Ça me paraît évident: si la création est culturellement déterminée, ça veut dire qu'elle consiste en la «manipulation» de connaissances, et donc s'apparente davantage à la réflexion qu'à l'illumination soudaine (ce n'est pas tout à fait ça non plus, mais j'essaie de rester dans votre système dichotomique: c'est votre faute si la réalité refuse de se plier à votre vocabulaire). Sinon, comment expliquez-vous que l'originalité radicale que vous voyez partout soit si fermement liée à son contexte culturel? Écoutez, l'inspiration surnaturelle c'est très poétique, mais il faudrait que ça cadre avec l'observation, ne croyez-vous pas?
Il y a aussi une certaine forme de fierté (je reste poli) dans votre discours: en tant que créateur vous revendiquez une relation privilégiée avec le divin. C'est à la fois faussement humble («rien n'est de moi») et colossalement mégalomane (!). Vous oubliez, bien sûr, que la divinité, si elle se manifeste comme «originalité», n'est pas la seule chose qui permette de juger de la valeur/importance d'une oeuvre. Un travail peut bien être original (cad jamais vu) et pourri, donc dans votre language, à la fois «divin» et sans valeur. Plutôt paradoxal. Dieu et votre «âme» se paieraient-ils votre tête de temps à autre? Quels farceurs!
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