Je rappelle qu'il est facile de décontextualiser des propos. Ce n'est pas la première fois que je le fais remarquer. Une phrase détachée de son environnement peut indiquer le contraire de ce qu'elle était sensée exprimer initialement.
Ce n'est pas tant la science qui pose problème, ce sont ses modalités d'acquisition. C'est le télescopage entre plusieurs valeurs qui génèrent des contradictions. Ce qui est expliqué dans l'émission, au contenu limpide, de France culture citée par Thewild.La science, comme d'autres matières, demande de se poser et d'y consacrer du temps, beaucoup, ce qui va à l'encontre des tendances actuelles.
https://www.radiofrance.fr/francecultur ... ce-2920115
C'est l'expression parfaite d'un beau biais cognitif. Il y a confusion majeure entre la science (qui est aussi responsable du confort de vie au niveau de la santé) et les applications scientifiques.La science a induit la civilisation industrielle qui elle-même a généré le réchauffement climatique. Elle n’est plus crédible pour les jeunes" ils s’en méfient désormais, c’est bien normal, ils héritent d’une planète dévastée, ils se tournent donc vers d’autres horizons.
Une partie des jeunes générations demandent d'ailleurs un soutien de la part des scientifiques dans leur combat.
La civilisation industrielle n'est que l'une des conséquences des applications scientifiques.
C'est l'absence de visibilité qui pose problème et qui nuit à la juste compréhension des phénomènes. Quand on ne comprend pas, qu'on est saturé d'informations contradictoires, le réflexe protecteur est de se réfugier dans les biais cognitifs rassurants.
Ce n'est pas la science qui est responsable du réchauffement climatique. Ce sont quelques-unes de ses applications, dont certaines mal ou pas suffisamment maîtrisées entre les mains d'une poignée d'humains.
Ce qui nécessite pour changer de cap, une recherche d'efficacité, une redéfinition des connaissances, au sens scientifique du terme, avec une actualisation constante et une restauration de la visibilité. Savoir pourquoi on apprend, comment on le fait, avec quels objectifs, ce qui conduit à terme et en principe à l'élaboration de projets de société *.
C'est accepter de revoir globalement l'éducation des nations, et les processus d'enseignement.
Les personnes ne sont pas contre la science, mais contre ce qu'elles ne comprennent pas ou plus, ce qui est très différent et qui conduit à opter vers des comportements évoqués plus haut, la recherche de cocons protecteurs.
Ce qu'on appelle en termes techniques un double-lien contradictoire (le double-bind de l'école de Paulo Alto).Plus le niveau de complexité de réflexion s'élève, plus le temps nécessaire demandé suit la même progression. Ce qui explique aussi la méfiance des jeunes générations habituées, depuis leur enfance, désormais, à évoluer dans des environnements où la vitesse, l'immédiateté, priment, du fait de la mise à disposition des outils numériques. Dans beaucoup de cas, peu importe la valeur, la pertinence, de la réponse. Sans parler du contexte.
Ces injonctions contradictoires n'ont cessé de se multiplier, et il n'y a pas eu d'efforts de compréhension et de régulation face à l'ampleur des problèmes qu'on peut constater via des sondages. Oui, mais après ? Qu'est-ce qu'on en fait des résultats des sondages ? Parce que ça fait un moment qu'on sonde à tour de bras. Pour quelles avancées ?
Le terme qui domine dans nos sociétés est croissance, ce qui sous-entend parts de marché, produits, vente, consommation, et non réflexion.
Si un quidam commence à se poser des questions au sujet de ses modes de consommation, à avoir une action critique sur l'objet, c'est mal barré pour la consommation "réflexe", celle induite par des fonctionnements sociétaux. **
* J'ai écouté une partie du débat au sujet des retraites, sur la 2.
Rien de bien fondamentalement nouveau.
Par contre, une ignorance de mécanismes en jeu.
Je pense à la notion de travail. Le travail a obligatoirement un coût, celui de l'énergie.
L'organisation intrinsèque d'une société moderne repose sur le travail, qui lui-même dépend de l'énergie ce qui suppose ressources énergétiques, transformation, consommation.
Une société industrialisée, c'est avant tout une question énergétique. Pas d'énergie, pas de travail. Les intervenants ont été capables de s'agiter au sujet du coût du travail, de la valeur du travail, de la richesse procurée par le travail, mais en négligeant l'essentiel, basique, trop trivial peut-être, qui sous-tend pourtant tout le reste. Le bazar peut continuer longtemps, et ce, toujours par ignorance et paresse intellectuelle.
Pas facile d'éviter de tourner en rond.
** Guy Debord avait produit en son temps, dans un contexte plutôt gauchisant, "La société du spectacle", qui devint un ouvrage référence.
Pas sûr que son contenu ait beaucoup perdu en actualité.