Jean-Francois a écrit : 13 sept. 2025, 14:03Je suis tombé sur cette
entrevue télévisuelle de deux chercheurs qui ont publié un bouquin dont le titre dit tout: "Le grand détournement - Comment multimillardaires et multinationales captent l'argent de l'état" par M. Aron & C Michel-Aguirre. J'apporte cet élément à votre connaissance car il me semble en lien avec votre discussion.
Jean-Francois a écrit : 13 sept. 2025, 14:31Dans l'entrevue, ils ne rejettent pas l'idée d'aider l'entreprise mais font remarquer que la somme augmente régulièrement (surtout depuis Macron), que l'argent est distribué aveuglément (i.e., sans mécanisme pour savoir si les fonds rapportent vraiment à l'état donc aux contribuables) et se questionnent sur l'effet sur la dette.
A mon sens, c'est une bonne question. Vu la façon dont la dette de l'état français gonfle depuis 50 ans (avec des résultats ne me semblant à la hauteur de ce que nous coûte cette dette) toutes les questions concernant l'utilité et l'efficacité des services de l'état et des subventions auxquelles sont affectées les dépenses de l'état doivent être posées et analysées
sans tabou (notamment idéologique).
Jean-Francois a écrit : 13 sept. 2025, 14:03Ils donnent l'exemple de Michelin qui, après avoir reçu des dizaines de millions pour l'achat de machines-outils, ferme l'usine et envoie les machines à l'étranger (et distribuer plus d'1 milliard de dividendes en plus de payer l'équivalent en impôts). J'imagine que ces millions auraient pu servir à autre chose qu'à désindustrialiser un peu plus la France.
Ce qui, toujours dans l'esprit d'un questionnement sans tabou/biais, nous amène aux 2 questions suivantes.
ABC a écrit : 13 sept. 2025, 13:40Expliquent ils aussi pourquoi les détournements ne donnent pas les mêmes effets sur la croissance du PIB et du pouvoir d'achat en Chine ?
Leur analyse permet-elle d'expliquer (par exemple) pourquoi la fuite des entreprises va trop souvent dans le sens France étranger et pas assez souvent dans le sens étranger France et ce qu'il faudrait faire pour favoriser un mouvement en sens inverse ?
Dit autrement :
- pourquoi est-il trop souvent financièrement plus attractif d'investir à l'étranger qu'en France ?
- Que serait-il souhaitable de changer pour favoriser des mouvements dans un sens qui nous soit plus favorable ? Mettre en place des "barrages et contrôles règlementaires" (de type clapets anti-retour) pour bloquer les flux dans le sens que nous estimons défavorable ? Avec les 500 Mds que l'Europe est tenue d'investir en Amérique, ça commence mal (1).
Une réponse (partielle) à la 1ère question me semble correspondre au faible coût du travail dans certains pays (2) :
- en partie en raison de salaires plus faibles (3).
- en partie en raison de charges salariales moins élevées.
A titre d'illustration, certaines entreprises de génie-civil implantées en Angleterre se sont retrouvées en faillite (entrainant dans leur chute un cotraitant français) quand, suite au Brexit, elles n'ont plus eu le droit d'embaucher de la main d'oeuvre européenne au prix où elle était payée dans leur pays d'origine. Réduire (ou maintenir) le coût de certaines ressources est parfois la condition de survie (immédiate ou à moyen terme) pour une activité donnée.
Cette question du faible coût salarial dans certains pays, notament des pays en voie de développement, en pose une autre. Dans ces pays, parvenir à trouver de la main d'oeuvre sans qu'il soit nécessaire pour cela de la payer cher résulte :
- En partie du fait que les salariés de ces pays ont été "moins exploités" que dans les pays développés. De ce fait, il en résulte un développement économique n'ayant pas encore rejoint celui des pays développés, donc un PIB, et par voie de conséquence un pouvoir d'achat/habitant, plus faible (d'où des salaires moins élevés).
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- En partie de la concurrence du travail de la machine sur le travail de l'homme. En effet, si l'offre de travail humain venait à manquer, il faudrait la payer plus cher pour pouvoir y avoir accès. La robotisation et maintenant l'I.A vont rendre ce problème de concurrence du travail de la machine sur le travail de l'homme sociologiquement critique en asséchant les revenus d'une partie importante de la population si nous ne lui apportons pas de solution appropriée à temps.
Cela me semble poser deux sous-questions. Comment faire face :
1/ au problème structurel de déplacement des revenus du travail vers les revenus du capital ?
2/ au problème de sous-développement de certains pays avec ses conséquences sur le faible coût du travail dans ces pays ? Engendrant ainsi :
- une pression à la baisse sur l'emploi et les salaires dans les pays où les salariés sont mieux payés
- des problèmes sociologiquement déstabilisants :
- pour les pays en développement perdant des ressources humaines par émigration
- pour des pays recevant des émigrés ne disposant pas toujours de la culture, des codes, des réseaux relationnels et des compétences professionnelles favorisant une insertion socioprofessionnelle et culturelle réussie lorsque le flux d'immigration devient supérieur aux capacités d'absorption du pays d'accueil (dans des conditions acceptables pour ces nouveaux venus et sans déstabilisation sociologique du pays d'accueil).
1/ Le problème de déplacement des revenus du travail vers le capital
Quelles solutions envisager ?
- 1ère option : taxer le capital pour distribuer cette recette fiscale en pouvoir d'achat et en alimentation du tonneau des Danaïdes de la dette de l'état français. De façon plus imagée, en vendant nos bateaux de pêche pour acheter et distribuer des poissons, en vendant nos poules pour acheter et distribuer des oeufs. Cela engendrerait, par ailleurs, un 2ème effet kiss cool. Favoriser l'attractivité de l'implantation de poulaillers dans le pays où on les taxe le plus ? Vraiment ?
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- 2ème option : En contrôlant, entravant, punissant de diverses manières (règlementaires, législatives, fiscales) la recherche de profit, cad le fait de veiller à ce que la valeur des biens et services produits (malheureusement, et c'est là que le bât blesse, pas toujours évaluée en cohérence avec nos réels besoins) soit supérieure (et ce le plus possible) à la valeur des ressources, biens et services consommés ou détruits lors du processus de production (malheureusement, et là aussi le bât blesse, une valeur pas toujours évaluée en cohérence avec nos réels besoins. C'est ça le vrai problème, mais il ne me semble pas connu pour l'instant) (4)
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- 3ème option : en favorisant (au maximum compatible avec les services de l'état que l'on estime indispensables, et ce, au niveau de qualité où on les estime requis) (5) une réorientation (fatalement partielle) des ressources de l'état vers :
- d'une part l'accès, à tous, à la propriété de son logement,
- d'autre part l'accès, à tous, à un capital offrant une source de revenus (croissants, eux, pour des raisons structurelles) complétant les revenus du travail (décroissants, eux, pour ces mêmes raisons structurelles).
- enfin, en favorisant cet accès au capital par utilisation de l'intéressement au bénéfice et par déplacement progressif (mais pas trop lent) de la retraite par participation à la retraite par capitalisation.
2/ Les problèmes d'émigration et d'immigration
Concernant le problème d'émigration de natifs de pays où l'on vit moins bien et où, notamment, l'on a moins (ou pas) de services de l'état sans contrepartie, en direction de pays où (vu de loin) semble couler le lait et le miel, les 2 principales possibilités pour y faire face me semblent être :
- un développement économique des pays parvenant à répondre insuffisamment aux besoins et aspirations de leur population, si bien que fuir ces pays semble préférable à y vivre, posant ainsi la question difficile de savoir comment atteindre cet objectif de développement (ou au moins le favoriser),
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- dans les pays rencontrant des difficultés pour assimiler des populations immigées venant de pays moins riches (rendant ainsi ces pays moins attractifs, notamment en raison d'avantages sociaux moindres, notamment des avantages sociaux sans contrepartie de diverse nature) s'asssurer que les services de l'état s'accompagnent de conditions d'accès appropriées pour en bénéficier. On doit veiller à ce que des conditions d'accès trop larges et trop favorables ne jouent pas le rôle de lumière attirant des papillons pour finalement les faire griller (et engendrant une immigration susceptible, si elle dépasse un seuil au delà duquel elle ne peut être absorbée sans dommages, de provoquer des fractures sociales et une déstabilisation sociologique du pays d'accueil).
(1) Comme quoi, penser à consolider le pouvoir politique, économique et militaire de l'Europe quand c'était possible ça aurait pu être utile...
...mais bon, vendre ce type de dépenses/priorités dans un programme politique avant que ça ne devienne évident pour tout le monde, bonjour ! Le malheureux responsable politique qui s'y risquerait trop tôt serait traité de "petit homme gris", d'énarque, de défenseur d'objectifs technocratiques déconnecté des "réalités", dans un total mépris "des geux" comme nous dirait Pascal Praud.
(2) Le coût salarial n'est pas le seul facteur de choix d'implantation d'une activité dans un pays étranger. D'autres facteurs peuvent jouer un rôle déterminant, comme des taxes, le marché dans ce pays, des considérations propres aux spécificités de l'activité et au pays où il a été chosi d'implanter cette activité...
(3) A noter que délocaliser une activité pour baisser le coût du travail, certaines entreprises s'en sont mordu les doigts. Elles ont fait les frais (dans certains cas) d'une baisse de qualité du travail fourrni par la main d'oeuvre locale telle que la baisse de coût de la main d'oeuvre n'a pas pu compenser cette baisse de qualité. De plus, évaluer l'intérêt d'une délocalisation doit prendre en compte le contexte du pays, dont sa stabilité économique et politique et celles de ses appro, le rapport qualité/coût et pas seulement le coût du travail.
(4) Si un singe accumulait plus de bananes qu’il ne peut en manger pendant que la plupart des autres singes mouraient de faim, les scientifiques étudieraient ce singe pour savoir ce qui ne va pas chez lui. Quand les humains en font autant on les mets à la une de Forbes.
D'ailleurs, si un singe accumulant plus de bananes qu'il n'en mange se servait de ce supplément de bananes pour payer des singes planteurs de bananiers avant qu'une insuffisance de récolte de bananes n'impacte tout le groupe, très certainement, le grand mâle dominant mettrait immédiatement un terme à cette exploitation éhontée du travail sismiesque, génératrice d'inégalités inacceptables dans la distribution des bananes...
...mais bon, ce sont des singes. Il ne faut pas trop leur en demander.
(5) des ressources de l'état que nous devons rendre plus disponibles pour une telle réorientation par une gestion plus efficace de ces dépenses de l'état... ...augmentation d'efficacité demandant des mesures (sur plusieurs années. Ca ne peut pas se faire en quelques mois) et des choix de réorganisation probablement difficiles à proposer et négocier. En effet, pour qu'il devienne possible de les proposer, le préalable requis est d'obtenir une forte adhésion...
...malgré les très probables actions de récupération de certains responsables plus concernés par l'accès au pouvoir que par la pertinence et le bénéfice collectif de son emploi. Ils ne manqueront pas d'exploiter la résistance naturelle à tout changement pour en tirer un bénéfice politique en créant, dans ce but, de l'indignation, de la colère et du rejet vis à vis de ces mesures (qu'elles soient nuisibles, auquel cas OK, ou bénéfiques, et là NOK)...
Cette hypothèse optimiste (trouver des mesures pertinentes, ET réusssir à convaincre suffisamment pour parvenir à les négocier, ET, en plus, obtenir l'adhésion à leur mise en place) est-ce là de la politique fiction ? Peut-être bien. Les actions de désinformation exploitant le sentiment d'indignation, ou de colère, notamment ceux induits par des sentiments d'appartenance habilement exploités et propagés sur les réseaux sociaux, donnent lieu à de nombreux clics. Susciter ces émotions là, rend les vidéos de désinformation très rentables en termes publicitaires. Elles se propagent comme des virus particulièrement efficaces et contagieux.
Quelle est la solution ? Je ne sais pas, mais le pourcentage de Francais imputant le réchauffement climatique à des causes naturelles plutôt qu'à des causes anthropiques serait passé de 24% en 2023 à 30% en 2025 (semble-t-il. Je l'ai entendu sur une chaîne de TV mais pas vérifié par recoupement) ...
...Où est le problème ? Le problème est une perte de confiance dans les autorités compétentes pour exprimer un avis sur une sujet donné. Pourtant, le refroidissement de la haute atmosphère et le réchauffement plus rapide aux pôles qu'à l'équateur apportent la preuve que le réchauffement ne peut pas venir d'une augmentation d'activité solaire. Les réseaux sociaux semblent trop souvent favoriser l'ultracrépidarianisme...
...Mais bon, c'est quoi la solution pour lutter contre l'ultracrépidarianisme ? Un mal auquel les sociétés démocratiques ne sont pas immunisées (le complotisme y a de beaux jours devant lui. Une grande partie de notre difficulté pour résoudre nos problèmes de société vient, certes, en partie, de certains manques d'information, mais aussi (et peut être surtout) du problème d'ultracrépidarianisme et de nos biais de raisonnement.
C'est quoi la solution ? L'éducation ? Voui, certes, mais comment y parvenir sans se heuter à des levers de bouclier...
...du genre : le climato-scepticisme, le créationisme, l'antisionémitisme, le révisionisme, la dénonciantion des méfaits des vaccins contre le covid et le droit de Poutine à se défendre, par une agression préventive, contre la grave la menace ukrainotanienne, doivent pouvoir être entendus dans le respect de la pluralité de points de vue propre à toute société ultracrépidémocratarianiste qui se respecte.
Si quelqu'un connaît l'antidote, prière de le signaler. Ca nous serait très très très utile.