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Re:Rep. à steph sur les pensées minimalistes et... bonnes vacances!


Re: Rep. à steph sur les pensées minimalistes et... bonnes vacances! -- Gene
Posted by Gaël , Jun 30,2001,04:09 Index  Forum

Gene. "Qu’on analyse ou qu’on analyse pas, le résultat est toujours le même. C’est quand que vous éprouvez une émotion ? Après l’analyse ? Ce sera donc au moment de la compréhension de l’œuvre que le déclenchement émotif se fera. Une autre personne connaissant mieux le sujet comprendra plus vite et éprouvera une émotion plus rapidement. Si vous avez besoin de ce côté intellectuel pour éprouver vos émotions, pourquoi pas. Ça démontre seulement un manque de sensibilité et il « vous en faut » plus que la normale pour vous toucher. Je pense que ce doit être le cas de la plus part des intellectuels."


Que l'émotion face à l'art soit quelque chose d'immédiat ne confirme en rien votre théorie. L'émotion ne sera immédiate que pour ceux qui partagent vos gouts. Vous aimez les Beatles (moi aussi), vous considérez que leur musique est très chargée d'émotions, d'accord, mais pourquoi êtes vous incapable s'accepter que cela puisse être une simple affaire de gout ?

La technique n'est pas tout, on peut très bien faire une musique qui plaira à de nombreuses personnes, avec une technique inexistante, et pas besoin d'aller imaginer des histoires de spiritualité ou de dons : on peut se contenter de dire "chacun ses gouts".
Regardez les Sex Pistols. Technique nulle, contenu emotionnel nul. Et pourtant ça marche. Alors, sans doute, pour vous, aimer les Sex Pistols, vu la violence de leur musique, c'est la preuve d'une spiritualité déficiente et d'un manque de sensibilité, mais ce n'est que votre interprétation, dans votre système de pensée fermé : absolument rien, nada, ne viendrait confirmer cette interprétation en quoi que ce soit. Elle serait aussi gratuite et inutile que tout ce que vous avez écrit sur ce sujet depuis le début.

La technique n'est pas forcément là pour créer l'émotion. Elle n'est pas là non plus pour être appréciée pour elle-même. Elle n'est là que pour servir, en quelque sorte, de cadre référentiel, notre sensibilité à telle ou telle cadre dépendant aussi bien de notre éducation que de nos efforts d'écoute ou de compréhension (la spiritualité est ici une explication inutile). Et même l'absence de technique, comme avec les Sex Pistols, peut créer un nouveau cadre - on dira : un nouveau style. qui ne sera plus codifié par la technique, mais par une attitude, vestimentaire, comportementale, politique, etc...

Avez-vous déjà entendu un opéra chinois ? La réaction normale de la plupart des occidentaux non-sourd devrait être de s'enfuir en courant. Pourtant pour beaucoup de chinois cette musique est chargée d'émotion. Les règles de fabrication de cette musique nous sont inconnues, elle parait dissonnante, donc nous sommes en général peu réceptifs. Mais ce qui est dissonnant pour nous est chargé de sens pour eux. La technique n'est là que pour rendre la musique conforme à ce qui est attendu d'elle, par rapport au cadre très strict et reglementé de l'opéra chinois. On pourrait dire la même chose du Kabuki, ou de la musique classique occidentale. Les émotions que nous ressentons ne renvoient qu'à l'habitude que nous avons de ressentir tel type d'émotion par rapport à tel type d'accord ou de mélodie. Les émotions sont spontanées, mais tributaires de la technique, et de la réceptivité de l'auditeur, dépendant de sa connaissance du cadre référentiel constitué par le type de musique écouté. Nous sommes aussi peu réceptif à l'opéra chinois que les inuits le sont à Bach, parce que pour nous comme pour eux, cette musique ne se réfère à rien.

Développement des communications aidant, depuis quelques décennies est née une musique plus internationale, dont les Beatles furent d'illustres représentants. Cette musique comme les autres ne fait qu'obéir à des règles, plus simples, plus "vulgaires" disons, facilement accessibles à tous. Avant de m'intéresser à la pop, je trouvais que c'était de la soupe insipide, que tous les groupes faisaient la même chose, que tous les morceaux se ressemblaient. Puis j'ai fait un effort pour mieux comprendre, plus écouter, essayer de faire la différence. Maintenant j'adore la pop, et les Beatles. Et je ne comprend pas comment j'ai pu penser que tous les groupes faisaient la même chose. Est-ce que cela fait subitement de moi quelqu'un de plus évolué spirituellement ? Ou seulement quelqu'un qui a fait l'effort d'acquérir un compréhension plus étendue du cadre référentiel "pop music", qui n'est ni meilleur ni pire qu'un autre ? Pour moi la réponse ne fait aucun doute. Mettre de la spiritualité la dedans serait absurde.

G.


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