Pas d'accord. D'abord, je ne crois pas que l'Église catholique ait jamais vraiment séparé la connaissance en «champs», comme le fait ce naïf de Gould. Le Vatican utilise les mots, mais la volonté de coloniser (ou de maintenir son contrôle de) la pensée humaine dans son ensemble reste entière (attention, je dis bien la volonté, sans égard au succès effectif). Si le Vatican ne participe (cad ne contrôle) plus le débat scientifique comme il le faisait jusqu'au siècle dernier, c'est simplement qu'il est entièrement dépassé par les développements, et non par choix.
Cela dit le discours reste, et c'était d'autant plus vrai il y a 30 ans, que ce qui compte, ce qui est important, c'est la religion, le système de croyance imposé. Imagine-toi un curé, même un curé progressiste, te dire que ta vie n'est pas complète sans connaissance scientifique. Ils te diront tous, par contre, qu'il n'est à peu près pas la peine de vivre sans «connaître dieu» (ou quelque ineptie du genre). Si on reconnaissait vraiment la sience dans son domaine, et pas seulement en paroles, il y aurait longtemps que le Pape aurait fait rempaqueter le Suaire de Turin au lieu de niaiser autour du net. Et là on parle d'une religion établie quand même relativement progressiste (je souligne *relativement*).
Bon. Prends tout ça et recule dans un monde fermé, sclérosé, autoritaire, réfractaire au changement et à l'étranger (disons, l'Alberta. Bin non, je rigole, là. Quoi que.). Dans un monde pareil, si on peut faire de la science sans se faire déranger (SI: en fait, le clergé ne se gênait pas pour dénoncer tout un paquet de domaines scientifiques, ce qu'il fait d'ailleurs toujours, pense au clonage, à la parthénogénèse, etc.), c'est simplement parce que tout le monde «savait» que la science est sans importance, c'est un hobby d'excentriques destinés d'avance aux feux de l'enfer.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la relation nouvel-âge - science n'est pas simplement opposée. Les tenants de diverses zozoteries utilisent l'autorité scientifique (à travers des appels directs ou l'adoption de bribes de jargon) pour justifier tout un paquet de conneries (on en a une port-a-let pleine d'exemples sur ce forum).
Donc, il y a évidemment une nouvelle donne des «cartes culturelles» mais je ne crois pas qu'on puisse conclure que la démarche scientifique est en perte de prestige ou qu'elle soit en train de disparaître de la culture générale. Comme toute connaissance, en se disséminant à travers le grand public elle prête à confusion, mauvaise compréhension, interprétations loufoques, etc. Je ne crois pas qu'il soit possible d'éviter ça.
|