On passe de "les Québécois", qui selon Pratte ont des vues soi-disant écologiques en préambule, à un comportement du "Québec" donné en contrepartie. Dans ce qui suivra du texte, c'est de la ministre Nathalie Normandeau qu'il est question, et non des "Québécois" mythiques évoqués dans l'introduction. Dire "le Québec" pour parler du gouvernement en place n'est pas optimal.Pratte a écrit :Depuis que le monde est préoccupé par les émissions de gaz à effet de serre, les Québécois n'ont pas manqué de regarder de haut les Albertains qui, à nos yeux, se vautrent dans la richesse acquise en exploitant les très polluants sables bitumineux.
Pourtant, le Québec reste très tenté, pour ne pas dire fasciné, par la possibilité qu'on trouve un jour ici des gisements de gaz naturel et de pétrole.
Alors pourquoi ce pourtant ? On pourrait supposer que si un ministère s'y penche, c'est qu'il a l'appui de la population, voire un certain encouragement. Qu'en est-il..? Pratte ne cite aucun sondage qui montre l'opinion populaire envers ce projet d'exploitation pétrolifère dans le Golfe.
Selon un sondage La Presse Canadienne-Harris-Décima (mars 2009), 49% des Québécois croient que les inconvénients engendrés par l'exploitation des sables bitumineux l'emportent sur ses bienfaits. Un autre ~22% ne se prononce pas clairement. Bref, 49% des Québécois sont contre les sables bitumineux; 29% sont pour.
Il reste à voir quel % de Québécois favorisent l'exploration pétrolifère dans le Golfe; si ce % est semblable à celui qui est "pour" l'extrapolation des sables, il n'y aurait pas de paradoxe ou de contradiction. Une autre explication possible serait que le gouvernement explore une alternative et jugera plus tard (BAPE, etc) s'il a l'appui de la population.
Du temps du projet Rabaska, par exemple (qui n'est pas de l'extraction mais qui quand même entraine des perturbations environnementales) la population locale était divisée. Qu'on pense à la centrale du Suroît, La Romaine et les mines d'uranium dans la région de Sept-îles, tous des projets qui suscitent la controverse au niveau local, chez les Québécois, pour des raisons écologiques (en partie) tandis qu'ils offrent des possibilités de développement énergétique et économique.
Et deuxièmement, qu'est-ce qui permet à Pratte de mettre ces deux états de fait en relief ? Ne devraient-ils pas être mitigés par un certain facteur qui tient compte de la pollution relative des deux méthodes ? Il faudrait voir les désastres écologiques et les effets sur la santé engendrés par ces deux exploitations, à volume total, pour savoir si on peut vraiment ne pas être (1) pour l'exploitation pétrolifère extracôtière tout en étant (2) contre l'exploitation de sables bitumineux. À ce que je sache, il y a peu de chances que les deux soient dévastateurs et pollueurs à quantité égale (d'abord on peut chiffrer les émissions de GES* des deux et comparer le reste séparément).
Enfin, c'est un autre édito de Pratte où il créé lui-même des "paradoxes" en opposant soit deux choses différentes, ou en opposant des choses semblables mais dont les proportions sont compatibles. Tout comme selon lui, il y a un paradoxe dans le fait qu'une certaine proportion de Québécois pense que le Canada est le meilleur pays au monde tandis qu'une minorité veut s'en séparer, ou que 11% des Québécois se disent attachés à la Reine ou la GG alors qu'on est supposé ne pas aimer cette institution.. Ici le paradoxe proposé est que le Québec semble pour l'exploitation extracôtière de pétrole local alors que la population est majoritairement (relativement) contre l'exploitation de sables bitumineux en Alberta.
*Wiki: "En produisant un baril de pétrole extrait des sables bitumineux, on génère trois fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que la production d’un baril de pétrole classique" -> à vérifier si c'est vrai et si ça s'applique à la production de pétrole extracôtier