Plus tard, d'autres biologistes dont Rostand, vont réussir à induire un développement parthénogénique complet chez la grenouille en stimulant les oeufs avec des spermatozoïdes de crapaud ou des spermatozoïdes irradiés dont le noyau a été détruit. Si on refroidit l'ovule ainsi "fécondé", il n'effectue pas sa deuxième division méiotique et demeure donc à 2n chromosomes (où chaque chromosome est une copie de son homologue). Cet oeuf à 2n peut ensuite se développer jusqu'au stade larvaire dans certains cas.
Un individu obtenu par parthénogenèse ne serait pas génétiquement identique à sa mère. Si la mère est à 2n chromosomes (diploïde), les individus formés à partir de ses oeufs seront différents. Ces individus n'ont hérité que d'un seul exemplaire de chacune des paire de chromosomes qu'avait leur mère. Si la mère, par exemple, possède un trait héréditaire déterminé par la paire d'allèles Aa (je suppose que l'allèle A domine l'allèle a), la moitié de ses oeufs contiendront le chromosome portant A et l'autre moitié, le chromosome portant a. Un individu formé à partir de l'oeuf "a" serait donc génétiquement et physiquement différent de sa mère (Aa). S'il est haploïde, il n'aura que l'allèle "a" et s'il est diploïde suite à une méiose incomplète, il sera "aa". D'ailleurs, chez les abeilles, la parthénogenèse ne donne pas d'autres reines (femelles diploïdes), mais plutôt des mâles haploïdes (et donc génétiquement différent de leur mère). Mais on pourrait quand même facilement démontrer qu'il y a eu parthénogenèse en comparant l'ADN de la mère à celui de son rejeton parthénogénique (il n'y aurait pas d'ADN étranger chez le rejeton).
Pour la Science a publié récemment un numéro spécial consacré cet homme extraordinaire qu'était Rostand (Rostand, un biologiste engagé, collection "Les génies de la science", Mai 2001).
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