Cet argument est encore un bel exemple de la malhonnêteté intellectuelle des créationnistes.
Le mécanisme de protection chimique du Bombardier ( on connaît près de 500 espèces de ce coléoptère), tel que présenté par les créationnistes, est FAUX.
Ces insectes peuvent en mélangeant deux substances dans une chambre spéciale de leur anus provoquer une petite explosion permettant de projeter à distance un jet de vapeur brûlant. Selon l'explication créationniste, l'animal fabriquerait un inhibiteur empêchant en temps normal la réaction des deux substances. Le coléoptère fabriquerait également un contre-inhibiteur pour activer la réaction en question quand le besoin s'en fait sentir. Il paraît évidemment difficile d'imaginer un processus d'évolution graduel permettant de mettre en place simultanément toutes ces substances chimiques différentes.
Or, il n'y a pas d'inhibiteur et de contre-inhibiteur d'impliqués. Les créationnistes basent une partie de leur argumentation sur une mauvaise interprétation d'un article datant de 1961 (Schildknecht and Holoubek), erreur corrigée par d'autres travaux en 1978 et 1981 (Kofahl). L'auteur de 1961 avait postulé la présence d'un inhibiteur empêchant la dégradation des produits à l'intérieur de l'animal. On a démontré plus tard que les produits ne se dégradaient pas tant qu'ils n'étaient pas exposés à l'air libre (voir le site web cité plus bas pour plus de détails).
De plus, contrairement à ce qui est affirmé dans la littérature créationniste, les deux substances qui sont responsables de la réaction chimique, des hydroquinones et du peroxyde d'hydrogène, ne réagissent pas spontanément quand on les mélange. Elles s'accumulent dans une chambre dans laquelle débouchent les glandes qui les sécrètent. Le canal permettant d'excréter ces substances possède un élargissement tapissé de cellules sécrétant deux enzymes, une catalase et une peroxydase (deux enzymes très communes produites par presque toutes les cellules des animaux et des végétaux). C'est au contact de ces enzymes que la réaction se produit.
Il est faux aussi de prétendre que les substances responsables de la réaction ont spécifiquement été produites dans ce but. Les hydroquinones sont des substances très communes chez les coléoptères. Leur goût exécrable en fait une protection efficace contre les prédateurs et le peroxyde d'hydrogène est un déchet normal du métabolisme cellulaire. La présence d'une chambre où s'accumulent des substances répulsives pour les prédateurs est également très commune chez les coléoptères.
Il n'est pas difficile d'imaginer un processus graduel d'évolution permettant de combiner ces substances en une arme chimique comme celle du bombardier.
Pourtant, même si les erreurs à la base de cet argument sont réfutées depuis des années par les biologistes, on le retrouve régulièrement dans la littérature créationniste. Quand je parlais de vulgaire propagande…
Pour plus de détails sur les bombardiers et sur leur évolution possible, voir:
http://www.talkorigins.org/faqs/bombardier.html
Pour plus de détails sur les défenses chimiques des coléoptères:
http://www.colostate.edu/Depts/Entomology/courses/en570/papers_1996/miller.html
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