Je suis sûr que ça va vous intéresser.
Définitivement non! Et tu le sais très bien. Mais, histoire de remettre les pendules à l'heure...
Lacan est décédé depuis quatre décennies. Que reste-t-il donc à sauver de son "oeuvre"? Autant préciser que ses théories fumeuses et controversées sont complètement has been.
De Lacan, il ne reste que quelques lueurs, à replacer avec précaution dans un contexte d'historicité.
Il y eut suffisamment de discussions sur le sujet pour considérer que le débat est définitivement clos, parce que, à l'aune des connaissances, il n'y a strictement rien à rajouter (et surtout pas contribuer à embouteiller encore plus le forum à ce niveau).
Lacan ne fut jamais un génie. Il voulait être un précurseur, il ne fut qu'un opportuniste tactique qui sut utiliser des relais constitués par des idiots utiles pour bâtir sa légende. Il fut un usurpateur, l'époque s'y prêtait de bonne grâce, un faussaire et un truqueur de réalité (les mathèmes, par exemple, qui ne font pas illusion). Rappel d'un fait: en très peu de temps, Noam Chomsky avait su identifier à quel genre d'oiseau il avait affaire. Nous étions en 1975, au temps de Sa Grandeur. Si Lacan fut subjugué par les travaux de Chomsky, l'inverse n'eut pas lieu et pour cause. Ce fut sans appel, net et précis comme une lame de couperet.
Comme Lacan avait du mal avec la réalité (scientifique) de son temps, il inventait des termes en espérant se sortir d'affaire. La linguisterie, le sinthome,...il n'y eut bien que lui et ses affidés pour y croire. Sortis des cercles lacaniens qui pratiquent le recyclage perpétuel jusqu'à l'étouffement orchestré des participants, cette collection de termes n'a strictement aucune valeur, si ce n'est celle de la curiosité pour les incongruités.
Affronter la réalité, et se coltiner des désillusions, ce n'est pas simple. C'est pourtant le parcours qui attend tout être humain.
Freud, en son temps, avait su créer un outil pour avancer, parce qu'il n'existait rien d'autre de comparable. Par la suite, ce fut différent. Il a su entrouvrir une porte. Lui aussi s'arrangea beaucoup avec la réalité. L'ouverture des archives Freud est suffisamment éloquente à ce sujet.
En 2023, s'abreuver de psychanalyse, n'est-ce pas adopter un comportement de fuite, conduisant à une stagnation, voire à un recul, pour éviter d'affronter la réalité?
Je ne parle pas du contexte thérapeutique qui est situé sur un tout autre plan.
Nettement plus sérieux car d'actualité... parce que l'article est de qualité et que son contenu apporte une petite touche de réflexion...
https://journals.openedition.org/lhomme/20782
...Mais la distinction entre système préconscient et système inconscient ruine l’idée d’une adéquation avec la théorie proposée par les neurosciences, du concept de refoulement, inadéquation du discours freudien et de celui des neurosciences du contrôle mental et du rapport exclusif du système inconscient à la prime enfance du sujet. Le résultat est bien là : « l’inconscient freudien est largement incompatible avec l’inconscient cognitif » (p. 360).
5Au terme de son enquête, l’auteur se demande alors : pourquoi s’intéresser encore à la psychanalyse, non plus du point de vue du contenu conceptuel mais de la forme du discours ? Lionel Naccache se tourne astucieusement vers l’epoché husserlienne, c’est-à-dire finalement en débarrassant le discours freudien sur l’inconscient de son contenu (p. 376). Ce qui reste alors c’est la posture du sujet conscient, le psychanalyste, s’interrogeant sur le mental. Freud est bien « le découvreur d’un immense continent psychique, celui de l’interprétation consciente fictionnelle qu’il nomme à tort l’“inconscient” » (p. 379). Il faut donc s’intéresser à toutes ces manifestations conscientes qui, renchérit l’auteur, « fictionnalisent » systématiquement le réel. La force de l’« interprétation-croyance » est au cœur de notre mode de pensée conscient, d’où la puissance thérapeutique de la découverte de Freud, mais aussi le grand courage qui fut le sien, renchérit Naccache, de tenir compte des interprétations des patients de leur propre souffrance. Au cœur de la démarche freudienne, se tient l’irremplaçable exploration de cette réalité psychique, qui vient prendre le pas sur la réalité objective. Nonobstant, ce que Freud a pris pour l’inconscient n’est autre que la conscience du sujet qui interprète sa propre vie mentale inconsciente à la lumière de ses croyances conscientes. Ce sont des représentations fictives et d’authentiques supports de croyances, qui interviennent y compris dans le libre arbitre. On le sait, Freud est matérialiste : pas de vie psychique sans nos cerveaux socialisés. À la réalité matérielle, biographique, objective et extérieure au sujet s’oppose celle de sa vie psychique fictionnelle. Voilà bien la fondamentale découverte du conquistador et c’est pourquoi il s’écarte tellement du discours des neurosciences de son temps.
Ce qui suit a déjà été largement évoqué sur les fils dédiés, rien à rajouter ni à redire...
Après avoir envoyé dans les orties tous les thuriféraires de Freud qui, à travers d’innombrables courants, se disputent son héritage, le jeune clinicien, qui n’a décidément pas froid aux yeux, affirme qu’il reste un « noyau inestimable » : « la mise au jour du rôle vital de l’interprétation consciente dans l’économie psychique de l’humain » (p. 427). Le seul facteur fondamental pour l’efficacité du travail analytique resterait la capacité du psychothérapeute et du patient à accorder une certaine cohérence aux interprétations qu’ils manipulent ensemble. Il devient alors possible de préserver l’in-variance des contenus analytiques en les considérant pour ce qu’ils sont, « c’est-à-dire des principes fictionnels qui font sens ici et maintenant dans l’interaction d’individus soumis à une culture, un mode de vie et une histoire communs » (p. 430). D’où leur efficacité et leur évolution en fonc- tion du contexte sociohistorique. Naccache encore : « Freud a mis au jour un rouage essentiel de notre conscience : précisément ce besoin vital d’interpréter, de donner du sens, d’inventer à travers des constructions imaginaires » (p. 439). Et c’est bien pourquoi, « Freud fut un maître de fictions, un romancier de génie égaré dans l’univers de la neurologie et des neurosciences » (ibid.). En bref, la psychanalyse garde toute sa place dans la prise en charge de la souffrance et du traitement des pathologies mentales.
Conclusion...
Il faut lire Le Nouvel Inconscient pour comprendre à quel point le conflit autour des sciences de la cognition comme nouvelle frontière de l’anthropologie nous concerne tous. En particulier lorsque l’auteur met en évidence la place que la culture tient dans le formatage des images mentales, et leur transmission à travers le cours des générations, mais aussi comment les fictions servent de schèmes directeurs de toutes nos actions, nos attitudes, de nos choix individuels ou collectifs. Et c’est là où nous sommes tous conduits, nolens volens, à prendre position. De fait, Naccache nous suggère que l’une et l’autre discipline perdraient leur temps à vouloir courir après l’exigence de scientificité des neurociences. Il le dit clairement : la psychanalyse a mieux à faire que de tenter de s’ériger en modèle de science, ce qu’elle est incapable d’assumer. Si l’anthropologie est une science de la culture, elle doit le rester. On ne peut qu’applaudir, en reprenant cette mise en garde, comme le fait Scubla, en montrant que sa capacité à comprendre la dimension symbolique des rapports sociaux demeure intacte, mais aussi leur aspect concret, institutionnel, et non pas simplement des représentations distribuées dans l’espace et le temps sur un mode épidémiologique4. À vrai dire, le vœu de Naccache est bien d’inviter à la table des négociations des religions qui continuent à s’ignorer, empêtrées dans leur fiction impériale de toute-puissance, sans faire croire aux lendemains qui chantent d’une vision œcuménique de la science. En déplaçant simplement les vieilles disputes dans le nouveau champ de la neurologie clinique, en affirmant que «la posture même du discours freudien détient une clé essentielle de notre faculté à construire notre pensée consciente », il donne sa vraie place à la mise en forme des fictions, à l’œuvre dans la construction des institutions et des normes sociales.
Le discours de Lionel Naccache est intéressant parce qu'il est neurologue et qu'il rejoint et complète de celui de Jacques van Rillaer, docteur en psychologie, psychothérapeute. Il contribue à enrichir et non à fossiliser le débat.
Sortir un Lacan du chapeau, en dehors d'un contexte de recherches en histoire, apparaît quelque peu ubuesque. C'est vouloir accorder (et rechercher) une importance à ce qui ne peut en avoir, c'est ne pas vouloir se confronter à la réalité (déjà évoqué, cf. plus haut) et continuer à se nourrir d'illusions, ce que l'auteur de l'article met bien en évidence.
Lionel Naccache étend le travail de recherche qui fut entrepris par le collectif d'auteurs responsables de "Le livre noir de la psychanalyse" et "Les nouveaux psys (ce que l'on sait aujourd'hui de l'esprit humain)" (2010). Il contribue par ses apports scientifiques à apporter des preuves supplémentaires à ce qui a déjà été dit sur le sujet, il y a pas mal d'années déjà. Rien de fondamentalement nouveau, pas de révélations extraordinaires, pas de révolution.