J'ai déjà mentionné que la ville de Montréal-Nord est une des plus multi-ethniques de la ville de Montréal, dans son ensemble. Il n'y a pas si longtemps, c'étaient surtout les Italiens qui peuplaient Montréal-Nord, encore en majorité à l'heure actuelle, à la suite des Québécois blancs «pure laine» qui s'y sont établis. Puis les Grecs ont commencé à venir y résider, puis des blancs anglophones, suivis de Polonais, quelques Russes, des habitants d'Europe centrale et, depuis quelques années, la communauté haïtienne francophone, qui est en train de rivaliser en nombre avec les Italiens à Montréal-Nord, ainsi que des Noirs anglophones et francophones, des Porto-Ricains et des Sud-Américains, des émigrants du Moyen-Orient, des Hindous et quelques Asiatiques. Les Haïtiens ont maintenant leurs écoles, leurs centres communautaires, leurs églises (et leurs marabouts et médiums, comme je l'ai mentionné dernièrement, par la distribution de prospectus). (Je me base sur les noms des listes électorales et de quelques articles récents du journal local pour ce résumé). On y retrouve donc des catholiques, des anglicans, des musulmans, des hindouistes, des shintoïstes et des adeptes de sectes dont la plus active et prosélyte dans le coin est... les Témoins de Jéhovah. Je le sais parce que, au cours des mois précédents, j'ai reçu à 4 reprises la visite impromptue de ces derniers, sur le porche de ma maison. Et ceci m'amène au titre de ce message.
Première visite. Un couple de Québécois blancs francophones. Dès le départ, c'est l'homme qui me parle de la raison de sa visite, me tient la discussion sur la vie contemporaine, me parle de Dieu, me montre les revues, et, à la fin, me laisse sa documentation. La femme, pendant tout ce temps, a dit à peine deux mots d'approbation sur les exemples que me donnait son mari.
Deuxième visite. Un couple d'Italiens, avec leur fille, que j'ai la surprise de reconnaître comme des résidants de ma rue. Ils me parlent en français, l'homme surtout, avec les mêmes démarches (je devrais dire le même scénario). La femme ne fait qu'approuver les propos de son mari, la fillette se tient bien sagement aux côtés de sa mère. Quand ils partent, elle me dit «bonjour monsieur», avec un charmant petit accent.
Troisième visite. Un couple de Haïtiens, avec leur garçon. Qu'est-ce qu'ils font (ou disent, plutôt ?). Sensiblement le même baratin, mais la femme bouge un peu plus quand l'homme me montre la belle revue en couleur sur le paradis terrestre que Jéhovah va bientôt instituer sur terre, probablement même du temps de mon vivant. Il faut donc que je me convertisse au plus sacrant pour bénéficier du bonheur du paradis jéhoviste. À leur départ, l'homme me tend la main et je réponds à son geste. La femme tient toujours son petit bout de chou qui, lui aussi, est beaucoup plus gesticulant.
Quatrième visite. Deux femmes haïtiennes, dont une jeune dans la vingtaine et une quelque peu plus âgée. D'office, c'est l'aînée qui prend la parole, me parle de la bonté de Dieu de vivre dans un si beau pays, que Dieu m'aime certainement, et qu'elle visite les gens pour les aider à mieux connaître la parole de Dieu. La plus jeune écoute attentivement, et ne dit pas un mot tout le long de la discussion. À la fin, les deux me souhaitent bonne journée, avec un beau sourire.
Ah, au fait, je ne dois pas oublier non plus la visite de 2 représentants des Mormons, au début de l'année. Ceux-ci sont autant identifiables que les Témoins : toujours 2 hommes en complet veston noir et chemise blanche (quand je les vois, je me dis que les hommes en noir ou les Blues Brothers ont plagié sur eux...). Eux sont plutôt jeunes, parlent à tour de rôle, et abordent des sujets plus d'actualité. Mais, chaque fois qu'ils ont fait leur prosélytisme dans le coin, je n'ai jamais vu de femmes les accompagnant : à croire que les Mormons modernes se reproduisent par scissiparité, par clonage ou par parthénogenèse. Je n'ai jamais vu de femme faire du porte à porte, ou distribuer de la documentation. Rien que des hommes, plutôt jeunes, du genre businessmen modernes.
Il y a eu aussi des représentants d'Églises qui se disent chrétiennes, mais dont je ne me rappelle plus du nom. C'était soit un couple, dont l'homme monopolisait le discours, soit 2 hommes dont celui qui semblait le plus «initié» avait la parole, sous le regard approbateur de l'acolyte. Bon, où je veux en venir, avec ça ?
Je n'ai pas besoin d'élaborer, je pense que vous avez saisi mon idée. En deux mots, je veux dire que, même au Québec qui se dit évolué et l'endroit où le mouvement féministe est le plus actif en matière de «libération» de la femme, celle-ci est encore et toujours «soumise», lorsqu'elle fait partie de groupes religieux, en particulier en matière de prosélytisme. Les rares fois où elles se sont manifestées lors des visites des Témoins, c'était pour approuver les propos de leur conjoint ou de l'aînée. Par contre, la plupart des visiteurs étaient d'obédience chrétienne ou reliés à une église qui se disait telle. Je n'ai jamais eu la visite de Musulmans chez moi, ou d'Hindous, ou de représentants de toute autre religion, qui faisaient du porte à porte avec autant d'intensité et de ferveur que les Témoins, qui ont la palme à ce niveau.
Par contre, lors d'une visite sur le site de l'Hôtel-de-Ville de Montréal-Nord, lors d'une fête communautaire célébrant, justement, la multiethnicité de la ville (pardonnez-moi cette expression), j'en ai vu de tous les teints, de toutes les couleurs, et de tout accoutrement vestimentaire. Il y avait des musulmans (surement intégristes), dont la femme voilée de haut en bas suivait gentiment son mari, mais avec des enfants habillés à la moderne. D'autres femmes portant seulement le tchador semblaient un peu plus libres de leurs allées et venues. Des hindouistes reconnaissables au turban qu'ils portent fièrement sur la tête. Deux hommes portant le djellabah et la petite calotte typique, sur la tête. Des Haïtiens portant des vêtements colorés et swingnant sur la musiqe rock et disco qu'on entendait sur le site. Des ti-Blancs bien québécois qui fêtaient un brin pompette et une Mol à la main (ceusses d'icitte savent c'que j'veux dire...), des mamas avec leurs bambinos dans leur poussette. Bref, un vrai mini-ONU, et tout ce monde participait à la fête, en chantant, en dansant, en échangeant et en se mêlant à la foule...
Autrement dit, lorsqu'il y a fête populaire, il semble que les gens aient tendance à se rapprocher et à échanger ensemble, même si leur crédo religieux est très exigeant sur leur participation aux activités sociales. Évidemment, je n'ai pas demandé à tous et chacun ce qu'était leur religion, mais je suis sur que beaucoup des participants étaient membres des congrégations que j'ai mentionnées et qui, une fois revenu-e-s à la maison, en particulier les femmes, se retrouveront sous l'obligation d'«obéissance» et de soumission à leur mari, père, frère ou tout «mâle dominant» de la famille.
Bref, tout ça pour dire que l'emprise d'un groupe religieux, qui n'a aucune opposition dans le milieu où il règne, est très forte auprès de la population. Par contre, cette emprise semble diminuer ou se modifier, lorsque ces groupes religieux font partie d'une société plus vaste et plus «multireligieuse». Je ne sais si ma constatation est appropriée, mais sûrement que des gens qui connaissent la question, comme Jean-François ou Florence, pourront me faire leurs propres constatations, à ce sujet.
Bon, j'arrête ici : sinon je risque de causer un bogue en bloquant le forum par mon message long long long. Au plaisir de vous lire.
Claude
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