Tu as certainement raison de dire : "Si l'on parle des catégories parfaitement arbitraires et essentiellement imaginaires (esthétique, morale, religion, métaphysique), on sort en effet du domaine scientifique."
Tu sais que moi, je vois du dégradé presque partout. Aux frontières de la science, par exemple. Peut-il y avoir des VÉRITÉS esthétiques, morales, religieuses ou métaphysiques?
La morale, par exemple. Si l'on définit la morale comme étant la "science" du comportement optimal, il suffit de préciser ce qu'on souhaite optimiser pour qu'on ait déjà un embryon de théorie scientifique. Que veut-on optimiser? Son propre bonheur et celui des autres, je suppose. Et qui sont ces autres? On peut régler le paramètre de "low" (la famille) à "high" (tout le vivant). Il y a de l'écologie sous roche. Il y a du géopolitique et du géophysique aussi, et beaucoup de science.
C'est la même chose pour l'esthétique. Au sens large, évidemment, pas seulement l'ouïe et la vue. Le goût aussi. Est-il vrai que le chocolat a meilleur goût que la crotte? Est-ce scientifique? Question de goût, bien sûr. Je respecte les insectes coprophages autant qu'ils me respectent. Mais, pour les humains, je pense que la phrase "le chocolat a meilleur goût que la crotte" (prise dans son sens courant) frise, via le gros bon sens, le statut de "vérité scientifique".
Pour l'ouïe et la vue, je pense que c'est la même chose. J'aime mieux entendre un prélude de Bach qu'un bruit blanc. J'aime mieux voir du beau que du laid. Pour les extrêmes, no problemo. C'est pour le "fine tuning" que ça se complique. ;-) Mais, à échelle "moyenne", n'y a-t-il pas un peu de science ou de vérité dans l'affaire?
Tiens, je pense que je vais essayer de partir une secte. On va s'appeler les dégradistes. ;-)
Mille bons voeux,
Denis
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