Le paradoxe de l’intelligence émergente

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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#101

Message par Jean-Francois » 23 févr. 2025, 22:32

ABC a écrit : 23 févr. 2025, 21:49notre estomac qui semblerait jouer un rôle dans la mémoire paraît-il, mais je ne sais pas s'il y a consensus à ce sujet
À ce que j'en sais, c'est moins l'estomac que l'intestin, au travers des relations avec la flore intestinale. De nombreux indices pointent vers l'idée que le système immunitaire influence grandement l'activité du cerveau, de manière plus ou moins directe. Pas la mémoire particulièrement. Je pense cependant qu'il est trop tôt pour discerner la part de vrai dans l'enthousiasme pour un domaine relativement nouveau.
bon, j'arrête tout de suite avec ça car une telle hypothèse engendre le risque de réactions un peu épidermiques conduisant à réduire l'intérêt d'un fil
C'est surtout que les récits qui relatent l'acquisition de telles "compétences" tiennent plus du récit enjolivé que de la réalité.

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Jodie
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#102

Message par Jodie » 24 févr. 2025, 01:40

ABC a écrit : 23 févr. 2025, 21:49 Une hypothèse (très) spéculative me semble suggérée par les très rares cas où telle ou telle personne se met à acquérir une compétence (dont celle d'accès à une langue jamais apprise par exemple) me semblant suggérer une provenance inconnue de notre science actuelle...
Bonsoir ABC,

Tel que décrit dans un hors-série du magazine Pour la Science, titré: Les mutations de notre mémoire, il s'agit comme vous dites de cas très particuliers, des gens qui ont une mémoire extraordinaire, supérieure à la moyenne. Selon ce que j'ai lu, l'hypermnésie n'est pas tout à fait une aptitude souhaitable... Je peux vous envoyer le PDF, si vous voulez.

Je vous dirais aussi que si on se tourne vers la croyance, c'est utilisé comme ''preuve que l'esprit ou la conscience peut se détacher du corps. Ce qui évidemment n'a rien à voir avec l'article de Pour la Science.
ABC a écrit : 23 févr. 2025, 21:49 bon, j'arrête tout de suite avec ça car une telle hypothèse engendre le risque de réactions un peu épidermiques conduisant à réduire l'intérêt d'un fil qui, globalement, se déroule plutôt bien malgré le caractère un peu sensible du sujet abordé.


Personnellement, je pense au contraire qu'il faut aborder tous les sujets sans crainte de la réaction des autres. C'est d'ailleurs ce qui nous permet de nous ajuster, de valider, un peu ce que vous m'expliquez sur un autre message de comment procède la science.

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Dominique18
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#103

Message par Dominique18 » 24 févr. 2025, 10:05

Jean-Francois a écrit : 23 févr. 2025, 22:32 À ce que j'en sais, c'est moins l'estomac que l'intestin, au travers des relations avec la flore intestinale. De nombreux indices pointent vers l'idée que le système immunitaire influence grandement l'activité du cerveau, de manière plus ou moins directe. Pas la mémoire particulièrement. Je pense cependant qu'il est trop tôt pour discerner la part de vrai dans l'enthousiasme pour un domaine relativement nouveau.
Le sujet est complexe, les subtilités ne manquent pas. Les recherches progressent, le terrain est riche.

2020
https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse ... -humeurs-0
...La population bactérienne de l'intestin, ou microbiote intestinal, constitue le plus grand réservoir de bactéries de l’organisme. De plus en plus de travaux montrent combien l’hôte et son microbiote intestinal constituent un bel exemple de systèmes ayant des interactions mutuellement bénéfiques. De récentes observations ont d’ailleurs révélé une association entre troubles de l’humeur et altérations du microbiote intestinal. C’est ce qu’avait mis en lumière un consortium de chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS et de l’Inserm en démontrant l’existence d’un lien entre le microbiote intestinal et l’efficacité de la fluoxetine, une molécule fréquemment utilisée comme antidépresseur. Pourtant, certains mécanismes de la dépression, première cause d’incapacité dans le monde, restaient encore inconnus.
Des chercheurs viennent de découvrir dans un modèle animal comment une modification du microbiote intestinal, engendrée par un stress chronique, peut être à l’origine d’un état dépressif notamment en provoquant un effondrement de métabolites lipidiques (petites molécules issues du métabolisme) dans le sang et le cerveau...
2022
https://presse.inserm.fr/decryptage-dun ... eau/45201/
...Des produits dérivés du microbiote intestinal se retrouvent dans la circulation sanguine et modulent les processus physiologiques de l’hôte, tels que l’immunité, le métabolisme et les fonctions cérébrales. Des scientifiques de l’Institut Pasteur (organisme de recherche partenaire d’Université Paris Cité), de l’Inserm et du CNRS ont découvert dans un modèle animal que des neurones de l’hypothalamus détectent directement les variations de l’activité bactérienne et adaptent l’appétit et la température corporelle en conséquence. Ces résultats montrent l’existence d’un dialogue direct entre le microbiote intestinal et le cerveau, une découverte qui pourrait être exploitée pour de nouvelles approches thérapeutiques contre les troubles métaboliques, tels que le diabète ou l’obésité. Ces résultats seront publiés dans Science le 15 avril 2022..
Ce qui ouvre un certain nombre de perspectives pour les prises en charge futures d'un ensemble de pathologies, avec des réflexions autres.
L'exemple de la dépression est significatif.

Jean-Jacques Hublin insistait, dans son intervention traitant de l'évolution de l'espèce humaine, de la modification de l'intestin, avec le constat d'un raccourcissement de la longueur de cet intestin, en relation avec le développement du cerveau. La suite de modifications, dans le temps, qui a favorisé cette évolution, dépend de multiples facteurs (évolution vers la bipédie ), dont celui de la part alimentaire en qualité, favorisée au cours des 500 000 dernières années 'entre 4000 et 500 0000 ans) par la découverte et l'utilisation du feu dans la préparation et la cuisson des aliments, mais aussi dans le confort général procuré (régulation de la température des habitats, sécurité accrue contre les prédateurs).
Hublin, très au courant des recherches sur le cerveau, indique, avec mesure et prudence, qu'il est possible que le développement du cerveau, dans les processus évolutifs, produit des "déchets" qui pourraient avoir une incidence sur les comportements humains, tels certains pathologies (dépression, Alzheimer,...). En l'état actuel des connaissances, il est trop tôt pour se prononcer, c'est une hypothèse de travail.

https://youtu.be/F4YRERFfAsI

à 36' dans la vidéo pour le feu

Image

Hublin fait également références aux travaux d'Alain Prochiantz et de Pierre Vanderhaegen au sujet du cerveau.

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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#104

Message par ABC » 24 févr. 2025, 16:11

Jodie a écrit : 24 févr. 2025, 01:40Personnellement, je pense qu'il faut aborder tous les sujets sans crainte de la réaction des autres.
Mmmm... mouais, si l'échange ne risque pas trop d'échouer pour cause de convictions contraires très arrêtées.

Bon, je prends le risque. La question que tu poses me semble être la suivante : comment expliquer le fait que de la matière inanimée ait pu s'organiser pour donner lieu à de la vie (une cellule, même sans noyau, c'est déjà une machinerie d'une extraordinaire complexité), puis à des animaux éprouvant des émotions et capables de penser, puis à des êtres capables de pensée consciente ?

On a l'impression, malgré des aléas, des imperfections, des retours en arrière, voir des aberrations (la nature semble "faire des erreurs"... ...peut-être en sommes nous une) qu'il y existe une sorte de programme incorporé dans les lois de la nature, orienté vers un but qui nous échappe. Cette question rejoint celle du principe anthropique (1), du fine tuning des constantes fondamentales (2), fine tuning sans lequel la vie ne pourrait pas apparaître et de l'absurde faiblesse de la probabilité de l'état de l'univers à ses débuts (3) ! Probabilité p = 1/10^10^123 selon Penrose, autant dire une totale impossibilité (4).

Concernant l'hérédité par exemple, avant même la découverte (récente finalement) de l'ADN, on avait déjà la conviction que de l'information était transmise des parents vers leurs enfants...
...et finalement, cette conviction s'est avérée être pertinente : il y a bien un "plan de construction" de la progéniture d'un couple d'animaux : il est enregistré dans l'ADN. Bref, ce n'est pas parce que l'on ne connait pas du tout quelle peut être la réponse à une question donnée que la question est nécessairement sans objet ou sans intérêt.

Voilà quelques lignes d'un document me semblant intéressant (de prime abord, je ne l'ai pas encore analysé) au sujet de l'hypothèse qu'un objectif preexisterait et servirait d'attracteur à des évolutions favorisant son atteinte.
The physical basis of teleological evolutions (5).

The pre-scientific notion of teleological evolution, that is, an evolution toward a goal (the solution) with an attractor in the goal it will produce in the future (the solution again), once applied to the evolutions of the living, was dismissed with the advent of modern science for the alleged absence of a physical basis...

...This work proposes a physical basis for the notion of teleological evolution, that is, an evolution toward a goal with an attractor in the very goal it will produce in the future...

...We show that, under a (hypothetical) quantum cosmological interpretation of the Anthropic Principle, the same quantum superposition of causal loops underlying the teleological character of quantum algorithms becomes the missing physical basis of the teleological character of natural evolutions.

(1) Le principe anthropique
  • principe anthropique faible [tautologique]: notre position dans l'Univers (ou le multivers, s'il existe) est nécessairement privilégiée au sens où elle doit être compatible avec l'existence d'une forme de vie évoluée, puisque nous sommes là pour l'observer [c'est comme ça parce que... ...c'est comme ça, sinon on ne serait pas là pour l'observer]
  • principe anthropique fort [spéculatif] : l'Univers doit (obligation, et non supposition) avoir des lois et des paramètres fondamentaux afin que des êtres évolués puissent y apparaître à un certain moment.
(2) Fine tuning Michael Huemer, tenured professor of philosophy at the University of Colorado (nota : je ne partage pas certaines de ses positions dans le domaine non scientifique, mais ses vidéos, touchant aux domaines scientifiques, prennent en compte les connaissances scientifiques actuelles. Ce n'est pas toujours le cas des exposés de professeurs de philosophie sur des thèmes scientifiques)

(2') L'Univers est-il né du hasard ? Aurélien Barrau, professeur à l’université Joseph-Fourrier de Grenoble, chercheur au laboratoire de physique subatomique et de cosmologie du CNRS.

(3) Reversibility & the Past Hypothesis Michael Huemer. Nota : l'hypothèse dite du passé, c'est l'hypothèse selon laquelle la très faible entropie de l'univers à ses débuts, très faible entropie déduite des propriétés et lois de la physique reposant sur les informations reproductiblement observables extraites des traces du passé (donc reposant sur notre confiance dans la validité de ces informations) est juste malgré l'apparente ridicule probabilité que ce soit le cas.

(3') Is Time's Arrow Perspectival? Carlo Rovelli
We observe entropy decrease towards the past... I argue that for any generic microstate of a sufficiently rich system there are always special subsystems defining a coarse graining for which the entropy of the rest is low in one time direction (the "past"). These are the subsystems allowing creatures that "live in time" ---such as those in the biosphere--- to exist.

(4) "Penrose [7] estimated the volume of the region of phase space corresponding to the possible initial states of the universe to be one part in 10^10^123 of the entire relevant phase space." Cf. Is the Hypothesis About a Low Entropy Initial State of the Universe Necessary for Explaining the Arrow of Time?, juillet 2016, S. Goldstein, departments of Mathematics, Physics, and Philosophy, Rutgers University, un physicien réaliste, partisan d'une interprétation objective (bohmienne) de l'état quantique et de la non localité quantique, estimant inutile l'hypothèse main stream dite du passé.
We discuss how the emergence of a thermodynamic arrow of time can be compatible with the consequence of statistical mechanics, appearances to the contrary notwithstanding.
(5) The physical basis of teleological evolutions Giuseppe Castagnoli, Doctor in electronic engineering. Formerly: Managing Director at Elsag Bailey ICT Division and Quantum Laboratory, December 12, 2024
Cf. aussi The quantum mechanical notion of unobservable causal loop and the anthropic principle Giuseppe Castagnoli, mars 2021

mathias
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#105

Message par mathias » 24 févr. 2025, 18:39

ABC a écrit : 24 févr. 2025, 16:11

On a l'impression, malgré des aléas, des imperfections, des retours en arrière, voir des aberrations (la nature semble "faire des erreurs"... ...peut-être en sommes nous une) qu'il y existe une sorte de programme incorporé dans les lois de la nature, orienté vers un but qui nous échappe.
Bonjour,
La nature semble errer.
Si on ajoute au terme nature, la propriété d'être naturée, l'on devine qu'il existe une nature dite naturante.
Ce chemin, parcouru plusieurs fois, a été récusé par les sceptiques, semble t'il.
Et là on invente le contraire: la cause finale placée avant le début (téléologie), pour ensuite espérer trouver la cause première, ou du moins se poser la question.
La nature errant .... déposant de multiples jalons.
Dernière modification par mathias le 24 févr. 2025, 19:04, modifié 3 fois.

Jodie
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#106

Message par Jodie » 24 févr. 2025, 18:46

ABC a écrit : 24 févr. 2025, 16:11
Jodie a écrit : 24 févr. 2025, 01:40Personnellement, je pense qu'il faut aborder tous les sujets sans crainte de la réaction des autres.
Mmmm... mouais, si l'échange ne risque pas trop d'échouer pour cause de convictions contraires très arrêtées.

Bon, je prends le risque. La question que tu poses me semble être la suivante : comment expliquer le fait que de la matière inanimée ait pu s'organiser pour donner lieu à de la vie (une cellule, même sans noyau, c'est déjà une machinerie d'une extraordinaire complexité), puis à des animaux éprouvant des émotions et capables de penser, puis à des êtres capables de pensée consciente ?

Bonjour ABC,

Je vous remercie de prendre le temps. J'aurai certainement bien des questions à venir, après avoir pris connaissance de votre réponse. Je vous espérerai patient, parce que bien des conaissances me manque pour avoir ne serait-ce qu'une perspective très partielle de la question.

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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#107

Message par Jodie » 24 févr. 2025, 22:44

ABC a écrit : 24 févr. 2025, 16:11 Voilà quelques lignes d'un document me semblant intéressant (de prime abord, je ne l'ai pas encore analysé) au sujet de l'hypothèse qu'un objectif preexisterait et servirait d'attracteur à des évolutions favorisant son atteinte.
Avant de commenter une toute petite partie, Juste vous dire que je suis parfaitement consciente que ma compréhension sera très limitée et que je serai amené à commenter à travers mes biais et aussi je sais que de tenter d'expliquer quelque chose à quelqu'un qui n'a aucune base scientifique comme moi est aussi un risque que je déforme involontairement vos explications.

Ce que j'ai traduit en français avec Copilot du no. 5 de votre message a donné ce qui suit:

''La notion pré-scientifique d'évolution téléologique, c'est-à-dire une évolution vers un but (la solution) avec un attracteur dans le but qu'elle produira dans le futur (la solution encore), une fois appliquée aux évolutions des êtres vivants, a été rejetée avec l'avènement de la science moderne pour l'absence alléguée d'une base physique...

...Ce travail propose une base physique pour la notion d'évolution téléologique, c'est-à-dire une évolution vers un but avec un attracteur dans le but même qu'elle produira dans le futur...

...Nous montrons que, sous une interprétation (hypothétique) quantique cosmologique du Principe Anthropique, la même superposition quantique des boucles causales sous-jacentes au caractère téléologique des algorithmes quantiques devient la base physique manquante du caractère téléologique des évolutions naturelles.''

J'ai tenté de comprendre le PDF en lien, mais cela m'est impossible, même le dernier paragraphe que vous citez me dépasse. Par contre, ce que j'ai souligné est ma croyance principale, soit que nous allons vers un futur qui est déjà là, en ce sens que l'évolution porte en elle-même tous les temps à la fois. Par ailleurs, je ne crois pas que l'on puisse changer quoi que ce soit au destin, pas plus que l'on empêchera le soleil de s'éteindre, même si d'apparence nous créons des petites variations ici et là, nous donnant l'impression d'avoir changer quelque chose. L'ordre des choses reprendra toujours sa course folle avec ou sans nous. A la base, mon raissonnement possiblement enfantin, mais qu'Importe, était que si nous étions biologiquement programmé qu'il en était de même pour tout ce qui existait. Vous utilisiez le mot ''attracteur'', je suis justement dans l'étude des ''attracteurs'' dans mon livre sur le cerveau.

Ceci dit, quand cela vous sera possible de vulgariser votre pensée, si je peux dire les choses de cette manière, ce serait plus facile pour moi de saisir quelque chose et j'aimerais vraiment beaucoup.

En passant le lien sur les émotions qu'éprouvent les animaux. je l'ai beaucoup apprécié en plus d'être récent. Je crains que même si on arrivait à prouver sans l'ombre d'un doute qu'une vache dans un champ, par exemple, ça ne fait pas que manger et chier, excusez l'expression un peu vulgaire, ça ne changerait rien pour elles. Pour améliorer ne serait-ce qu'un peu les conditions des bêtes de ferme, cela demande des années.... alors, imaginez.

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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#108

Message par Jodie » 25 févr. 2025, 13:13

ABC a écrit : 24 févr. 2025, 16:11

Bon matin ABC,

Ne tenez pas compte de mon message d'hier, il faut absolument que je mette toute mes croyances de côté, si je veux en arriver à comprendre quelque chose qui fasse partie de la réalité et non de l'imaginaire. Vous n'avez pas idée combien cela peut-être facile de glisser dans le monde du rêve quand on s'est formé comme on a pu au milieu de croyance. Ceci dit, je reviens à la partie science. J'ai lu ce matin la définition du Principe antropique faible (supporté) et fort (utilisé pour renforcir les croyances de gens comme Staune). Je ne saisis pas ici : ''Le principe anthropique faible dit que ce que nous pouvons nous attendre à observer doit être compatible avec les conditions nécessaires à notre présence en tant qu’observateurs, sinon nous ne serions pas là pour l'observer.''

Je ne comprends pas, en quoi dois-je être observatrice d'un arbre qui est tombé sur mon chalet pour arriver quelques heures plus tard devant la scène et voir ce qui s'est passé ?

Tout le long de ma lecture, j'ai été plutôt surprise de lire que : ''Cependant, l'une comme l'autre relèvent d'observations de physique et en particulier en cosmologie, où il semble que les lois de la physique comportent un grand nombre d'ajustements fins sans lesquels l'Univers n'aurait pas eu une stabilité suffisante pour que la vie puisse avoir le temps d'y apparaître...''

On répète tout le temps que vu sur une échelle de temps très longue les oganismes ont eu le temps de devenir ce qu'ils sont en fin de compte... Ce n'est donc pas si sûr..., mais peut-être que notre calcul sur l'âge de la terre, n'est pas le bon, tout simplement.

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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#109

Message par Jean-Francois » 25 févr. 2025, 13:28

ABC a écrit : 24 févr. 2025, 16:11On a l'impression [...] qu'il y existe une sorte de programme incorporé dans les lois de la nature, orienté vers un but qui nous échappe. Cette question rejoint celle du principe anthropique[...]
Manière de voir les choses qui, comme le dites plus loin, est forcément due au fait que c'est l'humain ("nous") qui réfléchissons sur l'univers et qui est donc biaisée par une très forte ignorance. Il est indéniable que l'univers est conçu de manière à ce que l'humain apparaisse (truisme) mais cela ne veut pas dire qu'il est conçu pour. Déjà, rien n'indique qu'il est conçu contrairement à ce que suggère une expression comme "fine tuning".
Probabilité p = 1/10^10^123 selon Penrose, autant dire une totale impossibilité (4)
À mon avis, c'est le genre de probabilités qui permet de dire que Penrose n'existe pas: l'assemblage précis des quelque 3 milliards de nucléotides qui forme son génome est statistiquement impossible (tellement impossible que toutes ses cellules ne le montrent pas). Doit-on en conclure qu'il y a(vait) un "but" transcendant à sa naissance (i.e., qui dépasse celui qu'avaient ses parents)? Que l'univers organise chaque naissance, dans un but précis?
Bref, ce n'est pas parce que l'on ne connait pas du tout quelle peut être la réponse à une question donnée que la question est nécessairement sans objet ou sans intérêt
Dans le cas des réponses téléologiques, ce sont plutôt les réponses qui n'ont qu'assez peu d'intérêt car, en plus d'être souvent biaisées par des aspects culturels, elles sont invérifiables. La plus sophistiquée des spéculations métaphysiques reste de l'ordre de la métaphysique.

En plus, elles n'expliquent rien de spécifique sur l'apparition de la vie ou de l'intelligence. C'est une approche qui multiplie les étapes miraculeuses de raisonnement, que chacun complète comme il veut.

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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#110

Message par thewild » 25 févr. 2025, 14:38

ABC a écrit : 24 févr. 2025, 16:11Cette question rejoint celle du principe anthropique (1), du fine tuning des constantes fondamentales (2), fine tuning sans lequel la vie ne pourrait pas apparaître et de l'absurde faiblesse de la probabilité de l'état de l'univers à ses débuts (3) ! Probabilité p = 1/10^10^123 selon Penrose, autant dire une totale impossibilité (4).
Et p = 1 d'après le principe anthropique faible, autant dire une nécessité.
"Assurons nous bien du fait, avant de nous inquiéter de la cause." Bernard Le Bouyer de Fontenelle

"Plus un fait est extraordinaire, plus il a besoin d'être appuyé de fortes preuves." Pierre Simon Laplace

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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#111

Message par mathias » 25 févr. 2025, 16:20

thewild a écrit : 25 févr. 2025, 14:38

Et p = 1 d'après le principe anthropique faible, autant dire une nécessité.
Un doigts de métaphysique , non?

https://www.techno-science.net/definition/2848.html


Mon pote Aristote ajoutait:
«  Nécessité. Nécessaire signifie d’abord ce dont la coopération est absolument indispensable pour qu’un être puisse vivre. «
( Traduction , Jules Barthelemy St-Hilaire)

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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#112

Message par ABC » 26 févr. 2025, 12:45

ABC a écrit : 24 févr. 2025, 16:11Cette question rejoint celle du principe anthropique (1), du fine tuning des constantes fondamentales (2), fine tuning sans lequel la vie ne pourrait pas apparaître et de l'absurde faiblesse de la probabilité de l'état de l'univers à ses débuts (3) ! Probabilité p = 1/10^10^123 selon Penrose, autant dire une totale impossibilité (4).
thewild a écrit : 25 févr. 2025, 14:38Et p = 1 d'après le principe anthropique faible, autant dire une nécessité.
De façon somme toute assez similaire au gain du gros lot au loto :
  • pour un participant donné, avant de jouer, la probabilité de gagner le gros lot est faible
  • une fois que ce participant a gagné, la probabilité qu'il ait gagné est proche de 1, proche car ça peut être une fake news ou une erreur...
...avec toutefois une autre différence notable. La probabilité de gagner le gros lot est très faible mais cette possibilité existe. La possiblité que l'univers ait occupé, dans son état intial, la portion ridicule d'espace de phase dans laquelle nous pensons qu'il se trouvait n'existe ("quasiment") pas...
...Et pourtant cette possibilité existe. Notre existence en apporte la preuve.

Pour 2 tentatives/propositions (controversées) d'explication de cet apparent mystère voir :

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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#113

Message par thewild » 26 févr. 2025, 13:28

ABC a écrit : 26 févr. 2025, 12:45 ...avec toutefois une autre différence notable. [...]
La différence la plus notable est que nous savons parfaitement comment fonctionne le loto. Aussi bien les règles pour désigner un gagnant que la fréquence des tirages et le nombre (approximatif) des joueurs.
Il n'en est rien pour l'univers et tout ce que nous pouvons en dire est purement spéculatif.

Je pourrais par exemple spéculer que tous les univers possibles existent et sont réalisés, et le principe anthropique faible prendrait alors tout son sens. Oui les constantes universelles sont ce qu'elles sont, parce que par définition nous sommes dans l'univers où elles sont telles qu'elles sont.
C'est pure métaphysique, sur laquelle Rovelli et consort n'ont pas beaucoup plus d'autorité que moi...

Tout ça pour dire que les affirmations comme celle de Penrose du style "notre univers était presque impossible parce que probabilité blablabla", ça n'a absolument aucun sens quand on ne connait pas les règles du jeu.
"Assurons nous bien du fait, avant de nous inquiéter de la cause." Bernard Le Bouyer de Fontenelle

"Plus un fait est extraordinaire, plus il a besoin d'être appuyé de fortes preuves." Pierre Simon Laplace

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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#114

Message par Jean-Francois » 26 févr. 2025, 13:47

thewild a écrit : 26 févr. 2025, 13:28
ABC a écrit : 26 févr. 2025, 12:45 ...avec toutefois une autre différence notable. [...]
La différence la plus notable est que nous savons parfaitement comment fonctionne le loto. Aussi bien les règles pour désigner un gagnant que la fréquence des tirages et le nombre (approximatif) des joueurs.
Il n'en est rien pour l'univers et tout ce que nous pouvons en dire est purement spéculatif
En partie parce que nous n'avons accès à aucun univers permettant d'établir une comparaison. En fait, on n'a même pas accès au début* de notre propre univers :D
Oui les constantes universelles sont ce qu'elles sont, parce que par définition nous sommes dans l'univers où elles sont telles qu'elles sont
Souvent, ceux qui prétendent que si on changeaient une constante fondamentale cela ne permettrait pas à l'univers d'être ce qu'il est ne s'attardent pas à vérifier ce qui se passe si on en change plusieurs. Si je me souviens bien, (feu) Victor Stenger montre que changer plusieurs constantes peut conduire à un univers similaire au nôtre ou, au minimum, qui a des propriétés permettant l'émergence de la vie telle que nous la connaissons.

-------------
ABC a écrit : 26 févr. 2025, 12:45Et pourtant cette possibilité existe. Notre existence en apporte la preuve
Ce qui démontre surtout que la manière de poser la question est problématique, tout comme l'utilisation des probabilités d'assembler des nucléotides pour nier l'existence de quelqu'un. "C'est trop pas possible, donc ça suggère que l'univers a un but"... ça tient souvent de la manière sophistiquée de cacher un sophisme** (ou paralogisme si c'est fait inconsciemment).

Jean-François

* Si début il y a.
** Ou des sophismes, parce que ça peut toucher à l'argument par l'ignorance et à la pétition de principe. Notamment en cachant des questions comme "il vient d'où ce but?". Le dieu/machin des trous rôde dans ces eaux-là.
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#115

Message par mathias » 26 févr. 2025, 14:29

Jean-Francois a écrit : 26 févr. 2025, 13:47

En partie parce que nous n'avons accès à aucun univers permettant d'établir une comparaison. En fait, on n'a même pas accès au début* de notre propre univers :D

* Si début il y a.
A Ke voilà une bonne remarque.

Le non-début de L'univers, du "Monde", a été envisagé depuis fort longtemps, souvent d'une manière "pré -scientifique", voire théologique ou encore théogonique.
Dans= Le Mythe de L'Eternel retour" (M. Eliade) , la régénération du Temps, "ici bas" , semble s'identifier à un éternel retour de l'univers.

Avec Kepler, In Harmonia Mundi, La musique de sphères (célestes) rythme un retour sans fin.

Note
le dieu machin rodait chez le bien aimé (scientifique) Kepler.

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Dominique18
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#116

Message par Dominique18 » 26 févr. 2025, 15:25

Annabelle Kremer-Lecointre (ingénieure, enseignante agrégée):

"Il y a évolution, la transformation des espèces, une diversification dans le temps, dans l'espace, mais sans direction."

Les métaphores providentialistes ont leur intérêt sous condition de reconnaître qu'il s'agit bien de métaphores, et de pouvoir apprécier leur subtilité.

https://menace-theoriste.fr/la-nature-n ... lecointre/

https://youtu.be/UQYhPrtjTMw

Les scientifiques s'accordent sur le fait qu'il n'y a pas de programme, ce qui sous-entendrait des idées pré-formationnistes et également instructionnistes, c'est à dire que tout est déjà "écrit", codé.
...Quand nous parlons du vivant, nous utilisons un vocabulaire qui projette sur lui des conceptions qui n’appartiennent qu’à nous. Nous disons que « la nature fait bien les choses », que les plantes sont « intelligentes », ou que la vie fait des « progrès ». En l’affublant de nos codes, de nos valeurs, de nos préjugés, nous dénaturons le monde biologique. Et c’est ironique puisque rien ne nous semble plus naturelle que l’image culturellement construite que nous nous faisons de la Nature et de la Vie avec des majuscules…

Les mots que nous employons pour parler de la nature, et plus spécifiquement du vivant représentent un danger potentiel que nous ne regardons pas en face.

Le premier danger est épistémologique : en plaquant nos représentations humaines sur le vivant, nous nous privons d’une compréhension authentique des mécanismes biologiques. Comment comprendre véritablement la symbiose entre les arbres et les champignons si nous persistons à parler de « communication » ou « d’entraide », des concepts profondément humains qui masquent la réalité des interactions biochimiques ? Cette incompréhension se traduit souvent par des décisions de gestion environnementale inadaptées, basées sur des métaphores plutôt que sur la science.

Plus insidieux encore est le risque de la « naturalisation » de nos préférences culturelles. Le darwinisme social – ou plus précisément le spencérisme – en est l’exemple le plus frappant : en prétendant que la « loi du plus fort » est inscrite dans la nature, certains ont justifié des inégalités sociales, des discriminations, et des violences. D’autres dérives idéologiques trouveront un terreau fertile dans notre tendance à voir la nature à travers le prisme de nos constructions sociales.

Mais le piège le plus subtil est peut-être celui qui touche à notre propre identité. En nous imaginant séparés du reste du vivant, nous cultivons l’illusion d’une possible autonomie totale. Les fantasmes de colonisation spatiale en sont l’expression ultime : l’idée que l’humanité pourrait s’extraire de la biosphère qui l’a vue naître pour recommencer ailleurs, laissant derrière elle une vieille Terre épuisée. Cette vision découle directement de notre incapacité linguistique à nous penser comme partie intégrante du tissu du vivant.

L’enjeu, vous le voyez, n’est pas simplement académique ; en nettoyant notre langage des facilités qui nous emprisonnent, nous nous donnons une chance de regarder le vivant tel qu’il est, et non tel que nos mots nous le font voir. C’est aussi un acte de libération, et c’est un acte de respect, et d’humilité envers la nature, qui ne nous a rien demandé ! C’est un acte de reconnaissance que la biosphère ne se réduit pas à ce que vous croyons avoir compris et à ce qui nous arrange de voir ou de laisser dans l’ombre...
Pas facile de sortir de l'ethnocentrisme et de l'anthropocentrisme, et surtout du langage.

Image

Un aperçu de l'ouvrage d'Annabelle Kremer-Lecointre et de Guillaume Lecointre:

https://www.calameo.com/read/0032216225 ... afIhTEjKUY

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ABC
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#117

Message par ABC » 26 févr. 2025, 20:22

ABC a écrit : 26 févr. 2025, 12:45 ...avec toutefois une autre différence notable. [...]
thewild a écrit : 26 févr. 2025, 13:28La différence la plus notable est que nous savons parfaitement comment fonctionne le loto. Aussi bien les règles pour désigner un gagnant que la fréquence des tirages et le nombre (approximatif) des joueurs. Il n'en est rien pour l'univers et tout ce que nous pouvons en dire est purement spéculatif. Je pourrais par exemple spéculer que tous les univers possibles existent et sont réalisés, et le principe anthropique faible prendrait alors tout son sens.
C'est une des hypothèses (effectivement très spéculative) proposées. Je la vois comme un choix ad hoc/bouche trou pour tenter d'éliminer le problème par crainte que des réponses "encore pires" ne soient proposées. Une autre posibilité est d'ignorer la question en estimant que, probablement, on ne saura pas y répondre avant longtemps...

...un autre point de vue est celui proposé par S. Golstein suggérant que la question soulevée par l'entropie très basse de l'univers à ses débuts (1) (2) puisse contenir une erreur conceptuelle implicite lui faisant perdre toute pertinence. Cela rentre dans le cas selon lequel "la manière de poser la question pourrait-être problématique".

Dans ces questions difficiles, situées au delà de ce que notre science d'aujourd'hui peut nous affirmer, il peut être tentant (pas forcément consciemment d'ailleurs) de donner plus facilement sa confiance aux hypothèses ou interprétations conduisant à la réponse (ou l'absence de question) à laquelle on a envie de croire si cette préférence surpasse l'envie de réellement connaître la bonne réponse...
...ou le fait qu'il n'y a, en fait, pas de question pertinente sur ce sujet malgré les apparences.
thewild a écrit : 26 févr. 2025, 13:28Tout ça pour dire que les affirmations comme celle de Penrose du style "notre univers était presque impossible parce que probabilité blablabla", ça n'a absolument aucun sens quand on ne connait pas les règles du jeu.
Je peux comprendre votre avis sur ce sujet mais, pour ma part, je serais tenté de me montrer moins catégorique. La question de l'explication du "fine tuning" (s'il y en a une ?) me semble être une vraie question. Quand on constate des coïncidences absurdes en raison de leur très faible probabilité d'occurence on en cherche la ou les causes (et souvent, on finit par les trouver).

Cette question pourrait-elle devenir physique (comme ça s'est produit, contre toute attente, avec l'article EPR) ? Si un physicien trouve, dans quelques années ou quelques décennies, une idée d'expérience rendant falsifiable (testable d'une façon ou d'une autre) l'hypothèse des univers multiples (une hypothèse à laquelle, dans le contexte de la mesure quantique, il n'est pas possible d'échapper sans sortir du formalisme standard), la proposition deviendrait physique (la réponse pouvant alors être : ben non, c'est pas ça l'explication ou au contraire, Wahou ! Chouette, c'est bien ça l'explication !).

(1) Is the Hypothesis About a Low Entropy Initial State of the Universe Necessary for Explaining the Arrow of Time?
S. Goldstein, 2016

(2) L'hypothèse dite du passé est une hypothèse assez largement acceptée. On en a besoin pour la raison suivante. La croissance de l'entropie des systèmes isolés repose sur la confiance beaucoup plus grande que nous avons (une confiance statistiquement justifiée) dans la réalisation de ce qui est très probable par rapport à la réalisation de ce qui est très improbable.

Cette approche statistique s'avère remarquablement prédictive dans le sens présent-futur et totalement fausse dans le sens présent-passé (sans que l'on soit en mesure de proposer une "explication" de cette asymétrie). D'où le besoin de rajouter l'hypothèse du passé traduisant notre confiance dans les informations reproductiblement lisibles que nous tirons des traces du passé malgré leur conflit avec le principe même de la prédiction des évolutions temporelles apportées par la physique statistique (évolution de l'état d'un gaz parfait isolé vers la distribution de Boltzmann par exemple). Cf. Reversibility & the Past Hypothesis, Michael Huemer.

Boltzmann était au courant de ce problème et avait tenté de le résoudre en évoquant la possibilité que l'entropie très basse actuelle de l'univers observé soit le résultat d'une énorme fluctuation à partir d'un état d'équilibre (donc d'entropie maximale)...
...mais ça ne marche pas pour une raison que je ne précise pas afin de ne pas être trop long.

mathias
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#118

Message par mathias » 26 févr. 2025, 21:53

Et "du coup", Monsieur ABC, que devient ici, l'émergence de l'intelligence ?

Ps.
L'état simultané, d'équilibre et de déséquilibre de l'Univers , ne peut-il pas se décrire plus simplement ?

Jodie
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#119

Message par Jodie » 27 févr. 2025, 01:23

Bonjour,

Je me permets d'amener l'opinion de Etienne Klein sur les questions métaphysiques qui dans une partie de la vidéo que je partage ci-dessous, plus précisémment au envion de 9 min 45 èa 11 min 50, pose les questions qui suivront en prenant l'exemple de la naissance des 2 premiers électrons qui se repoussent par la force électrique, suivant la naissance même de l'univers, en admettant qu'il y est eu ce premier moment. Je vous suggère fortement d'écouter c'est 3 ou 4 minutes.

E K ''Comment savent-ils qu'ils doivent se repousser ? ... Est-ce que cette loi est encodé dans leur constitution ? Est-ce que cette loi est engrammée dans la structure même de l'espace temps ?'' Une série de question qui n'ont pas de réponses, mais qui est cruciale pour ceux qui s'intéressent à l'origine de l'Unvers.'' Ces questions se posent donc.

Et donc, ma question pour Jean-François en particulier, est-ce que toutes les questions ci-haut sont farfelus ? Est-ce que toutes les hypothèses ou prédictions ne valent pas la peine d'être posées ? Vous m'aviez déjà expliqué que des prédictions peuvent être faites à partir d'objets existants, mais comme l'explique Etienne Klein photons et neutrinos (début de la vidéo) ne sont pas des objets qui existaient...

Est-ce que justement de les voir à travers des lunettes telle que les vôtres (c'est aussi une question pour toi Dominique), ne risque-t-elle pas d'empêcher des chercheurs conscients de la manipulation éso, spirituelle ou ce que vous voulez de l'utilisation de leur propos à d'autres fins que de faire avancer la science, de partager leur idée ou hypothèse sur de telles questions ? Ne risquent-t-ils pas, du même coup d'être empêchés auprès de leur paire de s'exprimer en toute liberté ?

Parce que c'est un problème, selon moi, à voir le trafic éso-spirituelle de tout ce qui peut être récupérés par des gens sans scrupule qui tentent de manipulier des croyants.

Ce sont les réticences de ABC qui m'amènent ces questions. En passant, si vous me lisez, ce n'est pas pour défendre l'information que vous amenez ABC, vous n'en avez pas besoin, vous avez été très clair quand à votre position, je réagis en lien avec cette idée que j'ai de pensé que peut-être que des scientifiques craignent de porter un chapeau qui ne va pas dans le même sens que la majorité et ça c'est une erreur, selon moi.

https://youtu.be/B2pd3W6gk-E?t=523

mathias
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#120

Message par mathias » 27 févr. 2025, 06:28

Jodie a écrit : 27 févr. 2025, 01:23 Bonjour,

Je me permets d'amener l'opinion de Etienne Klein sur les questions métaphysiques qui dans une partie de la vidéo que je partage ci-dessous, plus précisémment au envion de 9 min 45 èa 11 min 50, pose les questions qui suivront en prenant l'exemple de la naissance des 2 premiers électrons qui se repoussent par la force électrique, suivant la naissance même de l'univers, en admettant qu'il y est eu ce premier moment.

E K ''Comment savent-ils qu'ils doivent se repousser ? ... Est-ce que cette loi est encodé dans leur constitution ? Est-ce que cette loi est engrammée dans la structure même de l'espace temps ?'' Une série de question qui n'ont pas de réponses, mais qui est cruciale pour ceux qui s'intéressent à l'origine de l'Unvers.'' Ces questions se posent donc.

Les électrons se savent rien de leur propre constitution, de leur nature:;de ce qui leur est propre , de ce qui est leur unité.
Un électron « est », c’est à dire une puissance* dite absolue (non réductible)
Pour s’assembler et former un corps nouveau, il s’agit bien de cela dans votre propos ?, il « doit trouver une autre particule . un autre « pôle , comme dans un (aimant,(le terme est bien choisi), une autre puissance absolue (son inverse dans le cas de l’aimant) qui rentre en relation avec

* Puissance: ce qui peut.

.
Dernière modification par mathias le 27 févr. 2025, 09:22, modifié 1 fois.

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Dominique18
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#121

Message par Dominique18 » 27 févr. 2025, 08:52

@ Jodie
...Est-ce que justement de les voir à travers des lunettes telle que les vôtres (c'est aussi une question pour toi Dominique), ne risque-t-elle pas d'empêcher des chercheurs conscients de la manipulation éso, spirituelle ou ce que vous voulez de l'utilisation de leur propos à d'autres fins que de faire avancer la science, de partager leur idée ou hypothèse sur de telles questions ? Ne risquent-t-ils pas, du même coup d'être empêchés auprès de leur paire de s'exprimer en toute liberté ?..
Se poser des questions, oui, mais pas n'importe comment, et cette démarche n'a rien d'évident.
En référence, les propos que j'ai cités dans mon post ainsi que la vidéo.
Ce n'est pas parce qu'on peut poser des questions qu'on pourra obtenir des éléments de réponse.
D'ailleurs, ces questions sont-elles suffisamment pertinentes ? Sur quelles bases? Sont-elles entachées de biais ?

Il est très difficile, pour l'esprit humain, d'accepter le vide et le rien. L'esprit humain s'ingénie souvent à vouloir combler, à remplir (les interrogations d'ordre religieux ne sont pas prêtes de disparaître. Le tour de la question a pourtant été réalisé et ce à maintes reprises).

Peut-être pour la première fois dans l'histoire de l'humanité (et pas dans celle de l'univers et du vivant, l'humanité est une chose, les autres domaines en sont une autre), l'espèce humaine dispose de possibilités de connaissances et de compréhension, qui n'ont jamais été aussi élevées, at qu'elle est confrontée à ce rien, parce que ce n'est peut-être pas possible d'aller au-delà d'un certain niveau. C'est en quelque sorte une question de deuil à devoir accepter, à négocier si tant est que cela soit possible.

Annabelle Kremer-Lecointre indique, dans la vidéo, qu'il existe toujours un décalage entre la qualité des connaissances actuelles et les contenus qui peuvent continuer à être enseignés, y compris au niveau supérieur (à l'université,...,), qui sont dépassés, caduques et obsolètes, ce qui génère toujours des représentations biaisées.
Les actuels acteurs, étudiants, deviendront des individus à responsabilités qui risquent de commettre et de perpétuer des erreurs auprès d'autres personnes. La "plaisanterie" peut durer longtemps *.

La perfection n'est pas de ce monde et ne le sera certainement jamais. L'espèce humaine serait-elle un épiphénomène? Peut-être...
Est-ce que, en écrivant ces propos, ne serais-je pas en train de m'égarer ? Je n'en sais rien.
Je raisonne par rapport à un ensemble de connaissances, et ça fait déjà un moment que je me retrouve face à une situation absurde, voire ubuesque, qui défie l'entendement.
Je vais écouter Étienne Klein.

* En France, la psychanalyse occupe toujours plusieurs départements universitaires. On peut également trouver del'homéopathie, de "l'exotisme" à base de la bien vivance et du leadership quantiques, et, il n'y a pas si longtemps du négationnisme. Rajoutons la pseudo-notion de "races" qui a fait son retour dans les études dites décoloniales.
Ça prêterait à rire si ces dérives étaient de l'ordre du marginal, isolées au fond d'une cambrousse retirée. Ce n'est pas le cas.

mathias
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#122

Message par mathias » 27 févr. 2025, 09:30

Dominique18 a écrit : 27 févr. 2025, 08:52

Il est très difficile, pour l'esprit humain, d'accepter le vide et le rien. L'esprit humain s'ingénie souvent à vouloir combler, à remplir (les interrogations d'ordre religieux ne sont pas prêtes de disparaître. Le tour de la question a pourtant été réalisé et ce à maintes reprises).
Au fil des siècles, le terme tohu bohu* a t'il été bien interprété ?

תֹהוּ וָבֹהוּ

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Wooden Ali
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#123

Message par Wooden Ali » 27 févr. 2025, 09:46

Jodie a écrit :Est-ce que justement de les voir à travers des lunettes telle que les vôtres (c'est aussi une question pour toi Dominique), ne risque-t-elle pas d'empêcher des chercheurs conscients de la manipulation éso, spirituelle ou ce que vous voulez de l'utilisation de leur propos à d'autres fins que de faire avancer la science, de partager leur idée ou hypothèse sur de telles questions ? Ne risquent-t-ils pas, du même coup d'être empêchés auprès de leur paire de s'exprimer en toute liberté ?
je réagis en lien avec cette idée que j'ai de pensé que peut-être que des scientifiques craignent de porter un chapeau qui ne va pas dans le même sens que la majorité et ça c'est une erreur, selon moi.
Je la prends pour moi, aussi.

Les scientifiques n'ont jamais été avares d'hypothèses hardies, outrageantes, sacrilèges. Seulement, là où les philosophes commentent, eux, testent !
Un scientifique n'a aucun problème avec une hypothèse farfelue. Si il ne peut pas la transformer en un savoir en la testant, il l'abandonne.

Tu sembles proche de ceux qui pensent que la méthode scientifique est un obstacle, peu adaptée à tout un tas de questions que s'est posée l'Humanité depuis qu'elle existe. Comme l'a fait remarquer JF, toutes ces questions ont, au bout du compte, une interaction avec le monde réel. Pour l'instant, on a rien trouver de mieux (et de loin) que la méthode scientifique pour explorer, connaitre et faire des prédictions sur le monde réel. La voyance fait des prédictions sur le monde réel (comme la Physique et la Chimie). La méthode scientifique est donc parfaitement adaptée à l'étudier.

On peut constater aussi que certains chercheurs ne peuvent s'empêcher de "déborder" en donnant un poids non justifié par la méthode empirique à des hypothèses conformes à leur idéologie. On en parle beaucoup plus dans les média que dans la communauté scientifique. Un peu ce que peut être la Parapharmacie à la Pharmacie. La méthode scientifique telle qu'elle est n'est pas un obstacle mais la condition sine qua non de progrès.
Les produits de l'imagination non testables sont bien mieux traités, àmha, par la littérature que par la Philosophie qui entretient faussement l'idée qu'elle est productrice de savoirs.

Contrairement à ce que tu penses, les sciences humaines (Sociologie, Histoire ...) sont beaucoup plus productives depuis qu'elles intègrent mieux la méthode scientifique à leur propres méthodes.

Les "lunettes" scientifiques ne sont peut-être pas parfaites mais se sont les seules que nous ayons pour produire des savoirs objectifs fiables sur lesquels tout le monde puisse compter.
Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances. Marcel Proust

Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint
Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins ! Georges Brassens

Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné ? Dieu

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Dominique18
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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#124

Message par Dominique18 » 27 févr. 2025, 09:49

mathias a écrit : 27 févr. 2025, 09:30

Au fil des siècles, le terme tohu bohu* a t'il été bien interprété ?

תֹהוּ וָבֹהוּ
La littérature biblique ainsi que post-biblique s'accordent pour considérer cet état comme inhospitalier voire incompatible avec la vie.
Les religieux de l'époque ne disposaient pas de la somme des connaissances actuelles, avec une interdisciplinarité des savoirs.

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Re: Le paradoxe de l’intelligence émergente

#125

Message par mathias » 27 févr. 2025, 12:06

Dominique18 a écrit : 27 févr. 2025, 09:49
mathias a écrit : 27 févr. 2025, 09:30

Au fil des siècles, le terme tohu bohu* a t'il été bien interprété ?

La littérature biblique ainsi que post-biblique s'accordent pour considérer cet état comme inhospitalier voire incompatible avec la vie.
Et l'IA que dit-elle concernant le sujet ? (la messe devrait alors être dite, selon la formule consacrée: "pour des siècles et des siècles").
Pour approfondir le sujet, il conviendrait d'ouvrir un post spécifique.

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