«« En ce qui concerne le fonctionnement des institutions, la principale source de financement public provient de l'allocation quotidienne octroyée en fonction du taux d'occupation des lits : le « per diem », qu'il s'agisse de crèches, orphelinats, écoles de réforme ou asiles.
Ce « per diem » variait parfois d'un établissement à un autre et était divisé en catégories. Selon que l'enfant était classé orphelin, malade, délinquant, « déficient mental » ou « aliéné mental », le « per diem » variait. L'allocation la plus basse était accordée pour les orphelins, venait ensuite celle pour les enfants malades, puis celle pour les déficients mentaux et, enfin, celle pour les aliénés mentaux. Ainsi, les congrégations pouvaient recevoir une allocation allant presque du simple au double et parfois plus, selon la classification de l'enfant et selon l'établissement où il était placé.
L'allocation quotidienne était nettement insuffisante pour couvrir les frais de fonctionnement[13]. Cette pénurie de ressources, conjuguée à une structure tarifaire qui désavantageait les enfants totalement abandonnés »»
À PROPOS DE L'EMPLEUR DU PROBLÈME:
««Des considérations administratives et financières ont conduit, semble-t-il, à une situation de surpopulation aiguë et chronique dans les institutions. Dès 1929, ce problème préoccupe les gestionnaires des centres[21]. À titre d'exemple, selon les statistiques du ministère de la Santé, en 1945, les crèches ont accueilli 7 730 enfants alors que leur capacité totale était de 3 723 lits[22]. Puisqu'il n'y avait pas de place dans les orphelinats, des milliers d'enfants naturels de 6 à 12 ans étaient placés dans des crèches dont les programmes étaient conçus pour des enfants de 0 à 6 ans[23]. »»
À PROPOS DES DIAGNOSTICS:
««le classement d'un enfant dans une catégorie plutôt que dans une autre pouvait varier en fonction de ces aléas budgétaires.»»
À PROPOS DE L'ATTITUDE DES SOEURS
««Réalisant de plus en plus les effets désastreux des institutions pour orphelins sur leur développement, la Communauté des Soeurs de la Charité de la Providence avait fait preuve d'innovation en créant, en 1950, une nouvelle institution dans le but spécifique d'« y remédier » et de rescaper « les enfants éducables ». Cette communauté commençait à accueillir et à héberger ces enfants, référés par les autres établissements du réseau, avec l'espoir de combler les retards de développement créés par l'institutionnalisation.
Elle avait obtenu à cette fin des subventions des gouvernements fédéral et provincial pour la construction de la future école, l'Institut médico-pédagogique, qui devait aussi se consacrer à la formation professionnelle de cadres ouverts à cette nouvelle approche et dont le besoin se faisait grandement sentir.
Mais, comme les coûts de construction dépassèrent de beaucoup les prévisions budgétaires, le financement dut être négocié.
Entre temps, le gouvernement fédéral se retira du domaine de l'éducation, tout en conservant celui de la santé. Il considéra le Mont-Providence comme une institution d'éducation et, par conséquent, non admissible aux subventions. Le gouvernement du Québec, pour sa part, était d'opinion que la vocation médico-pédagogique (rééducation et réadaptation) de l'institution lui permettait encore d'être rattachée au domaine de la santé. Le Mont-Providence était d'ailleurs affilié à l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu. Le gouvernement fédéral maintint sa position. Le gouvernement du Québec conseilla alors à la communauté religieuse de modifier la vocation de l'établissement afin de bénéficier de subventions fédérales. Une entente de trois millions de dollars fut signée, TRANSFORMANT L'ÉCOLE EN HÔPITAL PSYCHIATRIQUE du jour au lendemain[54], sacrifiant ainsi le but premier de l'institution et les projets des intervenants pour améliorer le sort des enfants[55].
Suite à un changement de vocation, environ 370 enfants se retrouvent internés dans un hôpital psychiatrique.»»
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