Pour que l'univers dure suffisamment longtemps (ne se recontracte pas tout de suite après le big-bang) mais ne se dilate pas trop vite non plus, pour que des étoiles puissent se former, pour que ces étoiles puissent produire en quantités appropriées du carbone, de l'azote, de l'oxygène, du phosphore et du soufre (les atomes nécessaires à la fabrication des molécules du vivant), pour que suffisamment d'étoiles puissent exploser en supernovae et puissent ainsi répandre ces atomes dans l'espace.... il est nécessaire que les constantes de la physique (G, h, c, la charge électrique de l'électron et des quarks, la masse des particules élémentaires, la constante cosmologique...) aient les valeurs appropriées, dans des fourchettes extraordinairement étroites.Jodie a écrit : 25 févr. 2025, 13:13Tout le long de ma lecture, j'ai été plutôt surprise de lire que : ''Cependant, l'une comme l'autre relèvent d'observations de physique et en particulier en cosmologie, où il semble que les lois de la physique comportent un grand nombre d'ajustements fins sans lesquels l'Univers n'aurait pas eu une stabilité suffisante pour que la vie puisse avoir le temps d'y apparaître...''
On répète tout le temps que vu sur une échelle de temps très longue les oganismes ont eu le temps de devenir ce qu'ils sont en fin de compte... Ce n'est donc pas si sûr..., mais peut-être que notre calcul sur l'âge de la terre, n'est pas le bon, tout simplement.
Pour expliquer cette série d'extraordinaires coincidences (1) certains physiciens pensent qu'il existerait une gigantesque quantité d'univers parallèles, sans communication les uns avec les autres (2) avec des valeurs différentes de leurs constantes fondamentales.
(1) il s'agit d'un sujet différent de l'extraordinaire faiblesse de l'entropie de l'univers à ses débuts... ...mais là il y a des débats pour savoir si le rôle probabiliste attribué à la très faible entropie de l'univers à ses débuts (et même maintenant d'ailleurs) est pertinent (Is Time's Arrow Perspectival? Carlo Rovelli). Certains physiciens en doutent (Is the Hypothesis About a Low Entropy Initial State of the Universe Necessary for Explaining the Arrow of Time? S. Goldstein). Ca rejoint une remarque de thewild à ce sujet concernant la légitimité de la faible probabilité attribuée à la faible entropie de l'univers à ses débuts et même sa très faible probabilité actuelle avec, au contraire, une interprétation maîtrisée de la probabilité concernant les tirages du loto (parce qu'on sait comment il marche, lui).
(2) ou très peu d'interactions entre notre univers et ces univers multiples supposés. Il me semble qu'Aurélien Barrau évoquait une très spéculative possibilité de traces laissées dans le fond de rayonnement cosmique par interaction avec ces hypothétiques univers multiples lors du Big-Bang supposé.
Cette hypothèse (très spéculative) dite de multivers, en apparence totalement gratuite voir absurde, ressemblant à un échappatoire pour éviter des réponses "encore pires" à l'extraordinaire faisceau de coincidences (fine tuning) engendrant un univers dont les constantes fondamentales permettent l'émergence de la complexité (dont celle de la vie, puis de l'intelligence... ...quoi que, au vu de nos errements actuels...), n'est pas aussi gratuite que cela pourrait sembler. La formulation standard de la physique quantique, si on attribue un caractère de réalité objective à la fonction d'onde (point de vue réaliste très discutable et engendrant d'ailleurs de nombreux paradoxes), conduit à la séparation de notre univers en diverses versions à chaque mesure quantique ou phénomène physique en tenant lieu.
Il est vrai que la mesure quantique, avec l'apparition d'un résultat unique, choisi selon un hasard quantique incontrôlable (obéissant à la règle dite de Born), pose un problème d'interprétation qui a fait couler beaucoup d'encre depuis environ un siècle. Aucun consensus largement accepté par l'ensemble de la communauté scientifique ne s'est dégagé pour l'instant vis à vis du problème dit de la mesure quantique (Le wiki français sur ce sujet dit pas mal de choses correctes mais contient, selon moi, certaines erreurs que je trouve assez génantes)...
...ces difficultés d'interprétation n'empêchent nullement la physique quantique de fournir des prédictions parfaites avec un nombre de décimales impressionnant.
Fuchs et Peres (positivistes dans la lignée des Bohr, Born, Heisenberg, Gell-Mann, Rovelli...) proposent une physique quantique sans interprétation (Cf. Quantum Theory Needs No Interpretation, Physics Today, septembre 2000). On doit la prendre, selon eux (et ils sont rejoints de ce point de vue par E.T. Jaynes, cf. Clearing up mysteries, tout particulièrement le § Confrontation or réconciliation) comme un outil d'inférence statistique. Selon eux, la physique quantique modélise la connaissance maximale accessible à un observateur donné et on ne doit pas chercher plus loin parce que plus loin, il n'y a rien à trouver. C'est un point de vue tentant...
...mais en même temps, l'apparition d'un résultat de mesure quantique unique est contredite par la dynamique d'évolution quantique dans sa formulation standard. La dynamique unitaire (donc déterministe et réversible) des évolutions quantiques prédit qu'il n'y pas de résultat de mesure quantique, pas de collapse (alors qu'on l'observe)...
...Mais il n'y a pas de conflit mathématique dans l'interprétation des mondes multiples. Par contre il faut, dans ce cas, accorder sa confiance à la dynamique des évolutions quantiques dans un domaine où il n'est plus possible de la vérifier directement, cad quand nous sommes nous-mêmes impactés par l'intrication quantique avec le système observé, l'appareil de mesure et son environnement.
Dans la formulation quantique standard, la chaîne infinie de von Neumann intrique successivement le système observé, l'appareil de mesure, puis son environnement proche, puis l'observateur, mettant ainsi toute cette chaîne en état superposé (cf. le chat de Schrödinger) quand, par exemple, un observateur mesure le spin horizontal d'un atome d'argent en état initial de spin up.
Les expériences d'électrodynamique quantique en cavité microonde supraconductrice de Serge Haroche et ses doctorants au LKB confirment la création de "chatons de Schrödinger" à l'échelle mésoscopique montrant au moins à cette échelle et rien ne prouve qu'il existerait une échelle, cassant la objectivement chaîne de von Neumann en violation de la dynamique des évolutions quantiques la validité de ces états quantiques superposés. Ce type d'observation donne du crédit à l'interprétation des états relatifs d'Everett (plus connue sous le nom d'interprétation des mondes multiples).
Il semblerait que 45% des physiciens seraient favorables à l'interprétation des mondes multiples d'Everett (mais je ne retrouve plus la source où j'ai entendu cette information). Elle ne semblerait donc pas être minoritaire. L'interprétation des mondes multiples découle du respect de la dynamique unitaire d'évolution quantique. La coupure de la chaîne de von Neumann (l'observation d'un résultat de mesure quantique unique) y émerge alors naturellement (enfin... ...mathématiquement. Intuitivement, se retrouver sans le savoir avec plusieurs copies de soi-même, c'est pas très intuitif

Tout ça laisse quand même un goût d'inachevé. Difficile de croire que la science va s'arrêter en si bon chemin.