Mais j'en discuterais bien volontiers avec vous ici, ou sur ma page facebook qui peut servir de forum à l'air libre.
N'ayant pas de page facebook, je le ferais ici.
J'ai quelques objections quand à la dernière video et pour simplifier, je vais faire ça bien et numéroter
1) Je trouve que malgré un appel à la raison et au scepticisme qui présuppose une tentative d'objectivité, le propos est quand même très idéologiquement marqué, de la même manière que le blog de Poulpeman, qui prétend critiquer des faits politiques ou sociaux d'un point de vue critique et sceptique pour s'affranchir des manipulations d'opinion, mais donne quand même une lecture essentiellement orienté par un point de vue particulier.
C'est d'ailleurs paradoxal et assez amusant de commencer la vidéo en disant que certains mots devraient être questionnés pour éviter la manipulation et voir que vous même ne questionnez finalement pas ce qu'est le scepticisme et comment vous l’appréhender.
Vous commencez la vidéo sans expliquer ce qu'on entend par démocratie (le pouvoir exercé par un corps de citoyens égaux en droit et en devoir, qui peut déléguer ce pouvoir ou non), ni en rappelant que c'est une communauté politique, donc possédant des règles
officielles indépendantes des autres sphères sociales (même dans un cas de ploutocratie, ce n'est pas l'économie qui détermine la règle politique voulant que les plus riches gouvernent, c'est le politique qui détermine que la richesse est un marqueur du pouvoir, même si la règle vient souvent après une prise de pouvoir de facto par les riches.)
Personnellement je trouve ça très gênant parce que finalement, en prétendant questionner la démocratie, vous ne la questionnez jamais, vous faites un constat de la situation actuelle et vous en tirez la conclusion que ça n'est pas réellement démocratique (ce qui est vrai) mais sans jamais se référer vraiment au modèle de la démocratie (fusse-t-il théorique) qui permettrait de juger. De fait, vous laisser implicitement décider celui qui visionne de sa définition de la démocratie.
Or ça n'est pas une approche sceptique si l'on laisse chacun décider du sens des mots et au final, vous ne faites qu'ébranler la croyance éventuel du spectateur dans le fait que notre système serait démocratique en l'encourageant implicitement à remplacer cette croyance par la sienne propre et non par la raison qui serait la connaissance de ce qu'on entend réellement par démocratie et le questionnement pour savoir jusqu'à quel point c'est applicable.
Le questionnement de début et de fin sur l'indépassable de la démocratie et si la démocratie était en fait à construire est légitime, mais sans fournir au spectateur de référence vous ne fait qu'encourager l'idéologie, puisque chacun se fera son idée qui peut très bien être fausse sans voir dans la vidéo de contradiction.
En ne définissant pas réellement la démocratie, vous ne faites finalement pas mieux que ceux qui l'utilise à tord en terme de manipulation d'opinion, puisque le spectateur peut y voir ce qu'il veut et adhérera d'autant plus à votre discours qu'il se reconnait dans le flou sémantique (c'est à mon sens à rapprocher de l'effet Barnum).
De la même façon, en ne questionnant pas justement le fait de savoir si la démocratie (réelle, pas son application) est indépassable, alors même que c'est une critique du début de la vidéo, et en proposant que "la vraie" démocratie est peut-être à construire, on perpétue finalement l'idée que la démocratie est de facto le meilleur système, cela sans avoir définit ce qu'on entend réellement par là, ni sans avoir questionner sa pertinence appliqué au population moderne.
Le discours de la vidéo, s'il est assez juste sur un certain nombre de point n'est finalement aussi qu'un discours d'opinion déguisé par la citation d'un certain nombre de fait.
Par exemple, le fait de reprocher implicitement l'absence de démocratie en dehors de la sphère politique (dans l'entreprise, l'école...) et le fait de considérer que toutes situations de pouvoir relève du politique est un marqueur idéologique fortement typé "à gauche" (je n'ai pas de meilleurs terme, désolé...). Or ça oublie deux points:
-la démocratie se fondent sur un corps de citoyens égaux en droit et devoir, ce que ne permet pas le processus d'apprentissage ou d'entreprise où il existe forcement un acteur possédant une supériorité dans le processus par rapport à l'autre (soit parce qu'il est celui qui possède le savoir, soit parce qu'il est celui qui possède la capacité d'investir.). De plus, c'est un système qui justement est politique et il n'est peut-être pas pertinent de l'exporter en dehors de la sphère immédiatement politique, même si l'on considère que cette sphère s'étant au delà du seul périmètre de la nation, de la communauté ou de l'association libre (qui sont trois formes de groupes fondé uniquement sur l'appartenance au groupe et sont donc propice à une égalité de droit et de devoir des membres).
-il n'y a pas de questionnement pour savoir si c'est le meilleur système.
Et il y a d'autre exemple.
Le fait que les femmes ou les noirs soient sous représentée et qu'il soit suggéré que c'est une gène est aussi un marqueur très "à gauche", quand bien même pour le coup, je suis tout à fait d'accord.
Si l'on prend la stricte définition de démocratie, seul compte le citoyen, peu importe son sexe, son statut social, sa couleur de peau, son age (tant qu'il est dans la limite de la définition de citoyen). Une démocratie qui exclurait les femmes de la définition de citoyen resterait une démocratie, puisque ceux qui sont citoyens, serait égaux en droit et devoir.
Constater cette sous-représentation n'est en rien un marqueur anti-démocratique, c'est un marqueur du sexisme du corps citoyens, mais dans la mesure où la démocratie est fondée sur ce corps qui est jugé souverain, c'est son droit d'être sexiste, raciste, ou de n'élire que des nains bossus tant qu'il n'existe aucune entrave légale qui interdirait à d'autre d'exercer la même fonction.
A contrario, une démocratie qui ferait de la discrimination positive pour établir une parité en politique n'en serait en fait plus une, puisque les citoyens verrait leur égalité de citoyens de concourir pour une élection contrarier légalement par une volonté publique d'égalité des sexes. Même si c'est démocratiquement choisi, ça serait un coup de canif dans l'égalité des citoyens.
C'est d'ailleurs pour éviter ce type d'écueil, conscient à la fois de la problématique de l'inégalité de fait (et non "de jure") des candidats aux élections, qui n'est pas anti-démocratique mais pose un problème d'éthique, et de la problématique de la discrimination positive, éthique mais pas démocratique, que les athéniens s'en remettait au tirage au sort pour la plupart des élections, afin d'éviter les démagogues et permettre à tous de se présenter.
Cette insistance sur l'égalité qui devrait se traduire par une même proportion de représentants et de représentés est en fait une façon d'appréhender le démos comme un ensemble non homogène et communautaire, puisque divisés en fonction de critère sociaux, de genre, de couleur... et implicitement, où les plus nombreux aurait le plus de représentant et donc décideraient toujours in fine. Or, ce n'est pas la démocratie en fait, c'est ce qu'on nomme la tyrannie de la majorité et cela passe à coté du but de la démocratie, qui n'est pas d'assurer une représentativité proportionnelle à la population, mais d'assurer une égalité de droit et de devoir des citoyens et une égalité des chances dans l'action politique (et c'est en ça que notre système d'élection n'est pas démocratique, car la reconnaissance de l'Etat de parti politique et le choix par élection plutôt que tirage au sort donne un avantage légal aux démagogues et à ceux qui sont capable de se payer une meilleure visibilité).
2) Deuxième gros reproche, qui porte sur un certain point de la vidéo: L'allusion sur la dette publique.
S'il est parfaitement exacte que la dette est majoritairement détenue par les plus riches, il y a dans cette vidéo une déconnexion peut-être volontaire, mais qui est quand même de la manipulation d'opinion, entrer l'endettement et son utilisation et une confusion entre le prêteur et l'emprunteur dans la définition de la responsabilité de la dette.
La vidéo fait globalement comme si la dette était le fait des riches, à leur seul profit et qu'il n'était pas légitime pour les autres de la payer.
Mais c'est oublier à quoi sert la dette.
Si l'on regarde un pays comme la France, on constate que:
-l'éducation nationale et les prestations sociales sont, avec l'armée, les 3 éléments de dépenses les plus importants (avec le service de la dette aussi) et que, au moins pour la sécurité sociale, la balance des paiements est en déficit.
-l'Etat est très dirigistes et investisseurs en France au niveau de l'économie.
Or si l'on peut éventuellement parler de cadeaux parfois fait à certains industriels et supposés que le maintien et l'utilisation de l'armée sert parfois des intérêts de "riches", que ça soit la sécurisation des ressources et approvisionnement de la France que sert l'armée, l'éducation nationale ou les prestations sociales, c'est quand même à l'avantage du plus grand nombre et notamment des populations les moins aisées qui n'auraient, sans cela, absolument pas les moyens d'obtenir un minimum de soin et d'éducation. Alors même que les riches, eux, pourraient parfaitement se le payer et donc cotise réellement par solidarité quand ils paient des impôts, puisqu'ils n'ont pas un besoin vital de cette éducation peu chère voir gratuite et de ces soins remboursés
Je ne fais pas d'angélisme en disant que "les riches" sont altruistes. Ils sont comme tout le monde content de n'avoir pas à payer leur soin et très peu l'éducation et il arrive souvent qu'il y ait fraude fiscale ou optimisation fiscale. Mais de facto, leur contribution est plus altruiste que celle que paie les populations qui ne pourraient pas obtenir cela sinon, ou difficilement.
Donc, si l'on reprend la question de la dette, on a des riches qui financent les déficits d'un Etat (je reste sur le cas de la France) dont l'essentiel des dépenses est au profit de personnes plus démunis qu'eux. Évidement l'échange n'est pas sans contrepartie, ils y gagnent intérêts, sécurité des placements et influences sur l'Etat, mais il ne faut pas oublier qu'à la base, il compense volontairement les déficiences de l'Etat en matière de financement.
Est-ce qu'il est alors légitime pour le reste de la population de rembourser?
La question peut effectivement être posée, mais c'est presque malhonnête de faire comme si le préteur était seul responsable de la dette en oubliant où elle va.
A mon sens, les réelles questions c'est de savoir pourquoi on en arrive à un système qui ne s'auto-finance plus et s'il est normal que ceux qui compense ce manque le face à crédit (la question se posant différemment s'il est étranger ou citoyen).
Quand on aura répondu à cette question on pourra réellement savoir qui est responsable de la dette et s'il convient de la payer. Mais sans poser ce questionnement, il est impropre de laisser entendre qu'il n'est pas légitime de rembourser "la dette des riches" (qui est en fait contractée aussi au bénéfice du reste de la population, ce qui est trop souvent oublié par ceux qui critique la volonté de la rembourser et les modalités pour le faire)
J'avais d'autres objections sur des points plus anecdotiques, mais je m'en tiens à ces deux là déjà, qui sont les deux trucs qui m'ont le plus gêné.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)