LDM a écrit :Parce que face à tout ce qui précède, il y a autre chose qui fait la différence, que j'appelle la dimension humaine. Penses-tu que "Toulouse", "Lettre à France", "L"aigle noir", "Vole" (de Céline Dion), à peu près tout le répertoire de Brel, "La révolutionnaire" de Chopin, "Nabucco",
Je ne suis pas en train de dire que ce serait mieux ou moins bien avec une IA. De plus, il ne faut pas se mettre sur le plan de l'objectivité avec la musique et l'art en général, parce que c'est le domaine de la subjectivité.
Là, tu es juste en train de donner ton avis sur des titres qui te rappellent les souvenirs de ta vie. Ils sont propres à ton époque, dans laquelle la mode nous dictait d'apprécier des textes qui avaient du sens et des musiques plus intellectuelles qu'aujourd'hui.
Je te garantis que Brel, avec sa dégaine et son accent belge ou Nougaro, avec son jazz ringard que seuls les trop vieux, qui ne se déplacent même plus pour assister à des concerts du genre, apprécient
(je le sais, j'ai joué dans un tribute Nougaro y'a pas tellement longtemps et on a fait 8 concerts, avec des patrons de salle qui perdaient de l'argent, avant d'arrêter), Brel et Nougaro, disais-je, ne seraient même pas reçus dans les bureaux d'une société de production. Ils auraient juste le droit de mettre leur musique sur Youtube avec les millions d'autres clampins et tu ne saurais même pas qu'ils existent...
Dans tout ce que tu cites, il n'y a rien de plus ou moins "valable" que n'importe quoi d'autre... et ça ne "vaut" rien pour qui ne s'y intéresse pas.
LDM a écrit :Rimbaud, Balzac, Zola, Shakespeare sont-ils reproductibles?
Bien sûr que oui. Comme pour Sinatra, tu rentres tous les gimmicks de Zola et l'IA te pond des trucs à la manière de Zola.
C'est plus difficile que pour la musique évidemment, parce que pour que ce soit crédible, il faut plus d'élaboration dans la manipulation des concepts de la part de l'IA. Mais pour ne plus s'en apercevoir en aveugle, c'est juste une question de puissance de calcul, de technologie... et donc de temps.
LDM a écrit :Les influences sont à l'origine des mouvements artistiques. Pourtant, Renoir, Monet, Cézanne, tous trois impressionnistes, sont parfaitement reconnaissables car leur oeuvre est différente.
Les mouvements artistiques, c'est à qui colle le mieux au contexte de l'époque, à ce qui plaît dans l'instant. Avec une énorme dose de hasard et de buzz extra-artistique (vie dissolue et rebelle des artistes, contexte historique,...).
Et même chose pour la peinture : il suffit d'entrer tous les Monnet pour sortir du Monet.

... mais en imprimé seulement. Une peinture est un objet tridimensionnel. C'est une toile de support, avec une trame, avec le relief de la peinture, les types de pigments, le vieillissement de l'objet. Là, il faudrait une équipe d'IA, capables de se déplacer et de faire des recherches hardwares pour reproduire ça à la manière de. Ce n'est définitivement pas pour tout de suite.
LDM a écrit :Chopin ne ressemble pas à Liszt, bien que tous deux romantiques. Pourrait-on discerner cette différence, cette prédominance initiatrice, cette dimension humaine dans la production d'une IA? Je ne pense pas.
Les musicologues sont de ton avis, évidemment. Mais c'est leur rôle de gonfler le ballon pour faire de la "création" de ces "génies" quelque chose de consubstanciel aux sphères célestes
(faut bien qu'ils fassent briller les meubles pour conserver leur beefsteack aussi, les musicologues...).
LDM a écrit :Autre chose : la valeur d'une oeuvre se mesure aussi à sa pérennité. A notre ère technologique, les productions se succèdent en masse, font le buzz une saison ou deux puis s'oublient très vite... Par contre il y en a qui restent et resteront toujours connues des générations futures, et intemporelles, parce que ce sont elles qui ont une vraie valeur artistique selon moi. Les IA en seront-elles capables?
Pas une vraie valeur artistique, une "vraie valeur artistique", ça n'existe pas
(sauf pour les musicologues
). L'art est par définition subjectif, mais ils ont bien une vraie valeur historique, culturelle.
A l'heure actuelle, la musique est déjà banalisée et le public est éclaté dans des milliers de genres. La "musique", en tant que telle, ça ne représente plus grand chose sans le décorum qui va autour
(light show, pyrotechnique, happenings, méga production, buzz en tous genres,...). Quand je vois des dizaines de milliers de gens à Tomorrowland qui s'extasient devant un seul DJ qui mixe des samples, je me dis qu'il vont trouver ça encore plus cool quand ce sera un robot à la console.
Autre temps, autres moeurs...