Ta lettre est pas mal longue. J'aurai du mal à te faire une réponse courte. Je sais que tu donnes présentement une simultanée avec cinq ou six autres fiers détordeurs d'idées. Je te félicite pour ta fécondité dans la rédaction.
Je sais ce que c'est que donner une simultanée. J'y ai déjà goûté et ça a failli me tuer. Je te ferai donc une réponse courte, pour jouer vite et ne pas accaparer ton temps. Let's go.
ÉRIC : "Vous dites que je ne semble pas reconnaître que votre pensée, la pensée sceptique, est lié au bon fonctionnement du cerveau. D'abord, votre cerveau fonctionne-t-il à pleine capacité ? Qu'est-ce qui me prouve que la pensée sceptique ne serait qu'un maillon parmi toutes la chaîne cellulaire du cerveau lui permettant de bien fonctionner ? Je reconnais une part de scepticisme dans le cerveau. Mais celle-ci n'est qu'une pensée parmi tant d'autre, au même titre que la mienne, puisque que la pensée spirituelle existe aussi dans le cerveau."
DENIS : Je ne parlais pas de la pensée sceptique (et encore moins de MA pensée). C'est toi qui ajoutes "sceptique". Je parlais de la pensée ordinaire, celle que le cerveau fabrique, chez l'homme et les autres animaux. Tu permets le tutoiement, j'espère. Si ça t'embêtes, t'as qu'à le dire. Bien sûr, te gênes pas pour la symétrique.
Dans le paragraphe de toi que je viens de citer, le mot "sceptique-scepticisme" apparaît 3 fois. Je pense qu'il faudrait le remplacer chaque fois par le mot "rationnel-rationalisme". Aussi, je pense que, à la fin du paragraphe, il faudrait remplacer l'expression "pensée spirituelle" par "pensée ésotérique".
Ainsi interprété (ou altéré, ou rectifié, je ne sais pas - je ne suis pas un exégète), ton texte dit qu'entre les deux modes de pensée (rationnelle vs ésotérique) le contraste est du type "science vs arts" ou "vrai vs beau".
Ton opposition était présentée sous la forme "scepticisme vs spiritualisme". C'est moi qui ai switché pour "rationalisme vs ésotérisme". Le texte de Fortin est de l'ésotérisme de forcené. Bourré de crotte, comme j'ai déjà résumé.
Dans le fond, ce que j'aimerais te faire admettre, c'est ton spiritualisme ésotériste ne joue pas dans l'axe vrai-faux. Il joue plutôt dans l'axe beau-laid. C'est plus un art qu'une science. Sauf la numérologie, bien sûr. Une idiotie pareille ne peut pas décemment être appelée un art.
Admets-tu que l'ésotérisme est plus un art qu'une science? Que son objet n'est pas le vrai, mais le beau? Et que le beau est question de goût? Et que le chocolat de l'un puisse être le caca de l'autre? Et que personne ne devrait en faire un drame?
Flûte. Je suis décidément pas parti pour une réponse courte. Je vais essayer de me forcer.
ÉRIC : "Oui, pas de cerveau, pas de conscience humaine. Mais la Conscience primordial continue d'exister. Le monde serait-il un cervau géant ?"
DENIS : Pourquoi avoir ajouté "humaine" après "conscience"? Le monde, un cerveau géant? Pourquoi pas un estomac ou un poumon? Tu parles au figuré, je suppose. Peux-tu exprimer la même idée sans parler au figuré? ;-)
ÉRIC : Donc, le monde est intelligent, vous ne trouvez pas ? Et quel est la condition pour que l'intelligence fonctionne de façon cohérente et harmonieuse ? Il faut la conscience pour orienter le tout."
DENIS : L'univers serait conscient? Plus ou moins comme nous le sommes? Et il serait à peu près sa propre cause? Mmmmh. A-t-il aussi des sentiments? Des souvenirs? Une volonté? Un but dans la vie?
Jusqu'où vas-tu pousser l'anthropomorphisme?
ÉRIC : "Je dis que la substance qui tient tout les atomes l'un avec l'autre, qui vivifie la matière est l'Esprit. Ainsi, la Conscience agit par l'Esprit."
DENIS : C'est une façon de régler la question. On plogue une métaphore anthropomorphique et on pense qu'on a expliqué quelque chose. Si ça te suffit, grand bien t'en fasse.
ÉRIC : "En ce qui concerne votre question, qu'est-ce qui m'empêche de créé dans ma tête un chiffre lourd et coloré ? Ma conscience peut tout faire, la pensée peut créé n'importe quoi. Un chiffre avec un poids et une couleur, pourquoi pas ? L'imagination est tellement folle..."
DENIS : Tu es pas mal loin de l'axe vrai-faux de la science. Loin aussi de l'axe beau-laid de l'art. Où es-tu rendu?
Tiens. Crées, par l'esprit, un 5 rouge de 20 grammes, puis un dragon rose à pois jaunes, puis dis-moi lequel des deux a les meilleures vibrations.
ÉRIC : "La cause de la conscience ? Dieu a voulu connaître Dieu. La conscience a voulu être consciente d'elle-même."
DENIS : Pourquoi utiliser le passé composé? Il implique un "avant d'avoir voulu" un peu achalant. Pourquoi ne pas mettre ça au présent ou au subjonctif conditionnel? Aussi, pourquoi utiliser le verbe "vouloir"? Ton Dieu est beaucoup trop humain-animal pour avoir la moindre chance d'exister.
Reflûte. Je traîne. Ça t'apprendra à me faire de longues lettres. ;-)
ÉRIC : "J'ai dit qu'un animal n'a pas conscience de sa propre conscience. Son cerveau est certes trop petit pour effectuer une telle gymnastique de l'esprit."
DENIS : Détail. Et très mauvais critère discriminant. C'est comme si tu disais que les gymnastes qui sont capables de soulever leur propre poids sont qualitativement différents de ceux qui n'y arrivent pas.
ÉRIC : "Je sais que la conscience d'un animaul ne fonctionne pas, mais pas du tout comme la conscience d'un humain."
DENIS : Tu SAIS ça? Attention à la peau de banane du verbe "savoir". Je suppose que tu as une preuve. Ils n'ont pas de mémoire? Pas d'émotions? Pas de langage? Pas de personnalité? Faudrait que tu m'expliques ta preuve.
ÉRIC : "Je pense qu'il y a des millions d'années, un papa-singe fut doté d'une conscience plus grande, une conscience lui permettant d'être conscient d'exister lui-même. Et je pense que c'est en raison de cette conscience qu'il a évolué, qu'il s'est redressé."
DENIS : Qu'entends-tu par "fut doté"? Par magie, "pouf", comme ça? Mmmmh. On n'a pas du tout besoin de cette hypothèse grotesque.
ÉRIC : "Un animal peut-il apprendre à se connaître lui-même ? Il peut réagir à des facteurs extérieurs à lui-même, développer des réflexes par exemples, mais peut-il expérimenter son univers intérieur ? Ironiquement, un chien peut-il croire en Dieu ?"
DENIS : Un chien croire en Dieu? Pourquoi pas? J'ai toujours considéré la pensée magique comme étant un intermédiaire entre la pensée animale et la pensée rationnelle arrimée à la science.
ÉRIC : Maintenant enlèves tous les oiseaux du ciel... les vers de terres vont bouffer les graines des fleures, donc il n'y aura plus de fleur, bref, je veux simplement dire que le monde irait mal sans la végétation et les animaux. Mais je pense qu'il s'en tirerait bien sans la présence d'humains. Vous en pensez quoi ?
DENIS : Si certaines espèces disparaissent (par exemple, les dinosaures), l'équilibre se refait ailleurs, nécessairement. La nature est robuste, de ce côté là. Mais évidemment, si tous les animaux et les végétaux disparaissent, comme tu dis, ça ira mal. Si les hommes disparaissaient? Reste à voir de quelle façon. Il y a plusieurs cas de figure et je n'ai pas encore renoncé à te faire une lettre courte, pour alléger ta simultanée.
DENIS d'avant : "Ah! Encore cette vieille ânerie des "codes bibliques". Ne savez-vous pas qu'on trouve la même chose à partir de n'importe quel gros texte de référence?"
ÉRIC : "Je m'en fous, le code existe quand même. Tu peux dire que c'est une ânerie, du bluff, ça existe quand même, c'est démontrable et c'est cohérent."
DENIS : Tu t'en fous qu'on obtienne exactement le même effet en partant d'un livre de cuisine plutôt que de la Bible? Tu t'en fous vraiment? Quel sens donnes-tu aux messages qu'à force de chercher on finit par trouver en lisant un livre de cuisine à tous les 837 caractères? Exactement le même effet que pour la bible. Ça ne fait sonner aucune petite clochette dans ta jugeotte?
ÉRIC : "Je ne dirais pas non à une petite discussion sur l'authenticité des paroles bibliques."
DENIS : Moi non plus. Pourvu qu'on parvienne à se modérer dans les mégabytes. ;-)
Cordialités,
Denis
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