Premièrement:
«Il faut distinguer le libre arbitre de l'apparence de choix»
Évident. Il peut y avoir apparence de libre arbitre sans qu'il y ait libre arbitre. Votre problème est donc de faire la différence entre les deux. Votre solution:
«La différence fondamentale en est une de développement du cerveau, bien entendu.»
Là, non; la logique toute propre du début est maintenant salie par de l'empirique. Il faut maintenant faire la preuve que le développement du cerveau créée le libre arbitre et non pas simplement l'impression de libre arbitre, ou la complexification de l'apparence de libre arbitre. Et c'est pas demain la veille. On ne peut pas tout simplement confondre «liberté» avec «développement du cerveau».
Un des problèmes, comme toujours, est la définition de libre abritre. Est-ce:
A, subjectif:
1) l'impression d'avoir des choix
2) l'impression d'être limité, frustré dans sa liberté (ce qui laisse sous-entendre que l'observateur est capable de concevoir une liberté entière)
3) l'impression d'avoir bien choisi ou d'être particulièrement intelligent
4) l'impression de s'être soustrait à une influence jugée indue (tradition, autorité, etc.)
5) l'impression d'être créatif
6) l'impression de ne jamais se tromper
7) combinaisons variées des 6 premiers
Ceci ne satisfait pas une conception «dure» du libre arbitre, évidemment. Avoir l'impression d'une chose n'est pas cette chose. Donc, seconde catégorie:
B, objectif:
1) la capacité de 1.1) se rendre compte de toutes les possibilités ET 1.2) de choisir par un processus universellement rationnel
2) 1.1 seulement
3) 1.2 seulement
4) la capacité de faire abstraction de la culture dans le processus de décision et d'action
La difficulté sera de faire la différence entre la catégorie A et la catégorie B en faisant appel à la structure du cerveau. À ce que je sache, c'est impossible. En fait, je dirais que la catégorie B est impossible en soi, donc il faut conclure que le libre arbitre est une construction culturelle.
Ai-je «choisi» de répondre à votre message? Ai-je utilisé mon libre arbitre pour nier sa propre existence?
Ce paradoxe apparent ne démontre rien, il est de l'ordre du jeu de mots et suppose une acceptation «dure» du libre-arbitre, qui n'est pas obligatoire. Nier l'existence du libre arbitre ne signifie pas qu'on nie faire des choix, voire la capacité d'agir. Il s'agit simplement de comprendre que ces choix sont fortement influencés par des facteurs extérieurs.
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