Les différences religieuses n'alimentent pas les conflits sociaux. Les sociétés où cohabitent plusieurs groupes religieux ne sont pas plus sujettes à des conflits que celles où il y en a peu. L'être humain est raciste par nature. N'importe quelle différence (couleur de la peau, langue, tenu vestimentaire, habitude, religion) alimente sa méfiance et offre un écran à la projection. Si quelque chose de mauvais arrive, ce sont les "autres" qui sont responsables. Ces "autres" peuvent être les gens de l'autre groupe religieux, mais ça peut aussi être les gens de l'autre couleur ou de l'autre langue.
"Mais cette autorité suprême qui semble apaisante et contrôlante pour une société, n'en constitue pas moins une forme d'infantilisation de l'humain. Et c'est fondamentalement cette infantilisation que je déplore, tout comme je la déplorerais chez des individus de 40 ans, par exemple, qui demeureraient toujours chez leurs parents en se soumettant à leur autorité. J'y verrais un manque de maturité, un manque de confiance en leurs propres capacités, à la limite un manque de courage."
Je partage ton analyse. La "dépendance" religieuse est presque toujours l'expression d'un manque de maturité psychologique. Cependant il faut tenir compte de trois choses.
Premièrement, il ne faut pas tomber dans le piège de l'inversion cause-effet. La religion n'est pas la cause de l'immaturité. Elle en est l'effet. Comme une béquille n'est pas la cause d'une jambe cassée. Dans le même esprit, en enlevant les béquilles, ont ne répare pas la jambe. En enlevant les béquilles ont fait tomber l'estropier par terre.
Deuxièmement, la plupart des gens n'atteindront jamais la maturité psychologique qui leur permet de régulariser leur conduite en fonction de leur seule éthique personnelle. La maturité du moi et du Surmoi c'est comme un soufflé au fromage. C'est très difficile à réaliser. Il faut un ensemble de conditions qui sont rarement réunis. Il faut, au minimum, une société très organisée et très codifiée conjointement lié à un environnement familial gratifiant et bien intégré à la société environnante. C'est pourquoi si peu de personnes atteignent cette maturité. Aussi, comme l'aide sociale, il faut être empathique avec ceux qui en ont besoin. Tu n'en as peut-être pas besoin personnellement de subsides d'aide social. Peut-être même pense-tu que ces subsides sont susceptibles d'entretenir une certaine dépendance chez ceux qui en bénéficient. Pourtant, qui (à part des crétins de droite) revendiquerait l'abolition de l'aide social?
Troisièmement, même ceux qui ont atteint la maturité morale ont du faire un cheminement personnel. Et ce cheminement est fort semblable à celui effectué par la civilisation qui permet cette maturité morale. La religion représente peut-être pour toi un état antérieur, une forme archaïque du développement social et moral. Mais cet état est aussi indispensable au développement de l'éthique laïque que le cadre familial est indispensable au développement du sens moral de l'enfant en développement.
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