Inso a écrit : 29 août 2025, 16:14
Je rappelle les fraudes (cf ce
post)
- Fiscales : 80 à 100 milliards d'€
- Fraudes sociales des professionnels : 10 à 12 milliards.
- Fraudes sociales des usagers : 1,5 milliard.
Ça me désole que le gouvernement ne cherche à faire des économies qu'essentiellement sur le dernier point. Aucune logique d'optimisation.
Eh bien, on aurait largement les 40 milliards qui manque au gouvernement avec en plus un remboursement (partiel) de la dette. Mais pour cela il faudrait investir. C'est ce qu'il faudrait faire, non plus avec les discussions oiseuses qu'on entend dans les media sur uniquement le budget français entre journalistes et spécialistes, mais de savoir comment ça se passe au niveau européen. Le rapport Draghi conseillait un investissement annuel de l'UE de 800 milliards d'€ pour faire face aux défis de l'avenir (Chine, USA, écologie). Mesures rejetées par Von der Layen et les pays bons gérants; dommage, c'est rejeter une UE puissante qui ne serait plus un nain politique internationalement.
https://www.ofce.sciences-po.fr/blog202 ... 20sociales.
Vous voulez savoir en quoi consistait le plan de relance pour la crise du COVID ? La même émission sur France Culture en 2020 :
https://www.radiofrance.fr/francecultur ... el-5331217
Il fallait intervenir à l'époque pour relancer les activités pour tout le monde. 34 milliards d'€ pour relancer l'économie après les subprimes, là c'était plus 110 milliards d’euros en soutien aux entreprises et aux ménages, faisant grimper la dette à 115% du PIB (avec l'aide de l'Europe). Comme le disent les économistes à 6 mn 40, c'était indispensable pour sauver l'activité économique de tout le monde; ne pas intervenir au nom d'une idéologie économique du laisser- faire néo-libéral, ça aurait coûté plus cher pour reconstruire un outil détruit.
Une autre piste serait de taxer les transactions financières, mais le lobby financier dit que ce serait une mauvaise idée (selon eux

)
https://www.radiofrance.fr/francecultur ... nt-4147901
La taxation des transactions financières (TTF), à une échelle internationale ou européenne, est l’un des plus gros serpents de mer des projets de régulation financière. Périodiquement, il ressurgit, puis replonge au plus profond, bien aidé par le lobby bancaire et financier qui déploie toujours la même rhétorique pour l’enfouir : en disant, soit que ça ne servirait à rien car trop facile à contourner, soit que cela mettrait en péril la "liquidité" du marché (c’est-à-dire sa capacité à faire se rencontrer acheteurs et vendeurs) ou ferait dépérir les places financières qui la mettent en œuvre, soit encore que le remède serait pire que le mal car les marchés s’en trouveraient perturbés et ainsi plus instables.
La TTF, une bonne recette ?
Disons-le tout net, ce n’est pas la TTF qui fera disparaître la spéculation sur les marchés, mais précisément parce qu’elle ne les perturberait pas tant que ça, ce serait une bonne façon de prélever des recettes fiscales. En fait, ce type de taxe existe déjà, mais à une échelle strictement nationale, dans une trentaine de pays, parfois même depuis très longtemps, sans que cela ait empêché le développement de leurs places financières.
"En France, l’Impôt sur les Opérations de Bourse, créé en 1893, avait été supprimé en 2007"
En Grande-Bretagne, le stamp duty existe depuis le XVIIème. Les achats d’actions font l’objet d’une taxe de 0,5% et cela rapporte environ 3 milliards de livres sterling par an. La TTF existe aussi en Suisse ou à Hong Kong, pas les moindres des places financières ! En France, l’Impôt sur les Opérations de Bourse, créé en 1893, avait été supprimé en 2007. En 2012, une taxation de 0,3% des achats d’actions a été réintroduite. Son impact a fait l’objet d’études. Ça a fait baisser le volume des transactions de 10%-20% – vu le décuplement en quelques décennies, autant dire que c’est indolore pour les marchés. Ni la liquidité du marché ni la volatilité du prix des titres n’en ont été significativement affectés.
C’est avant tout le design de la taxe qui détermine son efficacité. Le stamp duty tire son efficacité du "principe d’émission" : ce droit de timbre s’applique aux transferts d’actions émises par les entreprises britanniques, quel que soit le lieu de la transaction. C’est un principe efficace pour empêcher le contournement de la taxe. La TTF française a repris opportunément le même principe. Le projet de la Commission européenne, aussi, mais il patine depuis 2011. Les obstacles sont assurément plus politiques que techniques.
"Le Monde" avait consacré en octobre 2024, un dossier excellent sur le budget Barnier, et on y précisait secteur par secteur, les mesures à prendre.
https://www.lemonde.fr/politique/articl ... 23448.html
Dans un paragraphe, le projet de budget prévoyait 70 % de hausses de recettes et 30 % d'économie. Je ne suis pas contre, si on ne néglige pas les possibilités de recettes fiscales potentielles comme celles dont nous avons discuté dans ce fil.
Oui, mais à bien analyser avant "d'optimiser". Depuis quelques années, les volontés d'amélioration financières ont conduit principalement à une dégradation des services (santé, hôpitaux en particulier) et à une augmentation des fraudes (cf
dentistes,
cabinets radio,
Ehpad...)
On a vu ça lors du COVID : pas de masque, pas d'urgences et des morts. Le seul moyen efficace a été de se coordonner : T. Breton commandant des vaccins pour l'UE en masse. Distribution de masque, recherche avec les vaccins ARN (Trump a eu la bonne décision d'aider à investir dans les vaccins ARN aux USA). Et la suite ? On fait quoi lors de la prochaine crise sanitaire ? Un budget équilibré certes, mais l'interdiction d'emprunter pour des dépenses imprévues ? Rappel : les Allemands ont réformé leur constitution qui leur interdisait de dépasser 0,1 %de leur PIB. On avait parlé de la règle d'or pour l'inscrire dans la constitution, mais c'est une façon de brider l'intervention publique en aide économique, en défense, en politique stratégique. Curieusement, l'état interventionniste était revenu à l'ordre du jour après le COVID dans les media, mais cette notion disparaît avec les discussions budgétaires à l'assemblée.
Dans le monde de l'entreprise, quand il s'agit de faire des économies, la première chose est de (tenter de) supprimer des fraudes et les dépenses inutiles. APRÈS avoir vérifié qu'elles sont inutiles. Puis à optimiser les processus. Les entreprises qui choisissent de baisser la qualité du produit le regrettent plus tard.
Et ce qui me sidère toujours, reprocher l'endettement à état (ce n'est pas bien !) et en même temps, des sociétés privées sont aussi endettées, mais à elles, on ne dit rien (2024) :
https://www.lefigaro.fr/societes/les-gr ... lekom%205e).
Ensuite, certains services publics sont performants (la sécu "coûte" 4% en frais de gestion, les mutuelles entre 12 et 20 %).
Et puis ce sont des services, les gérer comme des entreprises privées ne fonctionne en général pas. Certaines privatisations ont peut-être rapportées de l'argent à l'état, mais souvent au prix de régressions des services à l'usager.
Oui, la sécu française a une meilleure gestion administrative et bureaucratique que les assurances privées américaines.
Bon lutter contre la dette c'est une bonne chose, mais pas à n'importe quel prix social. L'emprunt public sur les marchés financiers date de 1983 au niveau européen. L'emprunt des états se faisait en emprunt national (obligation), mais les marchés financiers ont permis d'emprunter à des taux inférieurs à ceux des banques centrales. Jaloux, les USA ont de fait de même sous Reagan. Depuis, on sait que la dette cotée en bourse et avec le FMI (les conditions de privatisation des années 80 en Afrique a détruit les services publics locaux, les dettes détenues par les banques européennes allemandes et françaises ont donné les drames sociaux en Grèce dans les coupes budgétaires et la vente du Pirée aux Chnois) produisent des catastrophes d'austérité.
Bon j'ai ma réponse pour l'Espagne hier :
https://www.radiofrance.fr/franceinter/ ... 25-2688122
C'est la revanche du "Club Med", comme on appelait il y a quelques années ces pays du sud de la zone euro. Grèce, Espagne, Italie, Portugal, cigales dépensières aux finances publiques à l'agonie, par opposition aux fourmis, frugales, du nord - autrement dit les boulets de la zone euro, ceux qu'il faut remettre dans le droit chemin. Dix ans plus tard, ces boulets sont devenus locomotives.
Fin août, l'information a fait sensation : l'Italie emprunte désormais à un taux quasi identique à celui de la France, un rattrapage effectué en à peine trois ans. Les investisseurs perçoivent les pays du sud comme plus stables sur le plan politique et budgétaire que les mastodontes européens que sont l'Allemagne ou la France. Résultat, ils achètent de la dette espagnole, italienne ou grecque.
Plus besoin de la Banque centrale européenne comme pompier
Quinze ans après la crise de la dette souveraine, les cancres deviennent premiers de la classe. Au point que la Banque centrale européenne (BCE), qui rachetait depuis cette crise des années 2010 les obligations d'Etat espagnoles, portugaises ou italiennes pour éviter l'envolée des taux, a cessé de le faire depuis le 1er janvier dernier. Il n'y a plus besoin de pompier.
Hier plombés par leur endettement, ces pays ont assaini leurs finances, parfois au prix fort, celui de l'appauvrissement d'une partie de la population ou de la vente des bijoux de famille, à coup de privatisations massives - notamment en Grèce. Mais le résultat est là, et il se compte en dette maîtrisée et en points de croissance : 2,6 % attendus cette année en Espagne, 2,3 % en Grèce, 1,8 % au Portugal quand la moyenne de la zone euro est à moins de 1% et que l'Allemagne est en récession depuis trois ans.
Fréquentation touristique record
Parmi les facteurs de ce redressement spectaculaire, l'effet d'un rattrapage après l’effondrement de la décennie précédente, l'effet aussi de l'action de la BCE pour stabiliser les marchés et une embellie antérieure à la crise du covid qui s'est accélérée depuis la fin des confinements. En Grèce, en Espagne, en Italie, le secteur touristique bat des records. Enfin le plan de relance européen post-pandémie, les fameux 750 milliards d'euros d'emprunt commun, profite dans une large mesure aux pays du Sud de l'Europe.
Pendant ce temps les Français et les Allemands sont, eux, dans le rouge : déficit budgétaire et instabilité politique en France, modèle économique allemand en crise. Il est loin le temps où Angela Merkel pouvait faire la leçon aux Grecs, exigeant coupes budgétaires et hausses d'impôt pour réduire les déficits.
crise climatique : quel coût financier et politique ?
Toutefois, ce nouveau havre de prospérité et de stabilité prisé des marchés financiers a ses zones d'ombre. L'Espagne, par exemple, fonctionne sans budget depuis trois ans faute de majorité solide. Le pays est politiquement fracturé et le gouvernement de Pedro Sanchez ne tient qu'à un fil. Par ailleurs la crise climatique frappe l'Espagne comme le Portugal, la Grèce et l'Italie plus durement que le reste de l'Europe. Entre sécheresse au printemps, incendies en été et inondations meurtrières à l'automne, le coup financier et politique de cette crise-là est encore largement sous-évalué.
Bref, les pays du sud sont morts guéris ? Quel est leur service rendu en services publics depuis les politiques d'austérité ? La mutualisation des moyens de dette au niveau européen, la réforme des 3 % des traités européens qui plombent tout, le fait de séparer la dette des dépenses publiques (dégager les investissements de défense, d'éducation, de recherche, de la dette publique) serait une piste à creuser, mais on a des oppositions des pays du nord.