Le raciste n'est pas forcément paranoïaque, ni révisionniste par dessein, il est en général atteint de défauts bien plus communs et mesquins. En plus, il ne catégorise jamais ses victimes de façon uniforme: "il faut bien admettre, ma bonne dame, que les xxx sont des yyy, y a qu'à voir ce qui se passe chez eux, mais il y en a quand même des bons, comme la dame qui arrose mes fleurs quand je suis en vacances, le gardien de but de mon équipe de foot qui a arrêté le pénalty décisif, et surtout vous dont je vois bien que vous êtes une personne de qualité (et en plus, vous êtes en face de moi et bien de taille à me f... une baffe)".
De même, le raciste ne se considère pas comme une mauvaise personne, ni son attitude comme négative: au contraire, il est persuadé d'agir pour une bonne cause, d'être dans son droit, de défendre des valeurs prépondérantes. Il ne réalise pas nécessairement Il ne veut pas être perçu comme un salaud, d'où cette impossibilité à admettre l'idée de l'anéantissement violent de l'objet de sa détestation, ou à accepter l'idée que des gens partageant cette dernière se soient rendus coupables d'actes aussi vils que de s'en prendre à des innocents. Il préfèrerait que ses "victimes" disparaissent de sa vue, pouf!, comme ça, sans effusion de sang. Il lui faut donc impérativement réécrire l'histoire (ou l'historiette). Cette caractéristique le met encore plus en porte-à-faux et le force à davantage de contradiction interne. C'est ce que j'appelle une attitude schizophrène, qui force à agir, ou s'exprimer, sur les deux modes contradictoires que sont la négation d'une chose et le souhait de son avènement, ce qui n'implique pas nécessairement une pathologie aussi claire chez son auteur.
Le révisionniste, lui, est en général un idéologue qui manipule le raciste et il fonctionne délibérément sur ce mode schizophrène, jouant alternativement de la fascination pour les solutions simplistes et définitives dont rèvent les racistes et de la culpabilité que cela induit.
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