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Re:à Bill et Jean-François


Re: Besoins et religion -- Bill
Postée par rené decroix , Apr 29,2000,16:43 Index  Forum

Piaget étant requis au début, si ma mémoire ne me trompe pas (ça remonte à 20 ans), il y a une objection ultérieure à Jean François qui ne colle pas : je crois me souvenir que Piaget avait reconnu qu'un nouveau savoir "écrase" l'ancien.
Par ailleurs la pensée opératoire, par définiton, concerne l'opérationnel: par exemple, c'est une donnée sociologique actuelle: le fondamentalisme recrute beaucoup parmi les techniciens et ingénieurs:le formalisme opératoire, comme son nom l'indique, peut opérer sur n'importe quoi : dans le fond c'est très vieux, on appelait ça autrefois le concordisme ( on repousse aujourd'hui le mot là même où on s'y adonne à tours de bras).

L'objection opposée à Jean François sur la paresse ne me semble pas correspondre à ce qu'il voulait dire : on peut être un esclave très actif parce que paresseux mentalement, et même d'autant plus actif que paresseux mentalement; je n'ai pas dit intellectuellement, car l'esclave n'est pas forcément utilisé à poussser une brouette, il peut être comptable, ou travailler sur ordinateur, ou diriger une production industrielle, ou gérer un bulletin, etc.L'activité intense, fébrile, peut être une fuite comme une autre. Et une technique usuelle dans les processus de conditionnement est la privation de sommeil ...s'abrutir est aussi une forme possible de paresse : on repousse le sommeil temporaire et régulier pour une torpeur permanente.

Mais pour revenir à Piaget, je me demande si Jean François ne se rapprochait pas davantage de la pensée pré-logique selon Lévy-Bruhl ( qui nuancera plus tard). Car la pensée mythique est bel et bien opératoire, essentiellement opératoire,elle n'est même que ça (alors que le formalisme mathématique "finit" toujours par être opératoire mais peut naître sans cette intention, ici c'est un épiphénomène, là-bas c'est l'essence): elle construit des modèles, sans bien sûr les appeler des modèles.

Dernière suggestion : c'est bien sûr un réflexe naturel et une habitude bien ancrée de parler des religions primitives, archaïques, ou simplement traditionnelles, mais le problème c'est que nous avons dans la tête notre notion actuelle de religion, cette notion désigne une religion qui se définit par rapport à ce qui n'est pas religion, cette distinction existait-elle avant que le mot religion n'existe? Comment parler de croyances du point de vue du sujet concerné tant qu'il n'y a pas distinction entre un croire et un savoir? Si bien que considérer tout naturellement qu'autrefois tout était religieux pourrait bien n'être tout simplememnt qu'une absurdité, mais c'est une autre question ...qui concerne néanmoins le lieu commun de phénomène transculturel que tu évoques et que je m'exerce depuis quelque temps à mettre en doute (on est "sceptique" ou pas n'est-ce pas ...). Ce qui est transculturel, c'est d'abord tout bêtement le fait de l'existence d'une culture dès qu'il y a société humaine (et peut-être en deçà...personnellement je le crois)...c'est bien aussi la nécessité d'une mise en ordre du monde, le besoin d'expliquer, comme dit Jean-François.On ajoutera probablement avec notre notion moderne de religion: le besoin d'espérer, mais en faire un universel est peut-être encore une erreur : quel espoir par exemple dans la religion mésopotamienne antique ?


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