BeetleJuice a écrit :- Les reconstructions basées sur les mutations neutres sont congruentes avec celles basées sur les données morphologiques
- Les datations des fossiles correspondent à celles déduites des horloges moléculaires
Je suppose que dieu l'a fait exprès pour nous faire croire que l'évolution existe
Mais je doute que vous compreniez de quoi je parle.
Tiens, moi non plus je ne vois pas de quoi vous/tu parles/parlez (je ne sais jamais qui je dois tutoyer ou vouvoyer sur ce forum, c'est gonflant...)
On va se tutoyer si tu veux bien. Je vouvoie les inconnus et les zozos.
BeetleJuice a écrit :
Histoire d'aller un peu plus loin que les élucubration de Julien, est-ce qu'il serait possible d'avoir une petite explication pour satisfaire ma curiosité?
Pour cela il faut se rappeler un certain nombre de notions.
Lorsqu'une mutation apparait, classiquement, on imaginait toujours qu'elle pouvait être
- létale, ou au minimum avoir un effet négatif sur son porteur. Au hasard, c'est par exemple le cas de la mutation qui provoque la mucoviscidose.
- avoir un effet positif sur son porteur. Par exemple la mutation conduisant au mélanisme des papillons anglais pendant la révolution industrielle.
- neutre : elle n'a aucun effet positif ou négatif.
En observant les données moléculaires, on a découvert que les mutations neutres étaient de très loin les plus nombreuses(*). Il existe dans notre génome d'immense zones non codantes situées entre les gènes proprement dits. Ces zones ne sont pas à proprement parler "inutiles" : certaines servent à la régulation de l'expression des gènes. Certaines sont liées au vieillissement (télomères). Certaines
semblent n'avoir aucune fonction. La création artificielle de mutants qui ne possèdent pas ces zones produit des individus viables et en bonne santé. Certaines espèces très proches diffèrent par d'immenses zones non codantes dont la fonction semble inexistante.
Cependant il est difficile de dire si des mutations survenant dans ces zones sont effectivement neutres évolutivement : elles pourraient avoir une fonction encore inconnue.
Il existe malgré tout des mutations strictement neutres(**). Il faut pour cela se souvenir que
le code génétique est dégénéré : avec quatre bases on peut créer 4³ = 64 codons de trois bases différents. Il existe 3 codons-stop (qui indiquent la fin d'un gène). Les 61 codons restants codent pour seulement 20 acides aminés. Par conséquent il y a en moyenne trois codons synonymes par acide. Par exemple une mutation d'un codon AAT (codant pour l'asparagine) en AAC est neutre : elle code pour la même chose. Un individu qui porte cette mutation possède une protéine résultante identique à celle d'un non mutant. On parle parfois de mutation
silencieuse.
Si on possède un set de données important, par exemple plusieurs séquences de gènes complètes, on peut limiter l'analyse aux seules mutations neutres. Elles ont l'avantage d'être par définition non sélectionnées. Elles évoluent au hasard(***). Par définition, ces mutations sont indépendantes du phénotype.
Or lorsqu'on reconstruit un arbre phylogénétique avec des données morphologiques (ou phénotypiques), puis un arbre avec ces mutations neutres, on obtient
la même chose(****).
Dieu dans son infinie bonté, a donc affublé lors de sa création, les espèces de mutations neutres dont la répartition est congruente avec celle des données tirées de leur morphologie, données indépendantes par définition.
(Cet argument anti créa est à rapprocher de celui sur les insertions-délétions dont la répartition est congruente avec la morphologie.)
Il n'existe pas à l'heure actuelle de réponse non évolutionniste cohérente avec cet état de fait.
Si tu insistes, je te raconterai l'histoire des horloges moléculaires une autre fois
Matt
(*) c'est une des raisons qui ont conduit à remettre en cause le darwinisme orthodoxe, dit "adaptationniste". On a donc enrichi (et non rejeté) le modèle darwinien strict. Voir à ce sujet, Gould notamment.
(**) même si on a quelques exceptions à ce modèle.
(***) Oui l'évolution "au hasard" chère aux créationnistes existe bien. Mais
seulement pour les mutations neutres.
(****) Pour peu que le set de données soit robuste, ce qui peut être estimé par des indices mathématiques divers.