Mireille a écrit :Un but dans l’évolution ça nous oblige à avancer, à dépasser constamment les limites
Note que le terme "évolution" n'est pas très approprié. Tu utilises le terme dans le sens de "changement vers quelque chose de plus élevé" ce qui fait que cela ne correspond pas à de l'évolution biologique (qui n'est pas dirigée). Il y a un quiproquo, qui est souvent maintenu volontairement par les défenseurs de thèses zozoes pour les faire paraitre plus scientifiques qu'elles ne le sont. Des termes comme "progrès" ou "élévation de la conscience" seraient déjà plus adéquats, car ils entretiendraient moins la confusion avec l'évolution (biologique, scientifique).
Cela dit:
C’est cette motivation derrière nos actions qui nous dirige vers nos buts que je questionne, pourquoi sommes-nous motivés naturellement à tendre vers quelque chose plutôt que de ne rien faire ?
Tu pars ta réflexion sur un point que tu considères vrai: "nous sommes motivés naturellement à tendre vers quelque chose", ce quelque chose étant un "But" transcendantal que tu ne définis pas. Personnellement, je ne l'observe pas cette "motivation". Surtout, je n'observe pas de motivation envers UN But qui soit le même pour tous. La plupart des gens se contentent de vivre leur vie sans trop se préoccuper des questionnements métaphysiques; ceux qui s'en préoccupent ont des idées divergentes de ce que ce "But" pourrait être (cela parce qu'il est vraiment très flou). Ce But, dans tes propos semble être une sorte d'"harmonie humaine" mais tout le monde n'acceptera pas forcément cette idée.
Bref, ta supposition repose sur beaucoup de vouloir-croire. Et cela te fais envisager les choses à l'envers d'un démarche rationnelle: tu pars de ce vouloir-croire pour interpréter les choses en fonction.
Si on veut comprendre des phénomènes réels, une des pires choses que l'on puisse faire est de déterminer l'explication avant d'avoir compléter les observations car on biaise alors la démarche d'observation. Si on est passablement convaincu de savoir ce qui est, on ne fait qu'adapter nos observations à ce qu'on veut. Le discours de Tania/Ghost est l'exemple parfait d'une rhétorique conçue pour maintenir des idées en dépit des faits, quitte à être contradictoire, voire incohérente (illogique, surtout), détachée de tout support factuel, etc. C'est pourquoi ce discours revient au fond à "croyez-moi parce que vous le dis". (Et aucun sceptique ne le croit parce qu'on constate bien que ce n'est que de l'étalage de subjectivité, parfaitement illogique et sans lien solide avec la réalité des choses.)
Même le pire d’entre les hommes est motivé, mais en sens inverse du bien de l’humanité, comme Hitler
Parce que tu as une vision (confuse, il faut bien le dire) de ce "But", tu affirmes que Hitler va "en sens inverse du bien de l'humanité" ce qui est hyper-simplifier la réalité des choses. Hitler était quelqu'un qui avait une vision grandiose pour l'Allemagne (et l'Europe), il était très motivé pour ce qu'il considérait le bien de son peuple. C'est quelqu'un qui m'apparait un exemple de dépassement et de volonté (tordue) d'être meilleur. Sauf que sa conception du "bien" était très biaisée, ce qui la mené à encourager des crimes atroces (et inexcusables). S'il avait "enfoui en lui" cette "cette source intelligente" que dont tu postules l'existence universelle, il te faudrait revoir le jugement négatif que tu portes sur ses actions*.
À mon avis, tu devrais questionner la valeur d'universalité de ton affirmation: qui va réellement "dans le sens du bien de l'humanité". D'ailleurs, que serait ce "bien de l'humanité"? La plupart des gens sont relativement égoïstes (l'"humanité" se limite souvent à leur groupe plus où moins élargi, même sils peuvent être empathiques envers les souffrances des "étrangers (au groupe)"), la plupart des sociétés sont protectionnistes/conservatrices. Il y a peut-être quelques exceptions (Gandhi**) mais elles sont vraiment très rares. De manière plus générale, ce qui peut passer pour un bien pour quelqu'un peut être un mal pour quelqu'un d'autres. Ça s'accorde comment dans ta vision des choses?
* Je n'envisage pas les cas folkloriques ou myth(olog)iques (mère Thérésa, Jésus, Bouddha).
j’ai pensé que si nous avions ce besoin d’être meilleur, de nous dépasser dans tous les domaines, de comprendre nos actes, notre vie en fin de compte c’est qu’il avait quelque chose d’enfouit quelque part en nous, cette source intelligente que je cherche
Pourquoi le fait que nous sommes des animaux avec de gros cerveaux, curieux de notre environnement et passablement sociaux, ne plait te pas comme explication? Après tout, elle permet de mieux expliquer que des individus aient des idées et des comportements divergents (en fonction de leur culture), qu'une "source intelligente" qui serait universellement partagée.
J’aurais aussi beaucoup aimé que toute vie mène à quelque chose
C'est la motivation première de pas mal de croyants. Elle est souvent très égoïste ou égocentrique ("je souhaite vivre éternellement", "je voudrais que l'Univers/Dieu/Quelque Chose pense à moi personnellement", etc.). C'est certainement compréhensible, humain, sensible,... Mais ce la ne permet pas du tout de comprendre ce que sont
réellement les choses. Et c'est faire preuve d'une forme d'immaturité, de vouloir qu'on "becque le bobo existentialiste"
Moi, j'adhère entièrement ce propos d'A. Einstein:
"Je ne peux concevoir un Dieu qui récompense et punit ses créatures, ou qui a une volonté tel que nous l'expérimentons nous-même. Je ne veux pas et je ne peux pas concevoir un être qui survivrait à la mort de son corps. Seuls des esprits faibles chérissent ce genre de pensées, issues de la crainte et d'un égoïsme absurde." ("I cannot conceive of a God who rewards and punishes his creatures, or has a will of the kind that we experience in ourselves. Neither can I nor would I want to conceive of an individual that survives his physical death; let feeble souls, from fear or absurd egoism, cherish such thoughts.")
Vous pouvez remplacer "Dieu" par "Ce qui fixe le But" (i.e., le But dont vous parlez et qui doit bien avoir été fixé d'une manière où d'une autre), ça ne change rien à la phrase
Mais en vous disant ça je pense que peut être que de gens dont la raison domine plus que les émotions vivent le phénomène de la mort tout autrement
J'ai perdu bien plus que seulement un petit chat. Je ne vois aucune consolation à m'inventer un "paradis de retrouvailles". Je comprends qu'on le fasse, mais je ne comprends pas qu'on défende ce genre d'illusions comme si c'était une manière objective de concevoir la réalité des choses.
En développant une pensée occulte, s’il y a un but à la vie de chaque personne, tout devient source d’apprentissage, même la maladie
Pourquoi pensez-vous que d'avoir un but "occulte" (mais flou, non-défini, confus) est nécessaire pour considérer toute expérience de vie comme une source d'apprentissage? Pensez-vous qu'un sceptique (parfaitement athée) comme moi n'apprend rien lorsqu'il vit une maladie ou un deuil?
Jean-François