@ Jean-François
Le chipotage sémantique, tout à fait, j'en ai bien conscience. Ce n'est pas tant rajouter de l'huile sur le feu que de vouloir se montrer précis et accéder à l'ensemble des informations.
Le terme d'
islamophobie est devenu tellement suspect qu'il est préférable de ne pas l'utiliser. Ce terme est constamment source de problèmes, ce n'est pas une vue de l'esprit, genre coupeur de cheveux en quatre.
86lw a mis le doigt sur la cécité intellectuelle nécessaire pour faire passer l'escroquerie.
...Bref, lorsque l'on souhaite dénoncer les agissements de certaines personnes aussi dangereuses que l'étaient fascistes et nazis en leur temps, on se fait taxer de racisme...
Et il faut en plus admettre qu'au niveau rhétorique, c'est superbement joué...
Traiter une personne d'islamophobe est assurément le plus sûr moyen de le désigner comme cible potentielle à tout un tas de cinglés. Khomeini et sa clique ne s'y sont pas trompés. Du chiisme initial on est passé au sunnisme par capillarité. Les frères ennemis se sont très bien accommodés de cette situation qui servaient leurs intérêts respectifs. C'est devenu très vite un étendard pour démarrer une croisade. Samuel Paty en a fait les frais, Salman Rushdie est catalogué définitivement avec le lot de contraintes afférent.
C'est un mot problème, chargé de trop d'ambiguïtés pour être honnête. Et il ne permet pas d'identifier clairement
l'objet de la critique, c'est à dire d'établir le distinguo clair et rigoureux entre islam et islamisme, ce qui arrange bien les affaires des radicalisés.
Le terme ne poserait pas de soucis s'il restait neutre. Or, dès le départ, dans sa version "modernisée", il ne l'a jamais été, et il ne pouvait pas l'être. Ca aurait représenté une contradiction contreproductive. C'est en cela que les "idiots utiles" n'y voient que du feu. En l'employant, avec un minimum de recul et de distanciation, on n'a pas la garantie de savoir où on met les pieds. Ce qui échappe totalement aux "idiots utiles".
De quoi parle-t-on précisément? Que cautionne-t-on exactement ?
Ce n'est pas pour rien que durant la pleine activité de l'ex-CCIF, ses ardents zélateurs, avec le concours indirect d'Amnesty International France, mettaient la pression pour que l'islamophobie devienne un objet juridique.
Le législateur n'est pas tombé dans le piège, et il y a peu de chances, du moins en France, que l'attitude inverse émerge, après les derniers événements qui se sont produits.
A rapprocher d'un autre terme qui ressurgit de temps à autre, pour des raisons analogues : le terme de
blasphème.
Souvent les deux sont associés, curieusement...
La question est définitivement réglée par le législateur pour ce dernier. Il n'empêche qu'il est souvent nécessaire, dans le débat public, de rappeler quelques notions juridiques. Une ministre, Nicole Belloubet, s'est d'ailleurs pris les pieds dans le tapis au sujet de l'affaire Mila.
Intellectuellement, on peut toujours s'interroger sur la sémantique d'un terme et en remplir des pages. C'est de la rhétorique qui produit des merveilles et autant d'impasses.
Une société, laïque et républicaine en l'occurrence, ne s'organise pas autour de mots, mais sur des notions de droit, avec un corpus législatif. Il vaut mieux que ce dernier soit clair, précis et ferme.
Ce qui ferme aussi la porte à des intrusions exotiques comme la charia, la loi islamique, où le spirituel supplanterait le temporel.
L'Angleterre connaît quelques soucis à ce niveau, même si "l'emballage" reste encore "soft".
https://www.lepoint.fr/monde/quand-la-c ... 234_24.php
De l'islamophobie à la charia, il n'y a qu'un pas. Il vaut mieux y prendre garde. Le voile islamique, l'abaya, ne sont pas apparus par hasard, et il s'agit de toute autre chose que de "fast fashion" comme nous avons pu l'entendre.
Certains vêtements ou accessoires appartiennent à cette "fast fashion" (top crop par exemple), pas l'abaya ou le voile.
L'artifice du bandana pour couvrir les cheveux n'a pas fait illusion. Les personnels de l'éducation nationale savent à quoi et à qui ils ont affaire, ce sont des professionnels, des experts en leur domaine.
Tous les mouvements intégristes religieux, sectaires, recourent à ces pseudo-concepts et à ces strtagèmes.
J'ai abordé le terme de blasphème.
La Suède et le Danemark ont quelques problèmes à affronter en ce sens.
Identification d'une situation :
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/eme ... s-20220421
Réponses gouvernementales :
https://www.slate.fr/audio/expliquez-no ... ligion-131
Il est à noter que ces soubresauts sont tous de facture récente, alimentés par un contexte qui n'a cessé de se développer et de se renforcer.
La laïcité française reste une exception, et elle permet à la démocratie de tenir debout en ces temps très agités par des questions religieuses qui sont loin d'être pacifiques.