénomènes sont visibles dans le noir après accoutumance des yeux (faites l'expérience, vous verrez que cela ne marche pas si l'œil est vraiment bien accoutumé et le noir total), puis après, il mentionne que ce phénomène est observable de jour… Je veux ! Faites l'expérience : regardez une surface brillante puis tournez les yeux vers un coin de luminosité différente… c'est exactement ça la persistance rétinienne ; phénomène bien étudié, que l'on a même montré lié au temps d'inactivation de certaines protéines dans les photorécepteurs. Le point scientifique n'est pas envisagé, seul compte la construction d'un " room-sized orgone accumulator " (qui me fait penser au microscope énorme de Gatti, comme si gros voulait toujours dire " qui trouve la vérité ") qui aurait prouvé la réalité " objective " de ces manifestations ; ici encore, nous devons prendre sa parole car aucun élément ne nous permet de juger. Rien, non plus pour soutenir l'affirmation que la terre possède sa propre enveloppe d'énergie orgone. Sur le point D), rien n'est dit quant au tests qui auraient pu démontrer que ces " fantômes " sont des artefacts. En fait, tout porte à croire que les seules explications envisagées sont celles qui font intervenir l'orgone, le reste a été ignoré. (Il est évident aussi que l'on ne peut tenir compte d'affirmation comme : " He published several photos where the ghosts were purposefully created by excitation of orgone energy within the field of the x-ray machine ", en tant que preuve. Ce serait présumer que l'orgone existe avant que la démonstration ne soit faite.) Ces points, comme les autres, ne montrent rien par eux-mêmes et ne prouvent rien sinon que des explications alternatives n'ont pas été retenues.

Les défauts majeurs de ce chapitre sont que rien n'est explicité sur la suite logique des observations qui auraient conduit à la théorie et que celle-ci est considérée comme vraie indépendamment de toute la recherche, souvent contradictoire, qui se fait dans les différents domaines qu'elle est supposée toucher. Il aurait été très facile de remédier au premier point, en posant des détails clés et un peu plus de précision dans l'enchaînement logique de la réflexion mais cela n'a pas été fait. Si quelqu'un conclut à la preuve sur ces bases, c'est qu'il est prédisposé à croire sans éléments. D'autre part, et je ne m'étendrai pas là-dessus, il existe un nombre faramineux d'observations et d'expériences qui contredisent la théorie de l'orgone. Rien n'est dit sur celles-ci, ni sur comment la théorie de l'orgone a un pouvoir explicatif ou une adéquation à la réalité supérieurs à ces théories concurrentes. Cet " oubli ", dans le cadre d'une discussion qui se veut objective, montre qu'il y a plutôt volonté de censurer ce qui pourrait nuire à la théorie. Dans un sens, c'est un aveu indirect de sa fragilité.

Chapitre 6 :

Ce chapitre est tout aussi symptomatique du caractère non-scientifique de l'approche de DeMeo. Il commence par tourner son texte de manière à laisser croire que des systèmes qui n'ont rien de scientifiques ont montré l'existence d'une " énergie non conventionnelle ", que ce soit l'acuponcture ou le système indien qui lui est similaire, le mesmérisme ou l'élan vital. Il ne pose aucun regard critique sur ces théories, en particulier sur leur côté non-scientifiques, et les tient pour parfaitement adaptables à la science occidentale. Il n'envisage les divergences que pour souligner qu'il semble manquer une " énergie universelle " à la science moderne, qui permettrait la réunion des idées de Reich (avec toutefois des ajustements des autres théories, car Reich a mieux fait que tout le monde). Le reste du texte est une suite d'exemples de personnages qui ont lancé l'idée d'une " énergie universelle " et dont les travaux sont présentés selon une recette bien précise : on dit que Machin ou Chose a prétendu ceci ; on dit qu'il a trouvé des manifestations indubitables de cette " énergie universelle " ; Machin ou Chose se retrouve dénigré par ces pairs et est forcé de mourir/s'exiler/disparaître. DeMeo n'oublie pas de préciser vers la fin que Reich est le meilleur et celui qui a fait le plus progressé la découverte de cette énergie mais que, lui aussi, a été en butte à l'" establishment scientifique ".
Ici encore, il n'y a aucune tentative de synthèse. Contrairement à un texte véritablement sérieux, ou l'emphase serait mise sur les faits et les avancées qui ont découlées de ces faits, toute la démonstration de DeMeo consiste à proclamer que les martyrs avaient raison parce que la preuve qu'ils avaient raison est qu'ils ont été ignorés par la communauté scientifique. A aucun moment, DeMeo ne laisse croire que s'ils ont été ignorés c'est parce que ce qu'ils disaient n'avait pas de sens. (Il procède aussi par la même pensée sélective - http://skepdic.com/selectiv.html - que Gatti avec ses " pistes inhabituelles qui ont toujours payé ", qui consiste à oublier les exemples qui ne conforment pas à ses idées.) A aucun moment, il ne prend la peine d'expliquer quels sont les arguments qui ont été opposés à ces théories. Pire, il prétend qu'il n'y en a pas eu, ce dont je doute très fort (sauf pour certaines théories, tellement absconses qu'elles ne valent même pas un commentaire). Il présente les choses comme s'il n'y avait qu'eut sauvage répression des " possesseurs de la vérité " par la Science Conservatrice et Officielle. On pourrait l'admettre, à la rigueur (et difficilement dans les exemples qu'il présente, toutefois), dans quelques cas… Mais, non ! Tous sont des réprimés, ce qui tend plutôt à démontrer la subjectivité de DeMeo, et sa tendance à choisir ces cas dans cette catégorie-la pour obtenir un effet pathétique… A moins qu'il n'y ait aucun exemple de théorie, qui soit à la fois admise par la " science officielle " et ouvre sur la théorie de l'orgone ? C'est bien possible, mais je crois qu'il y a une autre raison.
En effet, sa manière de procéder au cas par cas est aussi un exemple du biais mystique imprimé dans sa démonstration. Une démonstration scientifique devrait proposer une intégration des faits dans une théorie et une explication des faits divergents. En prenant chacun des cas séparément, DeMeo s'évite la peine d'expliquer sérieusement en quoi ces théories ne sont pas contradictoires, ou en quoi ces théories supportent l'idée de l'orgone. Il agit comme si toutes les théories pouvaient expliquer les mêmes faits, même si elles peuvent être mutuellement exclusive par certains points. En agissant ainsi, DeMeo s'évite aussi la tâche ardue de discuter en quoi les théories proposées sont " supérieures " aux théories prépondérantes dans la communauté scientifique. En effet, en isolant chaque théorie, il ne rend pas nécessaire la synthèse des faits : chaque théorie est valable en et par elle-même et n'a de compte à rendre à personne. Seulement, ceci n'est absolument pas valable dans un domaine scientifique où chaque observation doit soit s'intégrer dans le modèle théorique prédominant, soit permettre de changer ce modèle en ouvrant des perspectives différentes. De plus, cette manière d'agir, et DeMeo ne semble pas s'en rendre compte, a pour effet qu'aucune des théories amenées pour soutenir l'idée d'une énergie " universelle " ne soutiennent en aucun cas la théorie de l'orgone ; tout au plus, elle forme un tas de théories disparates. En agissant ainsi, DeMeo établi un credo (la parole de Reich) qui ne peut être confronté à d'autres modèles existant. Une attitude qui est plus proche du mysticisme religieux que de la science.

Enfin, dans son texte, DeMeo affirme des choses parfaitement fausses. Je ne prends que deux exemples que je connais bien, mais je suis persuadé que des habitués (pas même des spécialistes, tellement les connaissances de DeMeo semblent superficielles) d'autres domaines trouverait des errements similaires (Mondreiter pour la météo, par exemple).

Exemples de manque de connaissances de DeMeo :

Dans le paragraphe sur Becker : " humans. Regrowth of an amputated limb had never been previously demonstrated in a mouse, or any mammal for that matter. Becker's work was a severe blow for both the biochemical DNA theory of cellular regulation, and the theory that the bioelectrical field of a creature was just a meaningless "byproduct" of chemical metabolism, like the electric field surrounding a running automobile engine "

On jugera de la sévérité du " coup " porté aux théories des " champs bioélectriques " et de la " régulation cellulaire par l'ADN " en consultant - un exemple parmi des milliers d'autres - l'article de Reckling, Funk, Douglas, Bayliss, Dong et Feldman, publié dans Physiological Review, avril 2000, volume 80, pages 767-852. Cet article de revue de littérature (récent, et non des années trente-quarante), essentiellement basé sur les études de la physiologie des neurones moteurs (cellules nerveuses responsables de l'innervation musculaire), cite 1435 références, dont plus de 500 concernent des travaux sur les canaux ioniques responsables du bon fonctionnement de ces cellules (et à la base de la " théorie des champs bioélectriques ") et quelques centaines font intervenir des notions de génétique. De l'orgone ?… rien ! Des travaux de Becker ?… Rien ! Rien non plus dans Glover (même volume, pages 615-647), article de revue concerné par le développement des motoneurones et de leur innervation (principalement des mécanismes moléculaires, dépendants de l'expression génique), et qui se penche sur les manipulations des membres (transplantations, éliminations, etc.). Bref, absolument rien qui supporte une pareille affirmation : " [h]is work proved that the energy field of the animal was a primary determinant of growth and repair, as was the case with Reich's work ". Au contraire, on peut montrer que quand ont peut mesurer des champs énergétiques (électriques, généralement), ils sont sous-tendus par l'activité physiologique (principalement biochimique) des tissus. Ces champs sont donc le " byproduct " de l'activité et non le " primary determinant ".

De plus, bien que travaillant avec des gens intéressé par la régénération nerveuse et musculo-squelettique, je n'ai jamais entendu parler de la machine de Becker au potentiel tellement prometteur (elle promettait de faire repousser les membres perdus aux humains)… Seulement, que voulez-vous, la soi-disant " science officielle " était contre lui : " when the biomedical community reacted with severe outrage against him, pulling dirty tricks of all sorts to have his research funding cancelled, and his laboratory shut down ". DeMeo ne donnant aucune référence ou argumentaire particulier de ses dires, et RO Becker étant parfaitement absent de PubMed, il est plus sain de croire (jusqu'à preuve du contraire) que Becker n'a jamais obtenu de résultats valables.

Notez aussi ce qui résume bien la pensée pseudo-scientifique (par son côté absolument indémontrable) derrière ce texte : " … a meaningless "byproduct"… ". Pour DeMeo, il faut que les phénomènes biologiques aient une raison d'être, idéalement spirituelle et holiste… que les choses existent comme ça, sans raison ou but particuliers, est impossible.

Paragraphe sur Benveniste : " Jacques Benveniste, actually demonstrated such an energy principle at work in homeopathic dilutions "

D'une part, on sait tous ce qui advint du fameux principe de la mémoire de l'eau, toujours non prouvé à l'heure actuelle. Avec Benveniste qui a en plus déraillé méchamment, cela diminue d'autant l'intérêt rétrosceptif de la référence à ce chercheur dont la crédibilité en a pris sacré un coup. DeMeo aurait du attendre que la situation soit éclaircie avant de l'intégrer dans sa liste (texte écrit en 1989). D'autre part, je ne vois pas le rapport entre le travail de Benveniste et l'orgone, et DeMeo n'est pas plus clair là-dessus. Tout ce paragraphe semble être là uniquement pour renforcir l'idée de la persécution des martyrs (homéopathes, orgonomistes, etc.) par la science " officielle ".
Cette dernière remarque est vraie pour le paragraphe sur Kervran.

Ces chapitres de DeMeo proposent une vision extrêmement partisane de l'orgone : aucune argumentation factuelle n'est véritablement établie ; aucune synthèse des éléments disparates n'est tentée ; les " preuves " de l'existence de l'orgone sont soit floues, soit fausses, soit reposent sur des techniques postérieures à l'établissement de la théorie, dont on peut douter tant que la théorie n'a pas été démontrée ; aucune critique n'est abordée dans une vision constructive basée sur des faits, mais dans une vision basée sur la(es) théorie(s) et " parcellisant " les faits, afin d'éviter la confrontation avec des théories mieux établies ; la technique principale d'argumentation est le recourt à la pitié (l'écrasement par une soi-disant " science officielle ", ni définie ni démontrée) ; il y a une ignorance totale des progrès de la science des soixante dernières années.

Et vous trouvez ça plausible ? Pas moi.


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