Pour moi, au contraire de Franc. Tremblay, le libre arbitre est autre chose que la possibilité de faire des choix. Si ce n'était que ça, alors ta chatte aurait le libre arbitre. Pareillement pour les microbes.
Voici comment je vois la chose.
À mon avis, une personne manifeste son libre arbitre si, par exemple, elle choisit délibérément d'agir à l'encontre de ses propres intérêts égoïstes, ou si, sachant que ce qu'elle s'apprête à faire est mal à ses propres yeux, elle décide de le faire quand même. J'ai du mal à séparer le libre arbitre de la notion de morale, du bien et du mal. C'est aussi pourquoi je n'arrive pas à séparer la notion de libre arbitre de la notion de responsabilité : on est responsable de ses actes si et seulement on est doué du libre arbitre, me semble-t-il.
C'est pourquoi j'ai du mal à trouver du libre arbitre chez les animaux. En effet, je n'arrive pas à les tenir responsable d'aucun de leurs comportements, même ceux qui me paraissent les plus cruels.
Qu'en est-il maintenant de la genèse ou l'origine du libre arbitre, ou plutôt du sentiment -- peut-être illusoire -- que nous avons de notre libre arbitre ?
Notre libre arbitre -- à supposer qu'il existe --a pu apparaître soudainement comme un phénomène d'émergence. Il est possible qu'à partir d'un certain degré de complexification du cerveau, ou d'une des régions du cerveau, nous ayons acquis la conscience ou l'illusion de notre libre arbitre, ce qui reviendrait pour moi à dire que nous avons pris conscience de la notion de bien et de mal. Voilà qui nous ramène peut-être à l'arbre biblique de la connaissance du bien et du mal.
* * *
Denis :
[...] je considère que le seuil est arbitraire et que le premier vivant ne vivait pas beaucoup plus fort que ses "molécules parentales".
Évariste :
Mais si le premier vivant est celui qui, par un phénomène d'émergence encore, ou autrement, a eu le premier la faculté de se reproduire, même par reproduction asexuée, alors il était franchement différent de ses parents-roches ;-)
Je crois moi aussi beaucoup à la gradation discontinue dans beaucoup de domaines. Mais pas en tout. Tiens! Prenons un exemple dans l'apprentissage. J'ai la conviction que nous apprenons bien des choses par saut et non pas de façon graduelle. Quand je montre à un enfant la marche du cavalier aux échecs, soit il ne comprend pas, soit il comprend. Je n'ai pas encore vu un enfant comprendre 26,34% de la marche du cavalier pour passer par degrés à 26,35% etc. jusqu'à 100%. Y'a deux zoubedons. Zoubedon il ne comprend pas, zoubedon il comprend. Et quand un enfant qui ne comprenait pas telle notion jusqu'alors se met SOUDAINEMENT à comprendre, je vois ses yeux scintillants briller de mille feux comme autant d'étoiles. C'est pour moi un moment merveilleux.
¡Hasta mañaña! ???
Évariste
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