Ce n'est pas si évident. L'influence de la science sur la philosophie a le plus souvent eu des résultats lamentables, mais l'inverse ne me parait pas vrai.
La philosophie a souvent fécondé la science, même quand cette philosophie était fumeuse. Par exemple l'électromagnétisme doit beaucoup à la philosophie romantique allemande (sur cet exemple et d'autres du même genre, voir l'ouvrage de P. Thuillier "la revanche des sorcières").
Ou encore, dans le cas de la mécanique quantique, celle-ci est née en grande partie d'une dialectique entre idéalisme et matérialisme. Cette problématique est purement philosophique, et parce que Heisenberg et Schrodinger étaient chacun représentant de l'un de ces deux courants, ils ont chacun théorisé la mécanique quantique d'une manière différente. De la confrontation entre les deux a pu sortir la MQ telle que nous la connaissons.
Il ne faut pas sous-estimer les choix philosophiques qui sous-tendent les théories scientifiques, car ce sont souvent eux qui structurent la manière dont les chercheurs vont accrocher leur théorie aux faits. Galilée aurait-il expérimenté (et théorisé) si sa philosophie ne l'avait pas porté à croire que le livre de la nature était écrit en langage mathématique ?
En théorie, l'idée selon laquelle la science est autosuffisante et à peu près indépendante des autres activités culturelles, semble bonne - et la plupart des modèles épistémologiques se basent là dessus.
Mais en pratique, cela ne marche pas comme ça, et beaucoup d'historiens des sciences pointent du doigt le fait que ces modèles épistémologiques, tout logiques qu'ils soient, ne correspondent en rien à la manière dont se sont constituées la plupart des découvertes scientifiques. Pire que ça : si on devait faire la science de la façon dont, par exemple, Popper la décrit, il est fort probable que ce serait le meilleur moyen de rendre la recherche stérile, car en réalité beaucoup de grandes découvertes sont passées par des chemins bien peu rationnels.
Gaël.
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