Bonjour,
ABC a écrit : 26 août 2024, 17:44
Philippe de Bellescize a écrit : 26 août 2024, 17:21 On peut tout à fait, même si l’on remet en cause la conception d’un temps absolu, défendre l’idée d’un instant présent pour l’Univers.
C'est la même chose.
Ok, à condition de tenir compte de cela :
Philippe de Bellescize a écrit : 26 août 2024, 17:21
De plus, deux horloges identiques placées dans des conditions spatiales différentes peuvent très bien tourner simultanément à des rythmes différents. On ne peut pas arbitrairement éliminer cette possibilité.
Sinon, une fois remis en cause la conception du temps issue de la relativité restreinte, on ne pourra plus bénéficier de l'apport de la relativité générale :
« Que deviennent les transformations de Lorentz, que vous utilisez page 37 dans les annexes de votre livre ?
Les transformations de Lorentz sont la conséquence mathématique du postulat de l’invariance de la vitesse de la lumière. Je les donne simplement comme illustration, car je n’ai pas eu besoin d’étudier ces transformations pour arriver à mon raisonnement. En effet, admettre la relativité de la simultanéité revient à dire que chaque observateur a une ligne de simultanéité qui a une orientation particulière (1). Cette orientation est fonction de la vitesse de l’observateur. Plus on s’éloigne du point de croisement de deux lignes de simultanéité, plus il y a « un décalage de simultanéité » entre les deux lignes. Pour un observateur qui accélère, il y a une rotation de sa ligne de simultanéité. Il peut, de ce fait, dans certains cas de figure, remonter le temps, si l’on considère des événements suffisamment éloignés de lui. C’est ce qui ne convient pas à partir du moment où l’on prend en compte l’existence des corps.
En relativité restreinte, l’observateur ne peut remonter le temps que selon sa ligne de simultanéité pour des événements situés très loin de lui. Mais, avec la relativité générale, on va encore plus loin, car il y aurait la possibilité de boucles temporelles semi-fermées : cas d’une boule de billard qui pourrait en théorie frapper son double dans son passé (2). On assiste à un dédoublement de la réalité dont l’origine se trouve être le principe de relativité de la simultanéité au niveau physique. C’est aller un peu vite en besogne que de dire qu’il n’y a pas de paradoxe, car on se trouverait avec deux boules de billard au lieu d’une (3).
Même si ces considérations nous indiquent qu’il faut changer de paradigme, l’ancien formalisme peut garder un domaine de validité. En effet, même si la relativité de la simultanéité est fictive, elle peut se substituer, dans certains cas de figure et de manière approximative, à une différence de vitesse pour la lumière. Par exemple, dans le cadre d’une simultanéité absolue, « si la vitesse de la lumière est localement invariante par rapport à la gare, ce qui n’est pas forcément vrai dans tous les cas de figure, elle ne peut pas l’être par rapport au train en mouvement par rapport à la gare. Dans ce cas, si l’on se met dans le cadre de l’expérience de pensée du train d’Albert Einstein, le retard en ce qui concerne l’émission du rayon lumineux à l’arrière du train, pour l’observateur du train, correspond en fait à une différence de vitesse de la lumière par rapport au train » (4).
La constante « c » (vitesse de la lumière) se trouve également dans la constante de l’équation d’Einstein de la relativité générale (8πG/C4). Qu’en faites-vous alors ? Et que deviennent les calculs pour le GPS avec cette équation ?
Avec la relativité générale, en ce qui concerne le « ralentissement du déroulement du temps », il y a un raisonnement double : l’un qui provient de la relativité restreinte, dont l’origine est la relativité de la simultanéité ; l’autre qui provient de la gravité (5). Je prétends seulement que le premier aspect ne correspond pas à ce qui se passe réellement.
En fait, on ne peut parler de ralentissement du déroulement du temps qu’en admettant qu’il y ait une simultanéité absolue. C’est dans ce cadre seulement que l’on peut comparer deux déroulements du temps différents. Pour la relativité restreinte, il n’y a pas un réel ralentissement du déroulement du temps, mais plutôt, dans le prolongement de la relativité de la simultanéité, deux parcours spatio-temporels différents.
L’horloge d’un satellite n’est pas soumise de la même manière à la gravité qu’une horloge se trouvant sur Terre, c’est pour cela que le rythme des horloges change. Deux horloges « identiques », placées dans conditions spatiales différentes, peuvent très bien tourner simultanément à des rythmes différents. On ne peut pas éliminer arbitrairement cette possibilité (6). De plus, je crois que, pour les satellites, un protocole de synchronisation est inclus dans les échanges, ce qui modifie peut-être un peu la donne.
Une fois que l’on a compris qu’il faut sortir de la conception du temps de la relativité restreinte, on peut se demander sur quel postulat conceptuel une nouvelle approche de l’espace-temps va pouvoir reposer. J’aborde ce sujet dans ma lettre ouverte à Lee Smolin en fin de livre. Cela ouvre un immense champ de recherche interdisciplinaire.
Merci !
Note 1 : Ligne de simultanéité : ce qui est censé être simultané pour un observateur.
Note 2 : À ce sujet, se reporter au livre de Marc Lachièze-Rey, Voyager dans le temps : la physique moderne et la temporalité, Science ouverte, Seuil, octobre 2013.
Note 3 : J’aborde rapidement cette question dans une lettre circulaire qui est citée dans mon précédent livre et dans la version anglaise de mon dernier livre.
Note 4 : Philippe de Bellescize, Paradoxe sur l’invariance de la vitesse de la lumière, Chapitre.com, 2020, page 29.
Note 5 : Plus la gravité est importante, plus « le rythme des horloges ralentit ». Deux horloges identiques placées à deux étages d’un même immeuble ne tournent pas au même rythme.
Note 6 : Avec une simultanéité absolue, le paradoxe des jumeaux doit aussi être abordé d’une manière nouvelle.
Extrait de l'interview - par Alain Pelosato - Science Fiction Magazine numéro 111 »
Je vais aborder la question de l'éther plus tard.
Cordialement
Philippe de Bellescize