thewild a écrit : 21 juin 2024, 09:44
shisha a écrit : 20 juin 2024, 10:21
Alors autant concernant la dette publique, je te rejoins car il me semble difficile de comprendre l'intérêt général de s'endetter de manière constante. Vivre au dessus de nos moyens à court terme mais en contrepartie laisser les générations futures rembourser ce mode de vie passé + les intérêts, c'est pas ouf. C'est à se demander si parfois ceci n'est pas réalisé dans un autre but.
La dette publique est très différente de la dette privée, dans son fonctionnement mais aussi et surtout dans sa finalité.
Il y a une théorie qui soutient l'idée qu'un état peut augmenter éternellement sa dette publique. Elle est critiquable, comme toute théorie économique, mais elle est tout à fait rationnelle.
Quand un particulier s'endette, il acquière un bien et n'en tire par la suite plus qu'une valeur d'usage. C'est bénéfique pour l'économie (bénéfique dans le sens de générateur de croissance, pas dans le sens d'un bénéfice moral) en ce sens que ça augmente le volume monétaire en circulation, la consommation, et la demande. Par contre pour la personne qui s'endette c'est économiquement négatif car il se retrouve avec un bien qui ne lui rapporte rien (hors de sa valeur d'usage) et qu'il doit rembourser avec intérêts.
Quand un état s'endette c'est très différent, car il n'immobilise pas l'argent emprunté en achetant par exemple des biens matériels.
L'argent emprunté va servir à payer des fonctionnaires, investir dans des entreprises ou financer des grands projets. Cet argent est directement injecté dans l'économie et circule, est redépensé, réinvesti, etc. Ce faisant il augmente mécaniquement le PIB et les recettes fiscales.
L'idée est donc que lorsqu'on mène une politique d'endettement "saine", les dépenses d'intérêts dues à la dette nouvelle seront inférieures à la croissance générée par l'injection de cet argent dans l'économie du pays.
C'est plus ou moins ce qu'il se passe en pratique, mais ce n'est pas sans danger. Le marché de la dette peut être problématique dans certaines situations, comme lors de la crise de la dette de 2009. Si les créanciers augmentent les taux d'intérêts sur la dette d'un état, la charge de la dette devient insurmontable pour des raisons purement financières, alors qu'a priori la santé économique de l'état n'a pas changé (en réalité, les taux augmentent quand l'économie va mal, il y a un risque de cercle vicieux). Par contre à l'inverse, les banques centrales dictant les taux dits "directeurs" peuvent intervenir pour alléger le poids des dettes publiques au risque d'une augmentation de l'inflation (mais qui est bénéfique aussi pour diminuer le poids de la dette).
En pratique, ça fonctionne plutôt bien, et si on s'émeut beaucoup de voir les dettes publiques augmenter c'est qu'on ne regarde pas les bons graphiques.
Un état peut augmenter éternellement sa dette sans que cela n'impacte négativement son économie. Au contraire, ça va souvent de paire avec une croissance économique supérieure à l'augmentation de la dette et qui compense donc celle-ci par l'augmentation des rentrées fiscales.
Par contre, on peut légitimement se demander si ce modèle basé sur la croissance est souhaitable dans le monde actuel.
Le problème de la dette publique est plus éthique qu'économique. Si on veut de la croissance, c'est plutôt une bonne idée pour les états de s'endetter. Si on veut limiter la croissance alors il ne faut plus s'endetter, voire commencer à rembourser les dettes.