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Re:Re:Re:violence et démocratie


Re: Re:Re:violence et démocratie -- André C.
Posted by Stephan Langlois , Apr 25,2001,07:50 Index  Forum

André C. "le fait de légitimer la violence comme instrument de prise du pouvoir"

Le plus drôle c'est que dans la majorité des événements que j'ai cité les révolutions étaient accidentelles, en ce sens que la déposition des gouvernements n'étaient souvent pas le but visé.

Quant au mode de gouvernement issu de la violence et qui pratique la violence, je ne sache pas qu'aucun gouvernement au monde ait renoncé sciemment et volontairement à la violence et à un appareil de coercition, sauf peut-être le Costa Rica qui a renoncé à son armée et qui était devenu un petit paradis sur Terre, jusqu'à ce que le commerce de la drogue vienne tout gâcher.

Mais il est vrai, je l'ai reconnu d'ailleurs, que l'arrêt de la violence est beaucoup plus difficile que son déclenchement, et c'est à ce niveau, c'est mon hypothèse, que l'éducation d'une société a son rôle à jouer.

Le personnage de Salvor Hardin dans _Fondation_ d'Isaac Asimov disait souvent : "La violence est le dernier refuge de l'incompétence" et je ne suis pas loin d'avoir le même avis. Mais mon opinion personnelle sur la violence n'a en l'espèce aucune importance.

De même, que je répugne à la violence n'a non plus aucune importance. Ce qui ne m'empêche pas de constater que les progrès sociaux importants ont presque toujours été réalisés par des actes de violence. Citons par exemple la liberté d'association syndicale, où les états n'ont jamais bougé qu'après des affrontements très violents entre grévistes et forces armées (police publique, police privée, militaires). Ou encore que des réformes agraires dans beaucoup de pays n'ont presque jamais été entreprises de manière satisfaisante sans des révoltes paysannes.

Parlons du Chiapas où les garanties constitutionnelles faites au indiens descendants des aztèques ont été retirées pour s'ajuster au commerce international (tiens, on commence à se rapprocher de la ZLÉA...), parlons aussi de la crise d'Oka où les Mowhaks ont obtenu en quelques semaines de violence et de coercition ce que des années de demandes n'ont pas obtenues. Les exemples sont nombreux.

Il est certes possible d'obtenir des progrès sociaux par la voie pacifique mais reconnaissons la difficulté fondamentale: c'est toujours un plus faible fonctionnellement parlant qui réclame d'un plus fort. tant que le plus fort reste le plus fort, il est peu enclin à céder une partie de ses avoirs ou de ses prérogatives au nom de la Justice Naturelle ou de l'équilibre économique.

C'est là où la violence et la coercition interviennent, lorsque les progrès accomplis sont insuffisants et qu'on veut pousser plus loin. Il faut alors briser les digues du pouvoir établi afin de le contraindre à accepter un changement.

André C. "Dans le cas de l'intégration raciale aux États-Unis, ont ne peut nier qu'il y a eu évolution sociale, ne serait-ce que parce qu'on a éliminé toutes les lois discriminatoires. "

Oui, comme après la guerre de Sécession où l'esclavage avait été aboli: désormais les anciens propriétaires d'esclaves devenus employeurs n'étaient plus tenus de respecter les droits des esclaves (car ils en avaient, comme héberger les esclaves trop vieux, les soigner lorsqu'ils sont malades, etc.). Désormais, c'étaient des gens libres, libres de travailler dans des conditions inférieures puisqu'ils n'étaient plus protégés.

Il s'est écoulé justement une génération aux États-Unis depuis MLK. Qu'en est-il maintenant? Certes, on banni la ségrégation dans les lois mais pas dans la société, les mentalités et la structure économique. Compter sur le temps de deux ou trois générations, c'est faire de la prospective et donner dans l'optimisme.

Et je vous signale par ailleurs que MLK avec son action non-violente n'était pas seul: d'autres mouvements sociaux agissaient avec violence, de sorte qu'on ne peut pas affirmer que le mouvement non-violent a vraiment été décisif. Et comme généralement les progrès sociaux sont survenus par des actes de violence sociale...

Enfin, cet aspect est question de spéculation. Mais une observation scrupuleuse de l'histoire des progrès sociaux associe le plus souvent un progrès social faisant suite à de la violence sociale.



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